À l’ère des réseaux sociaux, la frontière entre communication politique, culture pop et appropriation artistique n’a jamais été aussi fine. TikTok, devenu un outil incontournable pour séduire les jeunes générations, est aujourd’hui au cœur d’une nouvelle polémique impliquant Jordan Bardella, président du Rassemblement national, et une chanteuse francophone parmi les plus écoutées du moment.

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En utilisant un tube viral comme bande-son d’une vidéo personnelle, l’homme politique pensait sans doute surfer sur une tendance populaire. Mais l’artiste concernée n’a pas tardé à réagir, publiant un message très clair sur ses réseaux sociaux pour dénoncer ce qu’elle considère comme une instrumentalisation politique de son travail. Une prise de parole forte, engagée, qui relance le débat sur l’utilisation de la musique dans les stratégies politiques modernes.
Jordan Bardella et TikTok, une stratégie de communication très codifiée
Depuis plusieurs mois, Jordan Bardella investit massivement TikTok, un réseau prisé par les moins de 30 ans. Vidéos courtes, montage léché, scènes de vie quotidienne, moments institutionnels ou personnels : tout est pensé pour humaniser l’image du président du RN et le rendre plus accessible.
Dans la vidéo à l’origine de la polémique, on découvre l’homme politique dans des situations variées, allant d’un moment de détente avec un chien à des images plus symboliques, comme un verre de vin à la main, un déplacement en avion de chasse ou encore une apparition aux côtés de Marine Le Pen. Le tout est rythmé par une musique devenue virale : « Melodrama », interprétée par Disiz et Théodora.
Un choix musical loin d’être anodin, tant ce titre cumule des millions d’écoutes et bénéficie d’une forte popularité sur les plateformes de streaming comme sur TikTok.
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Une chanteuse engagée refuse toute récupération politique
Très rapidement, Théodora, 22 ans, figure montante de la scène musicale francophone, a tenu à mettre les choses au clair. Sur son compte Instagram, l’artiste a publié un message sans détour, adressé « à l’attention de toutes les personnalités qui utilisent (sa) musique ou (son) image pour promouvoir une politique d’extrême droite ».
Un texte fort, assumé, dans lequel elle rappelle qu’elle refuse catégoriquement toute association entre son œuvre et les idées portées par le Rassemblement national. « Je ne peux pas comprendre que vous, qui ne me considérerez jamais comme pleinement française, tiriez profit de mon travail pour défendre des positions que je combats », écrit-elle.
D’origine congolaise, Théodora revendique une identité multiple et une vision politique à l’opposé des discours défendus par Jordan Bardella. Elle va plus loin en interrogeant directement la démarche : « Pourquoi associer vos idées à une œuvre créée par une immigrée congolaise ? »
Théodora, une artiste qui assume ses convictions
Révélée par des titres comme « Kongolese sous BBL » ou « Fashion Designa », et forte de collaborations avec des artistes populaires comme Jul ou Juliette Armanet, Théodora s’est imposée comme une voix singulière, libre et engagée.
Élue Femme de l’année par le magazine GQ, la chanteuse ne cache ni ses convictions politiques ni son refus d’être utilisée comme outil de communication par des responsables politiques dont elle combat ouvertement les valeurs.
« Je ne partagerai jamais vos idées, vos valeurs, ni vos projets politiques néfastes, dangereux et profondément méprisants envers des personnes comme moi », poursuit-elle dans son message, avant d’élargir son propos à l’ensemble de la classe politique.
Quand la musique devient un enjeu politique
La polémique autour de Jordan Bardella et de Théodora s’inscrit dans un contexte plus large : celui de la récupération de la culture populaire par le monde politique. La musique, en particulier, est devenue un levier puissant pour toucher l’émotion, créer de la proximité et renforcer un message.
Mais pour de nombreux artistes, cette utilisation pose question. « N’utilisez pas les mots des artistes si vous n’agissez pas pour les vies qu’ils défendent », conclut la chanteuse, rappelant que l’art est indissociable des valeurs qu’il porte.
Zaho de Sagazan, un précédent récent avec Emmanuel Macron
Cette affaire rappelle un épisode similaire survenu quelques mois plus tôt avec Zaho de Sagazan. Après l’utilisation de son titre « La Symphonie des éclairs » dans un contexte politique impliquant Emmanuel Macron, la jeune artiste avait demandé au président de la République de ne plus utiliser sa musique sans engagement concret sur certains sujets internationaux sensibles, notamment la situation à Gaza.
Dans une interview accordée à la presse, Zaho de Sagazan avait affirmé que l’art, la culture et la vie en communauté étaient intrinsèquement politiques. Une prise de position qui résonne aujourd’hui avec celle de Théodora.
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Une polémique révélatrice des tensions actuelles
Si Jordan Bardella n’a pas réagi publiquement à cette mise au point, la séquence illustre parfaitement les tensions croissantes entre le monde artistique et certaines figures politiques. À l’heure où les réseaux sociaux brouillent les codes traditionnels, les artistes entendent de plus en plus reprendre le contrôle sur l’usage de leur image et de leur travail.
Cette polémique pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont les responsables politiques utilisent la musique sur les plateformes numériques, rappelant que derrière chaque tube viral se cache une voix, une histoire et des convictions.
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