Une visite parlementaire qui tourne à l’incident
L’affaire autour de l’incarcération de Nicolas Sarkozy continue de provoquer remous politiques. Ce lundi 27 octobre 2025, les députés Ugo Bernalicis et Danièle Obono, tous deux membres de La France insoumise (LFI), se sont rendus à la prison de la Santé, à Paris, dans le cadre de ce qu’ils présentent comme une visite parlementaire de contrôle.

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Leur objectif affiché : observer les conditions de détention au sein de l’établissement, et notamment celles de l’ancien président de la République, incarcéré depuis le 21 octobre pour association de malfaiteurs dans le cadre du financement libyen de sa campagne de 2007.
Mais selon l’administration pénitentiaire, leur visite a rapidement dérapé. Les deux élus, accompagnés de trois journalistes, auraient “exigé de pouvoir rencontrer Nicolas Sarkozy” ainsi que les deux policiers chargés d’assurer sa protection rapprochée. Un comportement jugé contraire à la procédure officielle.
« Le directeur de l’établissement leur a rappelé qu’une visite parlementaire vise à contrôler le fonctionnement global d’un établissement pénitentiaire et ne peut être utilisée pour s’entretenir de manière spécifique avec un détenu », a précisé une source pénitentiaire à l’AFP.
Face à ce rappel à l’ordre, l’accès au quartier d’isolement, où se trouve Nicolas Sarkozy, leur a été refusé.
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LFI dénonce une “restriction illégale” et saisit la justice
Pour La France insoumise, ce refus est injustifié et contraire à la loi. Dans un communiqué publié lundi soir, le parti de Jean-Luc Mélenchon affirme que ses députés ont exercé leur droit de visite parlementaire, garanti par l’article 719 du Code de procédure pénale, qui autorise tout député ou sénateur à visiter librement un établissement pénitentiaire, sans autorisation préalable.
LFI explique que cette visite, qui s’est déroulée entre 11h et 17h, avait pour but d’évaluer la situation générale à la prison de la Santé, notamment la surpopulation carcérale, les conditions d’hygiène et la charge de travail du personnel.
« Les conditions de détention étaient fortement perturbées par la sur-occupation carcérale, avec des matelas au sol, une augmentation des violences et une surcharge pour les personnels d’insertion », détaille le communiqué.
Mais le mouvement dénonce aussi des entraves illégales à l’exercice de ce droit :
« De manière inattendue et contraire à l’article 719 du CPP, les députés ont vu leur droit de visite restreint. Ils n’ont pas pu accéder au quartier d’isolement, ni conserver leurs téléphones ou être accompagnés de leurs attachés parlementaires et des journalistes », accuse LFI.
Le parti a donc saisi le tribunal administratif de Paris en référé. L’audience est prévue pour ce mercredi 29 octobre à 10h.
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L’administration pénitentiaire dénonce du “tourisme carcéral”
Du côté du ministère de la Justice, on dément toute atteinte à la loi. Selon l’administration pénitentiaire, la visite s’est bien déroulée dans le respect du cadre réglementaire, mais sans permettre aux députés d’approcher Nicolas Sarkozy, une mesure jugée nécessaire pour garantir la sécurité du détenu et éviter toute instrumentalisation politique.
« La visite a pu avoir lieu au sein de l’établissement, sans que les deux parlementaires n’aient accès à Nicolas Sarkozy ou aux fonctionnaires de police chargés de sa protection », a indiqué une source pénitentiaire.
Cette même source a d’ailleurs fustigé une démarche jugée purement médiatique :
« Ce genre de déplacement relève du tourisme pénitentiaire », estime-t-elle.
Selon elle, cette visite n’a rien à voir avec celle que doit effectuer le garde des Sceaux Gérald Darmanin, qui prévoit de se rendre à la prison pour “s’assurer que les conditions de sécurité sont bonnes pour ce détenu au statut hors du commun”.
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L’opposition s’indigne : “LFI n’a aucune limite”
Cette tentative de visite a également fait réagir la classe politique. Du côté des Républicains, la colère est montée d’un cran. Laurent Wauquiez, chef du groupe LR à l’Assemblée nationale, a vivement dénoncé l’initiative des deux élus insoumis :
« LFI n’a aucune limite : instrumentaliser une visite en prison pour salir un ancien président de la République. Ils ne respectent rien », a-t-il écrit sur X (ex-Twitter).
Une position partagée par plusieurs élus de la droite et du centre, qui estiment que La France insoumise cherche à capitaliser politiquement sur le cas Sarkozy, dans un contexte de forte médiatisation de son incarcération.
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Nicolas Sarkozy, détenu sous haute surveillance
Depuis le 21 octobre 2025, Nicolas Sarkozy est détenu dans une cellule individuelle de 9 m² à la prison de la Santé. Son placement à l’isolement total a été décidé pour assurer sa sécurité, compte tenu de son statut d’ancien chef de l’État.
Le détenu ne croise aucun autre prisonnier et reste sous surveillance permanente de deux agents du Service de la protection (SDLP). Selon plusieurs sources internes, les autorités ont même dû gérer des menaces de mort émises par d’autres détenus peu après son arrivée, ce qui explique la rigueur extrême du dispositif.
L’ancien président, condamné à cinq ans de prison, dont deux ferme, dans le cadre du procès sur le financement libyen, aurait droit à un traitement strictement conforme à la loi, sans privilège particulier, selon la direction de l’établissement.
Un climat politique sous tension
Cet épisode ajoute un nouveau chapitre à la tension grandissante entre La France insoumise et les institutions, déjà critiquée pour sa stratégie d’opposition frontale. Pour ses détracteurs, cette tentative de visite à Nicolas Sarkozy n’avait d’autre but que de créer un coup médiatique.
Du côté des insoumis, la ligne est claire : il s’agissait de faire respecter le droit parlementaire et de contrôler les conditions de détention d’un prisonnier au profil exceptionnel.
Le débat devrait se poursuivre au tribunal administratif, mais aussi sur les plateaux télé et à l’Assemblée, où la question du contrôle des prisons et de la transparence institutionnelle pourrait bien ressurgir dans les prochains jours.
En résumé
Les députés Ugo Bernalicis et Danièle Obono se sont vus refuser l’accès au quartier d’isolement de la prison de la Santé, où est détenu Nicolas Sarkozy.
L’administration pénitentiaire parle de “tourisme carcéral”, tandis que LFI dénonce une atteinte à la loi et saisit la justice.
Un nouvel épisode qui illustre à quel point l’incarcération de l’ancien président devient un sujet explosif, à la croisée du politique, du judiciaire et du symbolique.
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