La guerre en Ukraine connaît une nouvelle étape stratégique majeure. Ce lundi, sur la base aérienne de Villacoublay, Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky ont signé une déclaration d’intention consacrant un accord inédit : la perspective pour Kiev d’acquérir une centaine d’avions Rafale, fleuron de l’industrie aéronautique française.
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Une annonce qualifiée d’« historique » par le président ukrainien, qui y voit un véritable tournant dans la modernisation et l’occidentalisation de ses forces aériennes.
Cette signature marque un changement profond dans la nature du soutien militaire accordé par Paris à Kiev. Jusqu’ici centrée sur l’artillerie, les missiles ou les blindés légers, la collaboration franchit un cap en visant désormais l’armement aérien le plus avancé de l’arsenal français.
Cette perspective redéfinit non seulement la capacité future de l’armée ukrainienne, mais aussi le rôle de la France dans la construction de la sécurité européenne.
Une signature symbolique mais stratégique
L’accord signé n’est pas encore un contrat ferme, mais il en constitue le préalable indispensable. L’Élysée parle d’un partenariat qui s’inscrit « sur un horizon d’une dizaine d’années ». Autrement dit, il s’agit d’un engagement à long terme, destiné à accompagner Kyiv dans la reconstruction et la modernisation de ses capacités militaires.
Cette déclaration concerne :
- 100 Rafale, produits par Dassault Aviation
- leurs armements associés
- le système de défense aérienne SAMP-T nouvelle génération
- des systèmes de radar avancés
- les bombes guidées AASM Hammer
- des drones militaires
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Ce package potentiel dépasse largement la simple vente d’avions. Il constitue une architecture complète de défense, pensée pour permettre à l’Ukraine d’opérer une aviation moderne à l’occidentale.
Accord historique en vue de l’achat par l’Ukraine d’équipements de défense français. pic.twitter.com/P1eJjr61q7
— Élysée (@Elysee) November 17, 2025
Pour Volodymyr Zelensky, ce geste est lourd de sens. Il illustre, dit-il, « un soutien solide, durable et structurant » de la part de la France, dans un moment où l’Ukraine fait face à une intensification des frappes et des offensives aériennes russes.
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Pourquoi le Rafale change la donne pour Kiev
Le Rafale, entré en service dans l’armée française en 2004, est considéré comme l’un des meilleurs chasseurs du monde. Il peut assurer des missions de supériorité aérienne, de reconnaissance, d’appui au sol, de dissuasion nucléaire ou encore d’interception. Cette polyvalence en fait un outil idéal pour un pays engagé dans un conflit hybride comme l’Ukraine.
Actuellement, la flotte ukrainienne repose encore sur :
- des MiG-29 soviétiques
- des Soukhoï Su-27
- quelques Mirage 2000-5F fournis par la France
- plusieurs F-16 donnés par différents pays alliés
Le passage au Rafale marquerait une rupture. C’est un saut technologique de plusieurs décennies, qui pourrait crédibiliser l’aviation ukrainienne face aux modèles modernes exploités par la Russie.
Une livraison qui prendra plusieurs années
Mais malgré son caractère spectaculaire, l’annonce s’accompagne d’un rappel important : les Rafale ne seront pas livrés dans l’immédiat. D’abord parce que la déclaration d’intention devra être suivie d’un contrat formel, puis parce que Dassault Aviation affiche actuellement un carnet de commandes saturé.
Quelques chiffres suffisent à l’expliquer :
- 80 Rafale doivent être livrés aux Émirats arabes unis
- 42 sont destinés à l’Indonésie
- la France attend encore plusieurs dizaines d’exemplaires d’ici 2030
L’Ukraine, même en cas de signature rapide, devrait attendre plusieurs années avant de voir les premiers appareils aux couleurs de son armée.
Pour Kiev, le court terme reste donc géré par la livraison de F-16 ou d’autres appareils plus rapidement disponibles. Le Rafale, lui, incarne la stratégie longue : celle qui anticipe un conflit durable et une reconstruction militaire assumée.
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L’occidentalisation des forces ukrainiennes s’accélère
L’Ukraine accélère depuis un an un mouvement déjà largement amorcé : passer d’un matériel soviétique vieillissant à un équipement occidental moderne. La signature d’un protocole d’intention en octobre pour l’achat de 100 à 150 Gripen suédois en est un exemple. Avec le Rafale, Kyiv confirme cette orientation stratégique.
Pour Emmanuel Macron, cet accord illustre « la volonté française de participer à la sécurité durable de l’Europe ». Le message est clair : la défense de l’Ukraine ne se limite plus à une question d’aide militaire immédiate, mais s’inscrit dans une vision européenne à long terme.
Un accord à fort impact géopolitique
La dimension géopolitique de cette annonce est énorme. La France renforce sa place comme acteur central de la défense européenne. L’Ukraine confirme sa volonté de rompre définitivement avec la Russie sur le plan militaire. Et Dassault Aviation assure sa présence sur un marché stratégique en pleine recomposition.
Ce geste envoie aussi un signal à Moscou : le soutien occidental ne faiblit pas, il se structure. Même si les avions n’arriveront pas demain, la perspective de voir des Rafale ukrainiens planer au-dessus du continent constitue, en soi, un message politique.
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Une étape décisive, même sans livraisons immédiates
Si Kiev doit continuer de compter sur les F-16 pour sa défense immédiate, cette déclaration marque néanmoins une avancée stratégique majeure. Elle structure la coopération franco-ukrainienne. Elle prépare la reconstruction de l’armée de l’air ukrainienne. Elle acte la transition vers un modèle occidental moderne et performant.
Volodymyr Zelensky ne s’y trompe pas : pour lui, cet accord constitue « un symbole d’avenir ».
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