Un témoignage bouleversant qui change la donne
Il y a des interviews qui marquent un tournant dans la vie d’un homme politique. Celle livrée par Emmanuel Grégoire, ce 24 novembre 2025 sur France Inter, appartient clairement à cette catégorie.
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D’une voix posée mais chargée d’émotion, celui qui fut longtemps le bras droit de Anne Hidalgo à la mairie de Paris a décidé d’ouvrir une page profondément intime : les violences sexuelles qu’il a subies dans son enfance.
Un récit rare, pesant, qu’il reconnaît avoir toujours tenu enfoui, mais qui a ressurgi à la faveur des multiples signalements liés à la protection de l’enfance dans des écoles parisiennes. Pour lui, impossible d’avancer un programme politique crédible sans affronter d’abord cette part de son histoire. Dans ce moment suspendu, l’homme politique s’efface pour laisser place à l’enfant brisé qu’il a été. Et soudain, la voix d’un candidat à la mairie de Paris n’est plus seulement politique : elle devient humaine, vibrante, authentique.
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Une manière de rappeler que derrière l’édifice politique se trouvent souvent des blessures qui façonnent une vision du monde. Emmanuel Grégoire, en dévoilant ce chapitre intime, cherche-t-il à montrer qu’un autre type de leadership est possible ? Sans doute.
Cette confession intervient au moment même où il tente d’imposer une nouvelle narration pour Paris. Et paradoxalement, c’est aussi dans ce contexte qu’émerge la partie la plus explosive de son propos : celle qui concerne sa relation avec Anne Hidalgo, son ancienne mentor, devenue aujourd’hui une figure avec laquelle il se trouve en confrontation directe.
Un bras droit qui se libère : “Anne Hidalgo supporte mal la contradiction”
C’est un tout autre visage qu’offre Emmanuel Grégoire lorsqu’il s’adresse, cette fois, au Point. Après l’émotion, la franchise. Après l’aveu intime, le coup politique. Et le message est clair : l’actuelle maire de Paris n’a pas apprécié qu’il prenne son envol.
Le candidat affirme sans détour que Anne Hidalgo “supporte mal la contradiction”. Ce commentaire, à la fois sec et révélateur, résume l’une des tensions fondamentales qui traversent leur relation. Pendant des années, Emmanuel Grégoire a incarné la loyauté : il était celui qui expliquait, défendait, soutenait. Mais derrière les portes closes, les rapports auraient été moins harmonieux.
Il ajoute que la maire accepterait très difficilement que l’un de ses proches collaborateurs prenne ses distances, et encore moins qu’il s’émancipe politiquement sans son accord. Un portrait sans fard, qui tranche avec l’image unie que la mairie de Paris s’est longtemps efforcée de renvoyer.
Ce qui se joue ici dépasse la simple stratégie électorale : c’est la relation complexe entre un héritier politique et celle qui l’a formé, protégé, soutenu… avant de devenir un obstacle. Et ce glissement, Emmanuel Grégoire l’assume désormais publiquement.
La rupture de février 2024 : un moment-clef qui a fissuré l’édifice
Pour comprendre la profondeur du fossé qui sépare aujourd’hui les deux figures, il faut revenir à février 2024. Ce mois-là, dans un entretien accordé au Monde, Emmanuel Grégoire évoque la nécessité “d’écrire une nouvelle histoire” pour Paris.
Ces mots, pourtant relativement sobres, ont suffi à provoquer un séisme interne. Sous le vernis politique, le message était limpide : il était temps de tourner la page Anne Hidalgo.
Pour elle, cette phrase a été ressentie comme un abandon personnel autant qu’une rupture publique. Pour lui, c’était un constat stratégique : les sondages alarmants pour la gauche à Paris montraient que la continuité ne serait pas suffisante.
Emmanuel Grégoire raconte aujourd’hui qu’il avait déjà compris à ce moment-là qu’il n’aurait pas le soutien de la maire sortante, malgré leurs années de collaboration. Cette prise de conscience l’a poussé à faire ce que beaucoup n’osaient pas : se détacher et avancer seul. Une démarche courageuse en apparence, mais qui a rapidement été rattrapée par les rapports de force internes.
Le retour en arrière : entre pression politique et fidélité brisée
À peine quarante-huit heures après sa déclaration choc de 2024, Emmanuel Grégoire revient sur ses propos. Une volte-face qui surprend tout le monde, y compris ses propres soutiens. Cette hésitation, cette manière de reculer juste après avoir avancé, crée une zone d’ombre autour de sa capacité à incarner une rupture nette.
Aujourd’hui, Emmanuel Grégoire assume : la colère d’Anne Hidalgo aurait été intense. En coulisses, la maire aurait vécu ces propos comme une trahison pure et simple, et la confrontation aurait été brutale. Il décrit une atmosphère lourde, un climat où le poids de la loyauté, de l’histoire commune et de la hiérarchie a pris le pas sur la liberté de parole du candidat potentiel.
Face à cela, il reconnaît qu’il a eu besoin de “revenir à la raison”. S’agit-il d’un aveu de faiblesse ou d’un calcul politique ? Chacun jugera. Mais ce qui est certain, c’est que cet épisode a laissé une trace durable dans l’imaginaire politique parisien.
Car en quelques jours, Emmanuel Grégoire a donné deux images contradictoires : celle d’un homme prêt à s’affirmer, et celle d’un responsable encore lié à son passé.
Un paradoxe qui, aujourd’hui, nourrit une partie des critiques sur sa candidature.
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Une candidature sous tension mais portée par une parole nouvelle
Mais si Emmanuel Grégoire passionne aujourd’hui, ce n’est pas uniquement pour ses prises de distance avec la maire sortante. C’est aussi pour cette parole nouvelle, inspirée par son vécu personnel.
En racontant les violences qui ont marqué son enfance, il propose une autre manière d’incarner le politique : plus vulnérable, plus incarnée, mais aussi plus exigeante sur les thèmes liés à la protection de l’enfance.
Cette prise de position apparaît comme un tournant. Et elle interroge : peut-on réellement transformer Paris en se détachant de l’héritage Hidalgo tout en reconnaissant qu’on l’a servi pendant tant d’années ? Peut-on rompre tout en assumant ses paradoxes ? C’est l’équilibre délicat que devra trouver le candidat dans les mois à venir.
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En bref
Entre révélations intimes et conflits d’ego très politiques, Emmanuel Grégoire vient de complètement rebattre les cartes de la future élection parisienne. Une chose est sûre : rien ne sera simple, ni pour lui, ni pour Anne Hidalgo, et Paris n’a pas fini de retenir son souffle.
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