Une sortie médiatique qui fait polémique
L’atmosphère est électrique entre CNews et France Télévisions. Jeudi 18 septembre 2025, Pascal Praud a ouvert son émission quotidienne L’Heure des pros sur un ton particulièrement virulent.
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Quelques heures plus tôt, dans une interview au Monde, Delphine Ernotte Cunci, présidente du groupe public, avait qualifié la chaîne de Vincent Bolloré de « média d’opinion » et, pour la première fois, de « chaîne d’extrême droite ». Des propos qui ont aussitôt déclenché la fureur du journaliste vedette de la chaîne.
Selon Pascal Praud, cette sortie publique va bien au-delà d’un simple constat éditorial. « Elle met une cible sur nos vies », a-t-il lancé en direct, accusant la dirigeante de mettre en danger les reporters de terrain. « Aujourd’hui dans les manifestations, il y aura des journalistes de CNews sur le terrain. Elle leur met une cible sur le dos, elle les met en danger ! », a-t-il martelé.
Une réaction musclée à l’antenne
Visiblement indigné, Pascal Praud a dénoncé ce qu’il considère comme un franchissement de ligne rouge. « C’est une déclaration de guerre » et « c’est une honte », a-t-il insisté face aux caméras, déclenchant immédiatement un flot de réactions dans le milieu médiatique. Pour l’animateur, qui officie à la fois sur CNews et sur Europe 1 (également détenue par Vincent Bolloré), les propos de Delphine Ernotte traduisent une volonté de délégitimer les journalistes travaillant pour ces médias privés. Cette charge s’inscrit dans un contexte tendu, à un an et demi de l’élection présidentielle de 2027, où les médias occupent une place centrale dans le débat politique.
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La phrase choc de Delphine Ernotte
Dans l’entretien au Monde, la patronne de France Télévisions n’a pas mâché ses mots : « Il faut admettre que CNews est un média d’opinion. Qu’ils assument d’être une chaîne d’extrême droite ! ». C’est la première fois qu’elle utilise ce qualificatif aussi directement, même si la question du positionnement éditorial de la chaîne a déjà souvent été soulevée. En tant que première chaîne d’information continue en parts d’audience, CNews occupe une position particulière dans le paysage audiovisuel. Les propos de Delphine Ernotte, prononcés alors qu’elle venait d’être entendue par l’Arcom avec Sibyle Veil, présidente de Radio France, s’inscrivent dans une volonté affichée de défendre l’audiovisuel public face aux attaques de ses concurrents privés.
L’affaire legrand-cohen en toile de fond
Cette confrontation ouverte entre CNews et France Télévisions intervient sur fond d’une polémique plus large : l’« affaire Legrand-Cohen ». Début septembre, le magazine conservateur L’Incorrect a diffusé une vidéo montrant les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen en pleine discussion avec deux responsables socialistes. Une séquence interprétée par les proches de Vincent Bolloré comme la preuve d’une proximité entre journalistes de service public et responsables politiques de gauche.
Depuis, la polémique enfle et nourrit un climat d’hostilité inédit. Côté Bolloré, on accuse l’audiovisuel public de parti pris. Côté France Télévisions et Radio France, on riposte en dénonçant les méthodes de CNews et en appelant à la vigilance du régulateur.
Un conflit médiatique qui dépasse les rédactions
La bataille entre les deux camps ne se limite plus aux plateaux télévisés ou aux tribunes médiatiques : elle mobilise désormais les institutions. Le 17 septembre, Delphine Ernotte Cunci et Sibyle Veil ont été auditionnées par l’Arcom pour évoquer cette affaire, preuve que la tension atteint les plus hautes sphères du paysage audiovisuel français.
Derrière les mots, c’est une vision de l’information qui s’oppose : d’un côté, les chaînes privées du groupe Bolloré, assumant une ligne éditoriale marquée et accusant les médias publics de connivence politique ; de l’autre, l’audiovisuel public, qui revendique son indépendance tout en appelant à davantage de régulation.
En résumé
La sortie musclée de Pascal Praud contre Delphine Ernotte illustre à quel point le climat médiatique est devenu explosif à l’approche de la présidentielle de 2027. Entre accusations de parti pris, mise en danger supposée des journalistes et querelles institutionnelles, cette affaire met en lumière la fracture profonde entre médias privés et publics en France. Cette confrontation, qui mêle enjeux politiques et médiatiques, devrait continuer à agiter le débat public dans les semaines à venir. Une certitude : la polémique autour de CNews, de son positionnement et de ses journalistes est loin d’être terminée.
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