L’affaire Legrand-Cohen continue de secouer le paysage médiatique et politique français. Alors que la première polémique autour de la vidéo du 5 septembre n’est pas encore retombée, une nouvelle séquence dévoilée le vendredi 19 septembre par L’Incorrect vient relancer les débats sur l’impartialité du service public et son rapport avec le monde politique.
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Un premier scandale qui avait déjà marqué les esprits
Le 5 septembre, une vidéo tournée en juillet avait été révélée. Sur ces images, les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen apparaissaient attablés dans un restaurant aux côtés de Luc Broussy, président du Conseil national du PS, et de l’eurodéputé Pierre Jouvet. Au cours de cette conversation captée à leur insu, Thomas Legrand aurait prononcé une phrase lourde de sens : “Nous, on fait ce qu’il faut pour Rachida Dati, Patrick (Cohen) et moi.”
Ces propos, interprétés comme une ingérence politique directe de la part de deux figures du service public, avaient provoqué un tollé. L’affaire avait entraîné la suspension provisoire de Thomas Legrand de l’antenne de France Inter et rouvert un débat brûlant : celui de la neutralité et de la mission impartiale des médias publics en période de tension politique.
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Une nouvelle vidéo qui attise les critiques
Vendredi 19 septembre, l’hebdomadaire L’Incorrect a frappé fort en dévoilant une seconde vidéo, diffusée sur le réseau X. On y entend Thomas Legrand, toujours en compagnie de Patrick Cohen et des deux responsables socialistes, faire des confidences qui ont immédiatement alimenté les soupçons d’une instrumentalisation du service public.
????[ NOUVELLE VIDÉO ] : Une preuve de plus.
— Juliette Briens (@JulietteBriens) September 19, 2025
➡️Quand Thomas Legrand se vante de l’utilisation de la matinale de France Inter pour tenter de propulser Laurent Berger à Matignon. pic.twitter.com/rnaiAOtx8g
Il évoque notamment l’invitation de Laurent Berger, ex-secrétaire général de la CFDT et potentiel Premier ministre avant les législatives de 2024 : “Nous, on l’invite dans la matinale pour qu’il se prenne un peu au truc… et il nous vend son Crédit Mutuel.” Dans la même séquence, il ajoute, amusé : “Putain, il sort. On lui dit : ‘Tu sais combien c’est la pub, la minute de pub sur France Inter ? On devrait te facturer, c’est pas possible !’” Ces propos, tenus sur un ton ironique, n’ont pas manqué de renforcer l’accusation d’un usage du service public comme outil politique, déclenchant une nouvelle vague de critiques contre les journalistes concernés et plus largement contre France Inter.
La défense de Thomas Legrand face aux attaques
La veille de la diffusion de cette vidéo, Thomas Legrand avait tenté de reprendre la main. Invité sur le plateau de Quotidien sur TMC, il a dénoncé un “coup monté” et une “manipulation de la droite”. Selon lui, la séquence a été “filmée et montée” de manière orientée pour donner une impression biaisée de ses propos.
Il a expliqué que cette rencontre avait été organisée à la demande de deux responsables socialistes, mécontents de certains de ses articles. “Ce rendez-vous était un rendez-vous avec deux socialistes qui m’avaient sollicités parce qu’ils n’étaient pas contents de papiers que j’avais faits. Si c’était à refaire, je le referais, dans un endroit plus discret”, a-t-il justifié. Cette défense n’a cependant pas calmé les critiques, certains y voyant une tentative maladroite de minimiser des propos compromettants.
Une crise de confiance pour le service public
Au-delà de la polémique autour de Thomas Legrand et Patrick Cohen, c’est bien l’image du service public qui se retrouve à nouveau écornée. Les vidéos diffusées, qu’elles soient sorties de leur contexte ou non, posent la question de l’indépendance réelle des journalistes vis-à-vis du pouvoir politique. Dans une période de défiance accrue envers les médias traditionnels, l’affaire Legrand-Cohen tombe au plus mauvais moment. Elle alimente un sentiment déjà largement répandu dans l’opinion : celui d’une proximité parfois trop forte entre journalistes, politiques et intérêts partisans.
Et maintenant ?
L’affaire n’en est visiblement pas à son épilogue. La nouvelle vidéo promet d’être exploitée par les adversaires politiques du camp socialiste et risque de fragiliser encore davantage la confiance envers le service public audiovisuel. Du côté de France Inter, aucune décision définitive n’a encore été annoncée concernant l’avenir de Thomas Legrand. Mais la pression médiatique et politique pourrait bien pousser la direction à clarifier rapidement la situation.
Dans tous les cas, l’affaire Legrand-Cohen restera comme un épisode marquant de la rentrée politique et médiatique 2025, illustrant les liens complexes et souvent explosifs entre journalisme, opinion publique et pouvoir.
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