Ce lundi, l’Assemblée nationale s’apprête à vivre un moment historique. Près de neuf mois après son arrivée à Matignon, le Premier ministre François Bayrou va solliciter la confiance des députés, au terme de son discours de politique générale.
Mais sauf miracle politique, le scénario semble déjà écrit : il pourrait devenir le premier chef du gouvernement de la Ve République à échouer dans cet exercice.
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Un rituel jamais sanctionné depuis 1959
Depuis la création de la Ve République, l’article 49.1 de la Constitution a été utilisé à 41 reprises par les Premiers ministres pour engager la responsabilité de leur gouvernement. À chaque fois, les députés ont accordé leur confiance. Le tout premier à s’y risquer fut Michel Debré, en janvier 1959, avec succès. Depuis, tous ses successeurs ayant choisi de passer par cet exercice ont obtenu le soutien nécessaire, même lorsque la majorité était fragile. Si François Bayrou échoue aujourd’hui, ce sera une grande première en plus de soixante ans d’histoire institutionnelle.
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Des votes parfois très serrés
L’histoire parlementaire retient cependant des votes de confiance particulièrement tendus. Jacques Chirac, en période de cohabitation avec François Mitterrand, en fit l’expérience à plusieurs reprises. Le 9 avril 1986, il obtient la confiance avec seulement sept voix d’écart, soit 50,6 % des suffrages. En 1987, il récidive à deux reprises et parvient à conserver son gouvernement, à chaque fois de justesse. Plus récemment, en 2014, Manuel Valls avait aussi vacillé : 269 voix pour, 244 contre et 53 abstentions. Pourtant, lui disposait d’une majorité parlementaire solide issue des législatives de 2012.
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Un exercice que beaucoup ont évité
À l’inverse, plusieurs Premiers ministres ont préféré ne pas se risquer à ce vote de confiance, conscients de la fragilité de leur majorité. Parmi eux : Élisabeth Borne, Gabriel Attal et Michel Barnier, les trois derniers locataires de Matignon avant François Bayrou. Michel Barnier avait finalement été renversé par une motion de censure, une autre première sous la Ve République.
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Bayrou face à un destin scellé ?
Nommé le 13 décembre 2024, François Bayrou est aujourd’hui fragilisé par le rejet massif de son plan d’économies budgétaires et par une majorité introuvable. Les sondages d’opinion, tout comme les déclarations des principaux partis, ne laissent guère de doute sur l’issue du vote. En cas de rejet, le Premier ministre devra présenter sa démission au président Emmanuel Macron. Ce serait un séisme politique, mais aussi une étape symbolique : pour la première fois, un Premier ministre sortirait de l’Hémicycle désavoué par les députés, ouvrant un nouveau chapitre de la Ve République.
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