Mode

« Le visage le plus brutal de la fast fashion » : pourquoi 80 députés demandent l'interdiction de Shein en France dans une tribune choc

23 novembre 2025 - 15 : 18
par Mylène Plus de 80 députés réclament l’interdiction de Shein en France, dénonçant des produits toxiques, une concurrence déloyale et l’impact environnemental du géant chinois. Voici ce qu’il faut retenir de ce bras de fer politique inédit.

Pourquoi plus de 80 députés réclament l’interdiction de Shein

Plus de 80 députés français ont signé une tribune choc réclamant l’interdiction pure et simple de Shein dans l’Hexagone. Une prise de position rare, transpartisane et particulièrement frontale, qui fait déjà grand bruit sur la scène politique et médiatique.

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Dans ce texte publié dans La Tribune Dimanche, les parlementaires affirment vouloir protéger « les travailleurs, la santé publique et la planète », tout en dénonçant le « visage le plus brutal de la fast fashion » incarné selon eux par la marque chinoise.

Le mouvement est mené par Sandrine Le Feur, présidente de la commission du Développement durable de l’Assemblée nationale.

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Autour d’elle, une large coalition : députés EPR, PS, Horizons, LR, MoDem… Une diversité politique qui témoigne de l’ampleur de l’inquiétude entourant les pratiques du géant de la mode, régulièrement critiqué pour son modèle économique fondé sur des prix très bas, des volumes colossaux et des impacts environnementaux et sociaux considérables.

Les parlementaires estiment que Shein représente une concurrence déloyale et accuse la marque d’inonder le marché français de « produits toxiques ». Une accusation lourde, qui pointe autant la question sanitaire que l’opacité des modes de fabrication et la difficulté des contrôles sur les articles importés.

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Une implantation au BHV qui a mis le feu aux poudres

L’arrivée de Shein au BHV début novembre a fait bondir les députés signataires. Pour eux, cette installation dans un grand magasin emblématique parisien donne à la marque une forme de respectabilité qu’elle ne mérite pas.

Ils dénoncent « Shein qui se dédiabolise » alors que l’entreprise est régulièrement au cœur de polémiques : qualité douteuse, substances dangereuses trouvées dans certains produits, conditions de travail dénoncées, volumes de déchets générés… Autant de critiques qui ont nourri la colère des parlementaires.

Selon eux, la marque propose un modèle de consommation ultra-éphémère, incompatible avec les objectifs français et européens de durabilité. En d’autres termes : Shein serait le symbole même de ce qu’il faut combattre pour protéger l’environnement et enrayer la spirale du renouvellement vestimentaire à outrance.

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Les accusations de produits toxiques et de risques sanitaires

Les députés ne mâchent pas leurs mots : ils évoquent « l’envers du décor » d’une entreprise qui, selon eux, met en danger la santé des consommateurs. Plusieurs analyses menées ces dernières années ont en effet mis en lumière la présence de produits chimiques préoccupants dans certains vêtements vendus par la plateforme.

Métaux lourds, substances allergènes, taux trop élevés de produits toxiques… Ces affaires, largement relayées, ont renforcé la méfiance du public.

Pour les signataires de la tribune, Shein est devenu le symbole d’un système sans garde-fous, où la vitesse de production prime sur la sécurité. Une logique qui va à l’encontre des engagements pris par la France en matière de réduction des substances dangereuses et de protection de la santé publique.

Ils dénoncent également le manque de transparence de la marque sur les contrôles qualité et la traçabilité des articles vendus.

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Une concurrence jugée déloyale par les parlementaires

Au-delà de l’aspect sanitaire, les députés soulignent l’impact économique du modèle Shein. Les prix extrêmement bas proposés par la plateforme sont rendus possibles par une production massive, souvent pointée du doigt pour ses conditions de travail et des pratiques fiscales jugées opaques.

Ces méthodes provoquent selon eux une hémorragie des emplois dans le secteur textile et fragilisent les marques françaises et européennes qui, elles, doivent respecter les normes sociales, environnementales et fiscales.

