Depuis la démission de Sébastien Lecornu, lundi matin, les journaux du monde entier observent la crise politique française avec un mélange d’inquiétude, d’incompréhension et parfois… d’ironie.
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Les unes étrangères dressent le portrait d’un pays à bout de souffle, dirigé par un président isolé et miné par une instabilité chronique qui menace de bouleverser l’équilibre politique européen.
De Londres à Madrid, en passant par Bruxelles, Rome et Berlin, la France apparaît comme un laboratoire du chaos démocratique où le macronisme, jadis symbole de renouveau, semble désormais s’être épuisé dans ses propres contradictions.
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“Chaotic day” : la France sous le regard inquiet du monde
“Chaotic day” : c’est par ces mots que le très influent The Guardian a résumé la situation. Le quotidien britannique évoque une “journée chaotique”, marquée par la démission éclair du Premier ministre et par un pouvoir exécutif en crise de légitimité.
Selon le journal, “la France, deuxième puissance de l’Union européenne, devient de plus en plus ingouvernable”, soulignant au passage le “déficit budgétaire abyssal” qui fragilise encore davantage le pays.
Le quotidien britannique, souvent prompt à comparer la France post-Brexit à un pilier politique européen, y voit cette fois un symbole d’instabilité inquiétante au cœur même de l’Europe continentale.
Même son de cloche en Belgique, où Le Soir parle d’une véritable “folie politique collective”.
“La France donne l’image d’un pays qui ne tournera plus jamais rond. L’épisode Lecornu est sans doute l’étape la plus pathétique – et probablement pas la dernière – d’une descente aux enfers initiée au sommet avec la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Macron.”
Dans un ton à la fois critique et moqueur, le quotidien belge va jusqu’à parler d’un “gouvernement interrupteur : on ouvre, on ferme. Même la Belgique n’a pas osé !”, une phrase qui résume à elle seule la stupeur amusée de ses voisins du Nord.
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“Macron, le roi solitaire” : en Allemagne, la démission devient un symbole
Outre-Rhin, le tabloïd Bild s’interroge sans détour : “Et maintenant, Monsieur le président ?”. Le journal allemand, connu pour son ton direct, décrit un Emmanuel Macron acculé, “roi solitaire” d’un pays à la dérive, incapable de trouver une majorité stable après la chute de cinq Premiers ministres en deux ans.
“Le pays semble épuisé et en a marre de lui”, écrit le média, qui résume l’état d’esprit général de la population française selon les observateurs allemands.
Pour Bild, le président français “n’a plus ni alliés, ni souffle, ni légitimité politique claire”. L’Allemagne, qui a longtemps vu en Macron un interlocuteur solide au sein du couple franco-allemand, observe désormais avec inquiétude un partenaire affaibli, dont l’instabilité pourrait fragiliser l’ensemble du projet européen.
“La France a dépassé le macronisme” : la presse américaine sonne le glas
Aux États-Unis, la chaîne CNN adopte un ton analytique, mais sans concession.
“Macron est à bout de souffle. Après cinq Premiers ministres en moins de deux ans, dont aucun n’a réussi à construire une majorité stable, le pays semble épuisé.”
La chaîne évoque une fatigue démocratique profonde, liée à la montée de l’abstention, à la crise économique et au rejet d’un pouvoir perçu comme “déconnecté des réalités quotidiennes”.
“La frustration de l’opinion publique n’a fait que s’accentuer. La France a dépassé le macronisme”, conclut CNN, estimant que le président incarne désormais une époque révolue.
Cette lecture rejoint celle de nombreux éditorialistes américains, qui comparent la crise actuelle à la fin d’un cycle politique, celui d’un leader charismatique désormais prisonnier de son propre système.
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“Piégé dans son labyrinthe” : la presse espagnole dépeint un président isolé
De son côté, le quotidien espagnol El País titre sans détour : “Macron, piégé dans son labyrinthe”.
Le journal revient sur la dissolution manquée de l’Assemblée nationale en juin 2024, qui devait “clarifier la situation” et qui a, au contraire, “fracturé le Parlement au point de le rendre incapable de gouverner”.
“La bombe à fragmentation politique provoquée par Emmanuel Macron continue de semer le chaos. Le système institutionnel français, pensé pour le bipartisme, s’effondre face à la réalité d’un pays éclaté.”
Le média espagnol parle même de “crise de régime”, redoutant que la Ve République ne soit plus en mesure de fonctionner dans un paysage politique aussi fragmenté.
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“Un pays désolé et isolé” : le ton mélancolique des journaux italiens
En Italie, le Corriere della Sera adopte une tonalité presque poétique pour décrire la situation du chef de l’État.
Le quotidien évoque un Emmanuel Macron “désolé et isolé chez lui, déconnecté de l’humeur du pays”, filmé “errant seul sur l’île de la Cité”, image qui, selon lui, symbolise “la condition humaine du président ces derniers mois : brillant à l’étranger, mais impuissant chez lui”.
“Gabriel Attal n’est pas le seul à ne plus comprendre Macron. Même ses plus fidèles alliés s’interrogent désormais sur sa stratégie, et sur sa capacité à encore incarner la République.”
L’Italie, elle-même en proie à la montée de mouvements populistes, voit dans cette fragilité française un miroir de sa propre vulnérabilité politique.
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L’Europe s’inquiète d’un glissement populiste
Mais au-delà des commentaires ironiques ou désabusés, un mot revient dans toutes les analyses européennes : inquiétude.
Inquiétude face à une France désorganisée, incapable de construire un gouvernement durable. Inquiétude aussi pour l’avenir de l’Union européenne, où Paris joue un rôle central.
Le Soir, encore lui, tire la sonnette d’alarme :
“La France gouvernée par l’extrême droite ? Après la Hongrie, la Slovaquie, la Tchéquie, et peut-être demain la Pologne ou l’Allemagne ? C’est une menace existentielle pour le projet européen.”
Cette crainte n’est pas isolée. À Bruxelles, plusieurs diplomates anonymes cités par Politico Europe confient redouter “une crise de confiance durable” envers la France, “pilier historique du projet européen, mais désormais affaibli et imprévisible”.
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“Le pays des Lumières dans le brouillard”
La presse internationale, dans son ensemble, s’accorde sur un constat : le mythe français s’effrite.
La nation des Lumières, du compromis républicain et du débat intellectuel semble aujourd’hui engloutie par la confusion politique et l’usure du pouvoir présidentiel.
“Comment un pays si fier de sa stabilité institutionnelle peut-il donner aujourd’hui l’image d’un État incapable de gouverner ?”, interroge Le Soir.
Les éditorialistes européens s’accordent sur un point : la crise actuelle dépasse la personne d’Emmanuel Macron. Elle illustre le dérèglement d’un système politique qui, sans réforme profonde, pourrait bien précipiter la France — et, avec elle, une partie de l’Europe — dans une ère d’incertitude durable.
En résumé, aux yeux du monde, la France n’est plus seulement un pays en crise : elle est devenue le symbole d’un modèle démocratique en panne, d’un pouvoir vertical épuisé et d’un président piégé dans sa propre solitude.
Et si Emmanuel Macron continue d’incarner l’espoir d’un leadership européen, il est désormais, pour beaucoup, un roi sans royaume.
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