C’est une affaire qui enflamme aussi bien les rédactions que la classe politique. Depuis vendredi, le journaliste Thomas Legrand se retrouve au cœur d’une polémique, après la diffusion d’une vidéo où il tient, en présence de Patrick Cohen et de cadres socialistes, des propos jugés hostiles à Rachida Dati.
Face à l’ampleur de la controverse, France Inter a décidé de suspendre l’éditorialiste politique « à titre conservatoire ».
Une vidéo volée qui relance les tensions
La séquence à l’origine du scandale a été publiée par le mensuel d’extrême droite L’Incorrect, proche de Marion Maréchal. Captée en juillet dans un restaurant parisien, à l’insu des participants, elle montre Thomas Legrand affirmant : « Nous, on fait ce qu’il faut pour [Rachida] Dati, Patrick [Cohen] et moi ». Cette phrase, interprétée comme une déclaration d’hostilité politique envers la ministre de la Culture et candidate LR à la mairie de Paris, a rapidement suscité une avalanche de réactions.
Un passif avec Rachida Dati
La polémique prend d’autant plus d’ampleur qu’elle s’inscrit dans un contexte déjà tendu. Le 19 juin dernier, Rachida Dati s’était violemment accrochée avec Patrick Cohen sur le plateau de C à vous (France 5), l’accusant de harcèlement et menaçant de lancer une enquête à son encontre. Cette nouvelle affaire a ravivé les tensions, donnant du grain à moudre aux opposants politiques et aux critiques des médias publics.
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La défense des deux journalistes
Dans un communiqué transmis à l’AFP, Thomas Legrand a reconnu des « propos maladroits », tout en insistant sur le caractère tronqué et hors contexte de l’extrait diffusé. « Je ne la combats pas politiquement. […] J’assume de m’occuper journalistiquement des mensonges de Madame Dati », a-t-il précisé.
Patrick Cohen a, de son côté, dénoncé une manipulation : « On a pris des bouts de phrase. Il n’y a pas vingt secondes de conversation suivie. C’était tout sauf une réunion conspirative. » Selon lui, le rendez-vous avait même été initié par la direction du PS, insatisfaite du traitement médiatique de son parti.
Des réactions politiques en chaîne
La diffusion de la vidéo a fait bondir Rachida Dati, qui a dénoncé des propos « contraires à la déontologie » et demandé que des sanctions soient prises.
Jean-Luc Mélenchon a parlé de « vidéo consternante » prouvant selon lui une collusion entre journalistes et PS. Marine Le Pen, elle, a accusé France Inter de se comporter comme « la succursale du Parti socialiste », allant jusqu’à évoquer l’idée d’une privatisation du service public.
Le Parti socialiste, de son côté, a réfuté toute collusion, accusant L’Incorrect d’alimenter une « lecture complotiste » du monde.
France Inter prend une décision radicale
Face à la polémique, France Inter a réagi dès vendredi soir en annonçant la suspension de Thomas Legrand. Une mesure conservatoire qui vise à apaiser la crise, en attendant d’évaluer plus précisément les suites à donner. La Société des journalistes de Radio France a dénoncé « l’instrumentalisation » de propos volés et apporté son soutien à Thomas Legrand et Patrick Cohen. Parallèlement, l’Arcom (le régulateur de l’audiovisuel) a été saisie, ajoutant une nouvelle dimension institutionnelle à ce dossier déjà explosif.
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