Le rapport de force serait donc faussé dès le départ, créant une situation de concurrence déséquilibrée qui menacerait la pérennité de nombreux acteurs locaux.

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Shein convoqué par la commission du Développement durable

Autre élément central de cette affaire : Shein a été convoqué par la commission du Développement durable de l’Assemblée nationale. Les députés affirment que l’entreprise a dans un premier temps tenté « d’esquiver » l’audition prévue le 26 novembre.

Finalement, la rencontre a été reprogrammée au 2 décembre, Shein ayant indiqué qu’elle ne pouvait s’y rendre en raison d'une audience judiciaire organisée le même jour.

L’audition s’inscrit dans un mouvement plus large de demandes de comptes adressées aux géants du commerce en ligne. Les interrogations portent notamment sur la transparence des filières, les contrôles effectués, et les conséquences du modèle économique sur la consommation et l’environnement.

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Une affaire judiciaire explosive : poupées sexuelles d’apparence enfantine et armes

La convocation judiciaire mentionnée par Shein n’est pas anodine. La plateforme doit comparaitre devant le tribunal judiciaire de Paris dans une affaire particulièrement grave.

Les magistrats doivent statuer sur la suspension du site en France, décidée après la découverte stupéfiante de la vente de poupées sexuelles d’apparence enfantine et d’armes de catégorie A.

Ces éléments, révélés il y a quelques semaines, ont choqué l’opinion publique et déclenché la colère de nombreux élus. Pour les parlementaires, cette affaire démontre que Shein ne contrôle pas suffisamment ce qui est proposé sur sa plateforme.

Elle pose également la question des mécanismes d’importation et de sécurité des produits vendus. Ces accusations renforcent la détermination des députés signataires de la tribune, qui estiment que laisser Shein opérer en France représenterait un risque majeur.

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Trois amendes pour un total de 191 millions d’euros

Autre argument brandi par les élus : Shein a déjà été condamnée cette année à trois amendes, totalisant 191 millions d’euros. Parmi les griefs : fausses promotions, informations trompeuses, absence de transparence.

Des accusations graves qui alimentent une réputation déjà sulfureuse et donnent du poids à l’appel des parlementaires.
La multiplication de ces sanctions montre une accumulation de manquements, selon eux incompatibles avec la poursuite des activités de l’entreprise sur le territoire français.

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Une résolution européenne déposée pour aller plus loin

Enfin, dans un climat politique électrique autour des géants de la fast fashion, une proposition de résolution européenne a été déposée cette semaine. L’initiative, soutenue par des élus de tous bords — à l’exception de LFI, du RN et de l’UDR — vise à renforcer les contrôles et les sanctions à l’échelle européenne contre les plateformes ne respectant pas les règles.

Cette proposition s’inscrit dans une dynamique de plus en plus ferme, portée aussi bien par les instances françaises qu’européennes, pour lutter contre les dérives du commerce en ligne et promouvoir une consommation textile plus responsable.

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En résumé

La tribune signée par plus de 80 députés marque un tournant dans le débat sur la fast fashion et le commerce en ligne en France. À travers Shein, c’est un modèle entier qui est remis en question : celui d’une mode rapide, peu coûteuse, mais dont les impacts sociaux, économiques et environnementaux deviennent difficilement soutenables.

Entre accusations de produits toxiques, affaires judiciaires, amendes records et inquiétudes pour la santé publique, le bras de fer entre la marque et les autorités françaises semble loin d’être terminé.

Découvrez maintenant "C'est une arnaque", "je suis outrée" : Shein au BHV ne fait pas du tout l'unanimité, les clients très déçus par les prix affichés et "J'ai dit non" : Léna Situations révèle avoir refusé un énorme chèque de la part de Shein.

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Mylène
Je suis Mylène, blogueuse, beauty addict, Rédactrice en Chef du webzine So Busy Girls et maman de 2 petits bouts. Et fana de chocolat. Et de bons polars. On avait dit "courte description" ?! Ah oui, j'ai oublié de dire que j'étais très (très très) bavarde...!