Une mesure décisive pour encadrer le flux massif de colis à bas prix
La question de la taxation des petits colis venus de l’extérieur de l’Union européenne revient au premier plan. Et cette fois, le changement pourrait être immédiat pour des millions de consommateurs français.

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L’Assemblée nationale étudie ce jeudi la mise en place d’une taxe de 2 euros par colis, une mesure intégrée au projet de loi de Finances pour 2026. Elle vise directement les plateformes comme Shein, Temu ou Alibaba, qui inondent le marché français de produits à très bas prix.
Cette proposition intervient alors que le flux de commandes explose d’année en année. Selon les chiffres officiels relayés par le gouvernement, 775 millions d’articles sont arrivés en France l’an dernier via la procédure douanière simplifiée H7.
Cette procédure, appliquée aux produits de faible valeur (moins de 150 euros), limite les formalités. Elle permet donc aux géants du e-commerce de proposer des millions d’envois rapides, bon marché, souvent exemptés de frais supplémentaires.
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Pourquoi une taxe de 2 euros est jugée indispensable par le gouvernement
Pour l’exécutif comme pour plusieurs députés, cette mesure répond à un double objectif : rééquilibrer la concurrence et augmenter les recettes douanières. Car les volumes actuels représentent un manque à gagner colossal. Avec des milliards d’envois par an, une taxe fixe pourrait rapporter plusieurs centaines de millions d’euros.
Mais elle permettrait surtout d’éviter une distorsion avec les entreprises européennes, soumises à des obligations fiscales et sociales bien supérieures. La taxe est aussi présentée comme un moyen de lutter contre certains abus.
Car une part non négligeable des colis entrants contient parfois des produits non conformes ou sous-évalués pour éviter la taxation. En appliquant une taxation minimale et systématique, les autorités espèrent mieux contrôler ces flux. Et surtout responsabiliser les géants du e-commerce étrangers.
Une mesure française en attendant une harmonisation européenne
Cette taxe nationale pourrait n’être qu’un prélude. La Commission européenne a en effet proposé en mai dernier une tarification identique : 2 euros par colis entrant en Europe. Cette mesure, intégrée à la réforme globale de l’union douanière, doit entrer en vigueur en 2028.
Elle vise à supprimer définitivement l’exonération de droits de douane dont bénéficient les petits colis, une dérogation jugée obsolète et source d’injustices. L’Europe fait face à un phénomène massif : 145 colis de moins de 150 euros arrivant chaque seconde sur le continent. Cela représente 4,6 milliards d’envois en 2024, dont 91 % proviennent de Chine.
Un volume tel qu’il est devenu impossible à contrôler correctement avec les outils actuels. Et qui constitue un véritable défi pour la concurrence européenne, déjà fragilisée par les prix très bas de ces plateformes.
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Le risque réel de dumping douanier
Une taxe limitée à la France présente néanmoins des limites. Les plateformes pourraient être tentées de contourner la mesure en passant par un autre pays de l’Union européenne. Concrètement, un colis pourrait être déclaré en Espagne, en Belgique ou aux Pays-Bas. Puis réacheminé vers la France sans taxation supplémentaire, grâce au principe de libre circulation.
Ce risque de dumping douanier est bien identifié par les autorités. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles Bruxelles insiste sur la nécessité d’une réforme uniforme au niveau européen. Tant que chaque pays applique ses propres règles, les plateformes les plus puissantes continueront d’adapter leurs stratégies. Et la France risque de voir ses recettes escomptées fondre rapidement.
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Ce que cela changerait concrètement pour les clients Shein, Temu et Alibaba
C’est la question la plus sensible pour les consommateurs : combien paiera-t-on en plus ? Et la réponse dépend de plusieurs facteurs.
Si la taxe est adoptée comme prévu, chaque colis en provenance de l’extérieur de l’UE sera majoré de 2 euros, quelle que soit sa valeur. Une commande unique restera peu affectée.
Mais la majorité des clients de Shein, Temu ou Alibaba passent plusieurs petites commandes, souvent de quelques euros chacune. Dans ce cas, la facture pourrait grimper rapidement.
Exemple :
– un panier Temu de 7 euros pourrait passer à 9 euros, soit une hausse de près de 30 %.
– un accessoire à 1,50 euro coûterait finalement 3,50 euros, soit plus du double.
Même si la taxe est fixe et non proportionnelle, son impact est important sur les articles ultra-low-cost. C’est précisément ce créneau qui fait le succès de ces plateformes. Cette mesure pourrait donc modifier les habitudes de consommation. Certains acheteurs privilégieront peut-être les commandes groupées ou se tourneront davantage vers des sites européens.
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Quel impact sur les retours, les promotions et les stratégies commerciales ?
Les plateformes chinoises misent sur les prix cassés, les codes promo agressifs et les retours gratuits. Mais la taxe pourrait les obliger à revoir leur stratégie. Elles pourraient absorber une partie du coût pour rester attractives.
Ou au contraire, le répercuter totalement sur le client, ce qui réduirait leur compétitivité. Concernant les retours, rien n’indique pour l’instant que la taxe s’y appliquerait.
Mais si elle concernait aussi les réexpéditions, cela pourrait augmenter le coût réel pour les consommateurs.
Les promotions et les achats impulsifs seraient particulièrement touchés. Car payer 2 euros pour un article soldé à 1 euro coupe clairement l’envie d’acheter. Les volumes de commandes pourraient donc diminuer. Mais les envois moyens pourraient augmenter, car les clients regrouperaient davantage leurs achats.
Une mesure symbolique mais structurante pour l’avenir du e-commerce
Au-delà du coût par colis, la taxe pose une question fondamentale : comment réguler un marché dominé par l’ultra low-cost venu d’Asie ? Les États européens accusent un retard massif face aux innovations logistiques de ces plateformes. La taxe française représente donc un test grandeur nature.
Un premier pas vers un cadre plus juste pour les entreprises européennes. Elle vise aussi à sensibiliser le public sur l’impact environnemental et social de ces envois massifs.
Car derrière les colis bon marché se cache un coût invisible : transport, retours, déchets, carbone.
La réforme européenne prévue pour 2028 pourrait profondément redessiner le paysage du commerce en ligne. Et marquer la fin d’une ère où les micro-achats internationaux échappaient aux règles communes.
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En résumé
L’étude d’une taxe de 2 euros sur les petits colis ouvrira un débat crucial pour les années à venir. Si elle est adoptée, les clients de Shein, Temu et Alibaba verront leurs commandes augmenter mécaniquement.
Cette mesure est perçue comme une nécessité pour lutter contre les abus, rééquilibrer la concurrence et préparer la grande réforme douanière européenne. Mais elle sera efficace seulement si elle est harmonisée à l’échelle du continent.
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