Depuis quelques jours, une polémique enflamme le monde médiatique et met France Inter sous pression. La diffusion par le média d’extrême droite L’Incorrect d’une vidéo où apparaissent Patrick Cohen et Thomas Legrand a provoqué une onde de choc au sein de la première radio de France.
Entre accusations de partialité, pressions politiques et retrait d’un journaliste emblématique, la situation tourne à la crise ouverte.
La décision radicale de Thomas Legrand
Dans un message publié sur X (ex-Twitter), Thomas Legrand a annoncé qu’il mettait fin à sa participation au débat hebdomadaire de France Inter. « Il m’est désormais impossible d’assurer sereinement ce rendez-vous », a-t-il expliqué, quatre jours après la mise en ligne de la vidéo controversée. Connu pour ses chroniques politiques sur France Inter mais aussi pour ses contributions à Libération, le journaliste précise avoir pris cette décision « de son seul fait ». Son choix est motivé par un refus de débattre « avec des élus du RN, de la droite ou de La France insoumise » dans un climat où chaque échange serait « parasité par cette affaire ». À droite de l’échiquier politique, certains voient dans cette démission une victoire symbolique, renforçant l’idée que la station publique serait en difficulté face aux critiques récurrentes sur son impartialité.
Des tensions internes à France Inter
En interne, cette affaire a mis le feu aux poudres. D’après une enquête publiée par Mediapart, plusieurs représentants syndicaux se sont mobilisés pour alerter la direction de Radio France. L’inquiétude ? Que le retrait de Thomas Legrand soit perçu comme une concession dangereuse face aux attaques de l’extrême droite. « Beaucoup de rendez-vous ont été pris avec la direction pour faire passer le message que lâcher Thomas constituerait un grave précédent », rapporte une représentante syndicale. Le sentiment dominant au sein de la rédaction est celui d’une réaction trop rapide de la part de la direction, qui risquerait d’alimenter encore davantage les soupçons de partialité. Une voix anonyme, citée par Mediapart, résume l’état d’esprit de nombreux journalistes : « On a une direction qui, sous couvert de ne pas nourrir la bête, préfère faire profil bas ou surréagir par précaution. Sauf que ça nous revient toujours en boomerang. »
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Les extraits qui posent problème
Au cœur de la polémique, deux extraits précis de la vidéo. Dans le premier, Thomas Legrand affirme « faire ce qu’il faut pour Dati », une phrase jugée compromettante. Dans le second, il assure que le « centre-droit centre-gauche » représente une part importante de l’audience de France Inter. Pour la direction, ces passages « peuvent laisser à penser que notre antenne est instrumentalisée à des fins partisanes ». C’est la raison pour laquelle la radio a réagi dès le vendredi soir, avant même le tweet de Rachida Dati, qui avait enflammé les réseaux sociaux. Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, a tenu à rappeler que « le procédé de L’Incorrect est scandaleux et illégal ». Mais elle reconnaît que les extraits « soulèvent des questions légitimes sur l’impartialité et la neutralité du service public ».
Patrick Cohen soutenu par certains
Face à la tempête, Patrick Cohen, lui aussi impliqué dans la vidéo, a reçu le soutien du comité d’éthique de France Télévisions. Selon cet organe indépendant, le journaliste n’a pas commis de faute dans cet enregistrement. Ce soutien ne suffit pas à apaiser les critiques. Les adversaires de France Inter dénoncent une ligne éditoriale biaisée, tandis qu’une partie de la rédaction craint que la direction ne cède trop facilement à la pression.
En résumé
La diffusion de cette vidéo compromettante a plongé France Inter dans une crise inédite. Entre la démission de Thomas Legrand, les accusations visant Patrick Cohen et les tensions internes sur la stratégie à adopter, la station est désormais au cœur d’un débat explosif sur la neutralité du service public. Une polémique qui illustre la fragilité des médias face à la puissance des réseaux sociaux et aux offensives politiques, où chaque mot peut être utilisé comme une arme.
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