La coopération militaire entre Paris et Kiev atteint une nouvelle dimension. En annonçant une déclaration d’intention pour l’achat de 100 Rafale, Emmanuel Macron a ouvert la voie à ce qui pourrait devenir l’un des plus gros contrats d’armement jamais signés entre la France et un pays étranger.
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Derrière cette annonce, il y a des enjeux financiers colossaux, un défi industriel majeur et un tournant stratégique pour l’armée ukrainienne. Mais surtout, une question fait beaucoup parler : combien coûte réellement un Rafale ?
L’avion de combat conçu par Dassault Aviation, devenu la star de l’industrie militaire française, est réputé pour sa polyvalence, sa technologie embarquée et son efficacité opérationnelle. Mais son prix varie énormément selon les contrats, les options choisies et la quantité d’armement fournie. L’éventuel achat par l’Ukraine en est la preuve la plus frappante.
Un avion de chasse dont le prix dépend fortement de l’équipement
La particularité du Rafale, c’est qu’il n’existe jamais en version unique. Chaque pays acheteur configure ses appareils avec des besoins spécifiques : missiles, systèmes électroniques, maintenance, infrastructures, formation… Ce qui explique pourquoi le prix peut varier du simple au triple.
Dans sa version « nue », c’est-à-dire sans armement ni options particulières, un Rafale coûte entre 70 et 100 millions d’euros. Il s’agit du tarif généralement évoqué pour un appareil monoplace sans équipements sophistiqués.
Mais dès que la commande inclut davantage de technologies, les prix s’envolent. En janvier 2024, la France a par exemple acheté 42 Rafale F4 pour l’armée de l’Air, pour un montant supérieur à 5 milliards d’euros, soit environ 120 millions d’euros par appareil. À ce niveau, le chasseur inclut des capacités avancées, un standard modernisé, et une partie du soutien logistique.
Cette commande avait été saluée par Sébastien Lecornu, alors ministre des Armées : selon lui, cet investissement « irrigue de nombreux territoires » grâce aux centaines d’entreprises françaises impliquées dans la fabrication.
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Des Rafale pouvant dépasser les 250 millions d’euros pièce
Si certains contrats se situent autour des 100 à 120 millions d’euros, d’autres atteignent des montants record. Les exemples internationaux les plus récents en témoignent.
L’un des cas les plus frappants est celui de l’Inde, qui a acheté 26 Rafale Marine pour 6,5 milliards d’euros, soit près de 250 millions d’euros par appareil. Ce prix comprend :
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la formation des pilotes
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l’entraînement
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l’armement
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les systèmes avancés
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la maintenance
Les Émirats arabes unis ont eux aussi signé une commande massive : 80 Rafale pour 14 milliards d’euros, soit 175 millions l’unité, auxquels s’ajoutaient 2,5 milliards d’euros d’armements. Le coût final par avion dépassait donc les 200 millions d’euros.
La Serbie, de son côté, a conclu un contrat portant sur 12 Rafale pour 2,7 milliards d’euros, soit environ 225 millions l’unité. Une somme énorme pour un pays à l’économie plus modeste, mais stratégiquement essentielle pour moderniser sa flotte aérienne.
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L’achat ukrainien : un contrat qui pourrait atteindre 22 milliards d’euros
En se basant sur ces précédents, le contrat envisagé entre la France et l’Ukraine, qui porterait sur 100 appareils, pourrait atteindre un montant gigantesque.
Les estimations les plus prudentes évoquent un coût d’au moins 10 milliards d’euros si l’Ukraine choisit un équipement relativement standard.
Mais dans un contexte de guerre, il est probable que Kiev demande :
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une très forte capacité d’armement,
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des systèmes électroniques de pointe,
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une formation accélérée,
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une maintenance continue,
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des infrastructures modernisées.
Si l’on utilise comme référence le modèle des Émirats ou de l’Inde, la facture pourrait grimper à 20 voire 22 milliards d’euros. L’Europe n’a jamais vu un contrat de défense de cette ampleur entre un pays membre de l’UE et un État tiers.
Une commande qui ferait de l’Ukraine l’un des plus gros utilisateurs de Rafale au monde
Avec 100 appareils, l’Ukraine deviendrait le deuxième pays au monde en nombre de Rafale en service, juste derrière la France (234 appareils). Elle dépasserait :
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les Émirats arabes unis (80)
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l’Inde (62)
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l’Égypte (55)
Un changement majeur dans l’équilibre aérien européen, qui renforcerait massivement la défense ukrainienne face à la Russie.
Un défi industriel immense pour Dassault Aviation
Une telle commande serait à la fois une opportunité et un défi considérable pour Dassault Aviation et ses 400 partenaires industriels français. La pression sur la chaîne de production serait immense.
Le 7 octobre 2025, Dassault annonçait la production du 300e Rafale. Mais la demande internationale ne cesse de croître, forçant l’entreprise à augmenter la cadence. Son PDG déclarait récemment vouloir atteindre 4 appareils produits par mois.
Avec 100 appareils supplémentaires à livrer, ce rythme devra encore s’accélérer, ce qui implique :
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des recrutements supplémentaires
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des investissements industriels
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un renforcement des capacités de production
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une coordination accrue entre les sous-traitants
Pour l’industrie française, ce serait une manne économique majeure, mais aussi un engagement de long terme, puisque la production et la maintenance s’étalent sur plusieurs décennies.
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Un enjeu géopolitique majeur pour l’Europe et l’OTAN
Au-delà du coût, l’achat de 100 Rafale place la France au cœur de l’architecture militaire européenne. Cela renforcerait la coopération stratégique entre Paris et Kiev, tout en affirmant la puissance technologique française.
Pour l’OTAN, ce serait un pas supplémentaire vers une standardisation des capacités aériennes face à la Russie. Pour la France, un signal fort : celui de la montée en puissance de son industrie aéronautique militaire.
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