Quand les vacances riment avec maladie
C’est un paradoxe qui frustre des milliers de salariés chaque année : après des mois de travail intense, on attend avec impatience le repos bien mérité des vacances… mais à peine le départ amorcé, la maladie s’invite. Fièvre, toux, fatigue ou état grippal : les premiers jours de congés ressemblent parfois plus à une convalescence qu’à une parenthèse ensoleillée.
Ce phénomène porte un nom : le « syndrome du paradis ». Et il est si courant qu’il a récemment été reconnu par la Cour de cassation, qui a décidé qu’un salarié tombant malade pendant ses congés payés pouvait reporter ses jours de vacances à la fin de son arrêt.
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Un mécanisme physiologique, pas psychologique
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas « dans la tête ». Le docteur Carla Valette, interne en médecine générale, insiste : « Ce n’est pas du tout psychologique, c’est physiologique. » En cause : les hormones de stress et l’adrénaline produites en période de travail intense, qui maintiennent le système immunitaire en éveil.
Résultat ? Pendant l’année, les personnes concernées tombent rarement malades. Mais une fois les vacances entamées, la pression redescend, le corps baisse la garde et devient soudainement plus vulnérable aux virus et aux infections. Le docteur Bernard Salengro, médecin du travail à Nice, souligne que ce phénomène s’est accentué avec l’arrivée des ordinateurs portables, smartphones et télétravail, qui empêchent de couper complètement du boulot.
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Des témoignages parlants
Michel, journaliste sportif de 54 ans, en a fait les frais à plusieurs reprises : « Chaque fois que je posais mes vacances après le Tour de France, je tombais malade dès le premier jour. Cette année encore, j’ai passé une journée entière au lit en Ardèche, alors qu’il faisait canicule dehors. » Même scénario pour Désirée, jeune Lilloise, qui raconte : « Souvent, ça me prend dès l’avion : fièvre, toux, maux de tête… En Sicile, j’ai dû faire des inhalations au-dessus d’une casserole d’eau bouillante alors qu’il faisait 30 degrés. » Ces récits illustrent combien le « syndrome du paradis » peut gâcher des congés attendus de longue date.
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Peut-on l’éviter ?
La mauvaise nouvelle, c’est qu’il n’existe pas de remède miracle. « On ne peut pas avaler une pilule avant de partir en vacances pour éviter de tomber malade », plaisante Carla Valette.
Mais quelques pistes permettent de limiter les risques :
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Éviter le flux tendu au travail toute l’année, pour ne pas arriver totalement épuisé au moment des congés.
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Prendre soin de soi régulièrement (sommeil, alimentation équilibrée, sport) plutôt que de tout miser sur les vacances.
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Si possible, poser trois semaines consécutives : la première sert souvent à décompresser, les suivantes permettent de profiter pleinement.
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Un signal à prendre au sérieux
Derrière son nom presque poétique, le syndrome du paradis n’est pas anodin. Il illustre la manière dont la charge mentale et le stress permanent fragilisent la santé sur le long terme. Voir son corps « lâcher » dès les vacances devrait être interprété comme un signal d’alerte, invitant à repenser son rapport au travail et au repos. Car si le travail rend malade, les vacances ne devraient pas aggraver le problème. Trouver un équilibre, préserver du temps de récupération tout au long de l’année et apprendre à décrocher réellement sont peut-être les meilleurs antidotes pour échapper à ce syndrome bien trop répandu.
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