C’était le pari audacieux de cette fin d’année : quitter le mythique Bercy pour s’installer à La Défense Arena, un écrin futuriste, immense et flambant neuf. Après 38 années passées dans les entrailles de l’Accor Arena, le Rolex Paris Masters 2025 a inauguré une nouvelle ère.

Plus vaste, plus moderne, plus ambitieux… mais peut-être aussi moins vibrant. Car malgré le spectacle, les stars et l’organisation sans faille, l’atmosphère a manqué d’âme.
Froid, trop vaste, presque impersonnel : le public parisien, d’ordinaire si bouillant, semble ne pas avoir encore trouvé ses marques dans ce nouveau décor.
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Un pari risqué : quitter l’âme de Bercy pour l’immensité de La Défense
Pendant près de quatre décennies, Bercy a été bien plus qu’une salle : une identité. Un son, une chaleur, une proximité entre les spectateurs et les joueurs qui faisait du tournoi un rendez-vous à part. Là-bas, le public faisait partie du jeu. Il vibrait, sifflait, encourageait, exultait. Il était l’âme du tournoi.
En 2025, le tournoi s’offre un nouveau départ. La La Défense Arena, connue pour accueillir les concerts géants et les matchs du Racing 92, est devenue le nouveau théâtre du tennis mondial. Avec 17 500 places, elle est désormais le plus grand court couvert du circuit ATP, juste derrière le légendaire Arthur-Ashe Stadium de New York.
Sur le papier, tout semblait réuni pour une édition grandiose. En réalité, le gigantisme du lieu a peut-être étouffé l’émotion.
Une ambiance impressionnante… mais glaciale
Ce n’est pas tant le spectacle que la température émotionnelle qui a interpellé. Oui, la salle est spectaculaire. Oui, le son, la lumière, les infrastructures sont irréprochables. Mais quelque chose manque : la flamme.
Le public, souvent dispersé dans les gradins immenses, a semblé timide, presque en retrait. Les applaudissements, pourtant nombreux, peinaient à remplir l’espace. Les cris de joie se perdaient dans le volume. Là où Bercy vibrait comme un chaudron, La Défense Arena ressemble encore à une cathédrale du silence, élégante mais un peu distante.
Cédric Pioline, directeur du tournoi, en est conscient. Lors de sa conférence de presse de clôture, il reconnaît sans détour :
"L’atmosphère de Bercy était un élément identitaire du tournoi. On l’a retrouvée complètement sur le court numéro 1, mais moins sur le Central. On sent qu’il y a l’électricité, mais il faut que la mèche s’allume."
Une métaphore juste. Car l’électricité est bien là. Le public veut vibrer. Il suffit d’une étincelle.
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Le poids de l’histoire
Difficile, pourtant, de rivaliser avec l’histoire. Pendant 38 ans, Bercy a vu défiler des matchs de légende, des ovations mémorables, des "Allez Jo !" ou "Tsonga ! Tsonga !" repris en chœur par 15 000 voix. Le lieu faisait partie du patrimoine sportif français.
Pioline le sait :
"Je tiens à rappeler qu’il y a une histoire sur quatre décennies. Ce n’est pas rien. Et je ne suis pas sûr que le terme de chaudron ait été utilisé à chaque édition de Bercy. Il faut laisser du temps à La Défense Arena."
Mais les habitués du tournoi rappellent que l’esprit de Bercy s’était installé dès les premières années. Dans les années 1980 déjà, la salle vibrait, parfois à l’excès, mais toujours avec passion.
À La Défense, c’est tout l’inverse : tout est propre, parfait, calibré. Et peut-être que cette perfection bride la spontanéité.
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Un contexte peu favorable
Si le public n’a pas vibré, c’est aussi parce que l’édition 2025 n’a pas offert de matches mémorables. Peu de suspense, des affiches déséquilibrées, et surtout, des Français éliminés trop tôt. Sans leurs héros nationaux pour enflammer la salle, l’émotion est restée contenue.
L’absence d’un scénario haletant a privé La Défense Arena de ces moments collectifs qui cimentent une identité. Pas de "come-back" spectaculaire, pas de tie-break sous tension, pas de victoire à l’arraché pour faire trembler les murs.
Le court central, majestueux mais un peu trop sage, n’a donc pas encore trouvé son moment d’histoire.
La salle, un colosse en quête d’âme
Tout le monde en convient : le lieu est impressionnant. Les joueurs eux-mêmes ont salué la modernité des installations, la qualité du sol, la lumière, l’acoustique. Le court 1, plus petit, a même séduit par son atmosphère plus intime, plus chaude.
Mais sur le central, les gradins, trop éloignés, diluent la ferveur. Le spectateur n’a pas encore trouvé sa place. Ni dans l’espace, ni dans l’émotion. Le public de La Défense n’existe pas encore — du moins, pas dans le sens où existait celui de Bercy.
Pioline l’admet :
"On a besoin que les gens s’approprient l’espace. On n’a pas encore créé de souvenir collectif. La salle ne demande qu’à s’enflammer, on sent qu’ils ont envie, mais il faut que la mèche s’allume."
Cette quête d’identité prendra du temps. Comme une nouvelle maison, La Défense Arena doit encore s’imprégner de ses habitants.
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Un public à apprivoiser
La Fédération française de tennis (FFT) prépare déjà une étude pour comprendre le profil du public : qui vient à La Défense ? Des fidèles de Bercy ? De nouveaux curieux ? Des familles, des cadres, des touristes ?
Selon Pioline, la majorité des spectateurs sont encore des "anciens" venus de Bercy, mais qui ne se sentent pas tout à fait "chez eux" dans ce nouveau cadre. D’où cette réserve, cette prudence, ce manque de spontanéité.
Peut-être faudra-t-il aussi repenser la disposition, l’animation, voire la communication autour du tournoi pour raviver la proximité perdue.
Le besoin d’un match fondateur
Pour qu’une salle trouve son âme, il faut un moment fondateur, un souvenir partagé. À Bercy, il y eut le sacre de Jo-Wilfried Tsonga en 2008, la folie de Gasquet contre Federer, ou encore les cris du public lorsque Djokovic s’inclinait face à Bercy la furieuse.
À La Défense, ce match n’a pas encore eu lieu. Le public attend son frisson, ce moment d’unité qui fait d’un lieu un mythe. Le directeur du tournoi l’exprime avec justesse :
"On a besoin de matches références, de souvenirs collectifs. C’est ça qui fera naître l’âme de cette salle."
Et il n’a sans doute pas tort. Une seule rencontre, une victoire inattendue, une ambiance dantesque peuvent tout changer.
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En résumé
Le Rolex Paris Masters 2025 restera dans l’histoire comme une année de transition. Magnifique sur le plan visuel, mais encore perfectible sur le plan émotionnel. La Défense Arena est un bijou architectural, mais il lui manque encore ce supplément d’âme qui faisait de Bercy un lieu unique.
Le public, lui, n’attend qu’une chose : qu’on lui donne une raison d’exploser. Comme le dit joliment Cédric Pioline, "il y a l’électricité, il faut juste que la mèche s’allume". Peut-être qu’en 2026, le feu prendra enfin. Et alors, La Défense Arena pourra vraiment devenir le nouveau cœur battant du tennis français.
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