Un retour musical très attendu
À l’aube de la sortie de son nouvel album Poussière d’or, Stephan Eicher revient au cœur de l’actualité musicale. Trois ans après Ode, l’artiste suisse, dont la voix et la sensibilité ont bercé plusieurs générations, livre au Journal du dimanche une interview rare, marquée par une sincérité brute et un recul lucide sur l’industrie musicale actuelle.

À 65 ans, il n’a rien perdu de son élégance artistique ni de son regard affûté sur son métier. L’auteur de Déjeuner en paix, que beaucoup considèrent comme l’un des artistes les plus raffinés de la scène francophone, évoque un processus créatif qui reste intact. « Moi j’écris des chansons, pas des albums », confie-t-il.
Une phrase simple mais révélatrice. À ses yeux, créer reste un geste organique, presque instinctif, qui ne répond ni aux modes ni aux contraintes du marché. Pourtant, au fil de l’entretien, il se montre lucide : ce plaisir pur ne suffit plus à financer les coûteuses sessions en studio.
Une industrie qui change : pourquoi enregistrer en studio est devenu un luxe
Le constat de Stephan Eicher est clair : enregistrer en studio est devenu un luxe que même des artistes confirmés ne peuvent plus s’offrir. « Même des chanteurs vendant 20 000 albums ne peuvent plus se le permettre », s’étonne-t-il. Car derrière les projecteurs et les applaudissements se cache une réalité économique complexe. Les revenus générés par les ventes de disques ont chuté, les plateformes de streaming rémunèrent faiblement, et les budgets des maisons de disques s’amenuisent.
Pourtant, malgré ce contexte, Stephan Eicher refuse de renoncer à la qualité sonore qu’offre un véritable studio. Pas question de basculer dans le tout-numérique bricolé maison ou de sacrifier ses exigences artistiques. C’est là qu’un coup de maître – et un coup de chance – a tout changé.
Lire aussi : « Stop, je ne peux pas faire ça à mon public » : la décision radicale de Florent Pagny pour sa tournée 2026
Le coup financier inattendu : comment Spotify a financé son dernier album
Le passage qui a le plus fait réagir lors de son entretien est sans aucun doute celui-ci : « J’ai financé mon disque grâce à Spotify ! » Un aveu aussi surprenant que profondément révélateur de l’époque. L’artiste explique que lorsque la plateforme est entrée en bourse, il a décidé de convertir ses droits d’auteur – « 680 euros la première année » – en actions.
Il n’imaginait probablement pas le retournement qui allait suivre : l’action Spotify a bondi de 600%. Une augmentation vertigineuse qui, pour lui, signifie littéralement la possibilité de retourner en studio.
Mais au-delà du clin d’œil amusé, il y a une forme d’amertume dans ses mots : « Ce sont mes revenus issus du capital qui m’ont permis d’enregistrer un nouveau disque, et non le fruit de mon travail comme créateur. » Une phrase qui résume à la perfection les paradoxes du monde culturel actuel, où l’art peine parfois à se financer lui-même.
Une réflexion lucide sur la création et la place du capital
Cette situation, à la fois ironique et révélatrice, interroge profondément Stephan Eicher. Il ne se réjouit pas tant de ce coup financier qu’il n’en souligne la bizarrerie : l'artiste vit aujourd’hui dans un monde où les revenus boursiers peuvent financer un album… quand les ventes de disques ne le peuvent plus.
Son témoignage est loin d’être isolé. Beaucoup d’artistes se retrouvent confrontés à la même réalité, devant multiplier les concerts, les collaborations ou les opérations de communication pour pouvoir continuer à créer. Mais chez lui, cette prise de conscience prend une dimension presque philosophique.
Lire aussi : « Stop, je ne peux pas faire ça à mon public » : la décision radicale de Florent Pagny pour sa tournée 2026
Une hygiène de vie transformée pour continuer à durer
Pour continuer à créer, Stephan Eicher admet aussi avoir profondément modifié son hygiène de vie. Exit l’alcool, exit les drogues, place à une discipline qu’il reconnaît avoir adoptée d’abord par nécessité : « J’ai un certain âge. Au saut du lit, on se tient parfois le dos, hein », raconte-t-il avec humour.
Il dit ne pas être devenu un modèle de vertu – loin de là. Simplement, son corps ne suit plus les excès comme avant : « J’aurais bien aimé continuer à me saouler la gueule et à prendre des drogues. Mais la récupération est beaucoup trop longue. » Ces mots, directs et sans détour, montrent un homme lucide, qui continue d’aimer la réalité et qui sait que son travail exige concentration et sérieux.
Une carrière qui se redéfinit, mais une passion inchangée
Ce qui frappe dans cet entretien, c’est la cohérence entre les choix personnels, financiers et artistiques de Stephan Eicher. Tout converge vers une même idée : durer. Pas durer à tout prix, pas durer en reniant qui il est, mais durer dans une forme d’authenticité. Se réinventer pour ne pas disparaître, s’ajuster sans se trahir.
Son nouvel album Poussière d’or s’inscrit exactement dans cette dynamique. Une œuvre qui promet d’être à son image : élégante, lumineuse, délicate, profondément humaine.
En résumé : un artiste qui avance sans perdre de vue l’essentiel
L'histoire de ce disque financé grâce à une décision boursière audacieuse raconte bien plus qu’un simple coup financier. Elle dit tout d’un artiste qui refuse de renoncer. Stephan Eicher continue d’écrire, de composer, de chanter et d’avancer, même lorsque l’industrie semble lui tourner le dos.
Avec honnêteté, humour, intelligence et une grande sensibilité, il continue de tracer son chemin, réinventant sans cesse les moyens de faire résonner sa musique.
Découvrez maintenant Salaires du JT : combien gagnent réellement Anne‑Claire Coudray, Gilles Bouleau et Laurent Delahousse ? et Voici le salaire astronomique que Léa Salamé a refusé chez BFMTV pour présenter le JT de France 2.
Lire aussi : Les salaires de Léa Salamé et Élise Lucet font polémique, la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme