Depuis plusieurs jours, la polémique autour de Patrick Cohen agite le paysage médiatique français. Accusé de collusion avec certains responsables politiques, le journaliste a tenu à rétablir sa version des faits en direct sur le plateau de C à vous, le 15 septembre 2025.
Une prise de parole qui n’a pas manqué de faire réagir, notamment l’homme politique et ancien journaliste Aymeric Caron, qui a dénoncé une défense « tout bénef » pour Cohen, accusant l’émission d’avoir manqué à ses devoirs déontologiques.
Le comité d’éthique blanchit Patrick Cohen mais la polémique continue
Tout est parti d’une vidéo compromettante diffusée sur les réseaux sociaux, où l’on voyait Patrick Cohen échanger avec des responsables du Parti socialiste. Très vite, certains y ont vu une preuve de proximité suspecte entre le journaliste et les socialistes. Mais selon le comité d’éthique de France Télévisions, Patrick Cohen « n’était pas en faute ». De son côté, Thomas Legrand, éditorialiste de France Inter, a préféré démissionner de son émission dominicale, jugeant que la polémique avait entamé sa crédibilité. La présidente de Radio France, Sibyle Veil, est allée plus loin en dénonçant une « campagne de déstabilisation » visant les radios publiques, accusées par certains de parti pris politique. Cette affaire a ainsi déclenché une véritable guerre médiatique entre Radio France et CNews, avec, au milieu, Patrick Cohen contraint de justifier ses méthodes de travail.
Patrick Cohen se défend en direct dans C à vous
Ce que fait Patrick Cohen, c’est juste utiliser l’antenne pour dérouler sa défense, sans la moindre contradiction.
— Aymeric Caron (@CaronAymericoff) September 15, 2025
C’est tout bénef.
Si vraiment C à Vous voulait revenir sur l’affaire, elle devait faire interviewer Cohen par un journaliste invité, sans lien avec l’émission.… https://t.co/SEpT6YadNT
Sur France 5, Patrick Cohen a pris la parole pour réfuter toute idée de collusion. Il a rappelé que ses rencontres avec des personnalités politiques font « partie intégrante de son métier », précisant que le déjeuner avec des cadres du PS répondait au « mécontentement des proches d’Olivier Faure », désireux d’exprimer leurs critiques. Surtout, il a contesté la véracité de la vidéo diffusée. « La séquence mise en ligne, d’une durée d’1m12, a été coupée à dix reprises. Dix points de montage visibles à l’œil nu », a-t-il martelé, dénonçant des « sons charcutés » et un contenu « volé et manipulé ». Selon lui, ces images tronquées visent uniquement à nuire à sa réputation. Pour prouver sa bonne foi, Patrick Cohen a annoncé avoir fait appel à un huissier afin d’obtenir les rushes, c’est-à-dire l’intégralité des images filmées. « Parce que nous n’avons rien à nous reprocher, nous avons adressé par voie d’huissier une sommation pour obtenir les rushes », a-t-il insisté.
Aymeric Caron accuse une défense biaisée
Cette intervention n’a pas convaincu tout le monde, à commencer par Aymeric Caron, qui s’est empressé de réagir sur X. Dans un message très critique, il accuse le journaliste d’avoir utilisé l’antenne de C à vous à son avantage : « Ce que fait Patrick Cohen, c’est juste utiliser l’antenne pour dérouler sa défense, sans la moindre contradiction. C’est tout bénef. » Selon lui, l’émission aurait dû prendre davantage de distance et confier l’interview à un journaliste extérieur, afin de respecter un minimum de neutralité. « Si vraiment C à vous voulait revenir sur l’affaire, elle devait faire interviewer Cohen par un journaliste invité, sans lien avec l’émission », a-t-il estimé. Caron en profite également pour rappeler que Thomas Legrand avait été sanctionné pour une séquence similaire, pointant du doigt une différence de traitement qui ne manque pas d’alimenter les débats sur l’éthique journalistique.
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Un débat sur l’indépendance des journalistes
Cette polémique soulève une question plus large : jusqu’où un journaliste peut-il aller pour se défendre publiquement sans rompre la confiance du public ? Pour ses soutiens, Patrick Cohen n’a fait que répondre à des attaques infondées, dans un contexte de manipulations médiatiques. Pour ses détracteurs, en revanche, le simple fait d’utiliser une émission à forte audience pour donner sa version des faits constitue déjà un abus. Entre accusations de parti pris politique, dénonciations de vidéos « montées » et contre-attaques virulentes, l’affaire illustre à quel point le débat autour de la neutralité médiatique est sensible dans un paysage audiovisuel français de plus en plus polarisé.
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