C’est une décision rare, aussi spectaculaire que symbolique. Moins d’une semaine après son ouverture très médiatisée au BHV Marais, le géant chinois de la fast-fashion Shein fait désormais face à une procédure judiciaire de blocage en France.

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En cause : la présence sur sa plateforme de poupées sexuelles à caractère pédocriminel et d’armes de catégorie A, interdites à la vente. Ce mercredi 5 novembre 2025, le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, en concertation avec Sébastien Lecornu, a officiellement saisi la justice pour faire suspendre et bloquer Shein sur le territoire français.
Une décision prise “pour faire cesser de façon certaine les graves dommages à l’ordre public causés par les défaillances de Shein”, selon un communiqué du ministère de l’Économie.
Une procédure judiciaire exceptionnelle
La saisine s’appuie sur l’article 6-3 de la loi pour la confiance dans l’économie numérique, permettant à l’État de demander le blocage d’un site internet lorsque celui-ci viole gravement la loi. En d’autres termes, Shein pourrait être temporairement inaccessible depuis la France, le temps que la marque se mette en conformité.
Cette décision fait suite à la procédure de suspension déjà annoncée la veille par Sébastien Lecornu, alors que la marque est au cœur d’une enquête judiciaire. En quelques jours, le cas Shein est devenu une affaire d’État, mêlant enjeux économiques, moraux et diplomatiques.
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Shein suspend sa marketplace en France
Face à la gravité de la situation, la plateforme chinoise a rapidement réagi. Dans un communiqué publié ce mercredi, Shein a annoncé la suspension immédiate de sa “marketplace” en France, c’est-à-dire l’espace de vente réservé à des vendeurs tiers indépendants.
“Cette mesure permet de mener une revue approfondie pour garantir le plein respect de la loi française et les plus hauts standards en matière de protection du consommateur”, explique l’entreprise.
La marque précise avoir pris cette décision “à la suite de préoccupations liées à certaines mises en ligne effectuées par des vendeurs tiers”. Autrement dit, Shein tente de rejeter la responsabilité sur des commerçants externes, tout en affichant sa coopération.
Mais pour beaucoup, cette réaction arrive trop tard.
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“Nous prenons acte” : Shein tente d’éteindre l’incendie
Dans la tourmente, Quentin Ruffat, porte-parole de Shein France, a tenu à adopter un ton conciliant. “Nous prenons acte de la décision du gouvernement. La sécurité de nos clients et l’intégrité de notre marketplace sont nos priorités absolues”, a-t-il déclaré dans un communiqué transmis à la presse.
Shein dit vouloir “engager dans les plus brefs délais un dialogue avec les autorités françaises” pour prouver sa bonne foi et espérer éviter un blocage complet de ses activités dans l’Hexagone.
Mais le mal est fait. Pour une marque déjà critiquée pour ses pratiques environnementales, ses conditions de production et son modèle économique jugé agressif, ce nouvel épisode vient ternir encore davantage son image mondiale.
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Le BHV Marais pris au cœur de la polémique
Le timing n’aurait pas pu être plus désastreux. À peine quelques jours auparavant, Shein célébrait en grande pompe l’ouverture de sa première boutique permanente au monde, située au cœur du BHV Marais à Paris.
Cette collaboration entre une enseigne de luxe parisienne et le géant chinois de la fast-fashion avait déjà suscité de vives critiques, tant sur le plan écologique qu’éthique. Désormais, la polémique prend une tout autre ampleur.
“On ne veut pas aller de bad buzz en bad buzz”, a réagi Frédéric Merlin, propriétaire du BHV Marais, après l’annonce du gouvernement. “Les produits qu’on vend ici sont contrôlés et de qualité. Ce n’est malheureusement pas le cas des commerçants hébergés sur leur marketplace.”
Si le BHV se défend d’avoir une quelconque responsabilité directe, le partenariat désormais entaché pourrait avoir des répercussions économiques et d’image importantes.
Une réaction politique saluée, mais un débat de fond relancé
La décision du gouvernement a été largement saluée sur les réseaux sociaux. Parmi les réactions les plus commentées, celle de Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, qui a estimé sur X (ancien Twitter) que la mesure était “juste et nécessaire”.
La décision du gouvernement de suspendre Shein est juste et nécessaire. Elle répond à des pratiques indignes, contraires à nos principes les plus élémentaires.
— Yaël Braun-Pivet (@YaelBRAUNPIVET) November 5, 2025
Mais soyons lucides : Shein n’est pas un cas isolé. D’autres plateformes, d’autres modèles d’ultra-consommation,…
“Elle répond à des pratiques indignes, contraires à nos principes les plus élémentaires. Mais soyons lucides : Shein n’est pas un cas isolé. D’autres plateformes comme Temu, AliExpress ou TikTok Shop prospèrent sur les mêmes excès. La question dépasse une seule marque : voulons-nous d’un commerce mondialisé sans règles ?”
Ses propos résument bien l’enjeu de fond : la régulation du commerce en ligne mondial, souvent opaque, qui échappe encore largement aux contrôles des États.
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Une onde de choc dans le monde du e-commerce
La procédure engagée par la France pourrait faire jurisprudence. Rarement un gouvernement européen n’avait agi avec une telle fermeté contre un géant étranger du e-commerce.
Ce geste envoie un message clair : les plateformes doivent rendre des comptes. En s’appuyant sur la loi sur la confiance dans l’économie numérique et sur le Digital Services Act (DSA) européen, Paris entend imposer des standards plus stricts à toutes les marketplaces, quelles que soient leurs origines.
“Ce n’est pas une chasse aux sorcières, mais un rappel essentiel : le marché français n’est pas une zone de non-droit”, a souligné un conseiller de Bercy.
Un scandale qui fragilise le modèle Shein
Depuis plusieurs mois, Shein multiplie les controverses. De conditions de travail dénoncées comme abusives à des accusations de plagiat, la marque est régulièrement pointée du doigt pour son modèle ultra-rapide de production.
Mais la vente de poupées sexuelles à l’apparence enfantine, classées dans la catégorie pédocriminelle, franchit une ligne rouge. L’ajout à cela de produits assimilables à des armes de guerre rend la situation explosive.
Cette affaire pourrait bien marquer un tournant dans la perception mondiale de Shein. Les appels au boycott se multiplient déjà, et la France devient le premier pays européen à envisager un blocage judiciaire de la plateforme.
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En résumé : la France dit stop à l’impunité numérique
En l’espace de quelques jours, l’histoire s’est accélérée. Après avoir annoncé la suspension de Shein, le gouvernement français passe à la vitesse supérieure avec une demande de blocage judiciaire. La marque, de son côté, suspend en urgence sa marketplace et tente de limiter les dégâts.
Mais le message politique est limpide : aucune marque, aussi puissante soit-elle, n’est au-dessus de la loi. Pour Sébastien Lecornu et Laurent Nuñez, cette action vise à poser les bases d’une régulation plus ferme du e-commerce mondial, à l’heure où les dérives se multiplient.
Shein voulait s’imposer à Paris comme un symbole de modernité et d’audace. Ironie du sort : elle devient aujourd’hui le symbole d’un modèle économique que la France entend désormais remettre en question.
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