L’été 2025 aurait pu être studieux et discret pour la ministre de la Culture. Mais le 22 juillet, Rachida Dati a choisi une toute autre voie : celle de l’offensive. Invitée sur le plateau de LCI, elle a livré un discours d’une rare virulence contre les magistrats, les accusant de bafouer les droits de la défense dans le cadre de son renvoi en correctionnelle dans l’affaire Carlos Ghosn. Une sortie de route médiatique qui n’est pas restée sans conséquences : une semaine plus tard, un signalement officiel pour outrage à magistrat a été déposé. Et ce n’est pas tout.
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Alors que son nom était déjà cité dans une enquête pour corruption et trafic d’influence, voilà que de nouveaux éléments viennent alourdir le climat autour de la ministre. Entre attaques publiques, révélations sur des bijoux de luxe non déclarés, et soupçons sur son indépendance vis-à-vis d’un ex-patron influent, l’étau semble se resserrer. Retour sur une séquence judiciaire explosive qui pourrait bien fragiliser Rachida Dati dans les mois à venir.
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Une attaque frontale contre les magistrats
Le 22 juillet, face aux caméras de LCI, Rachida Dati dégaine. Elle évoque sans détour ce qu’elle considère comme des “atteintes graves aux droits de la défense” dans son dossier. Elle accuse certains magistrats de “marcher sur les droits fondamentaux” et affirme qu’en France, la justice ne serait plus aussi indépendante qu’on le prétend.
Des propos d’une violence rare dans la bouche d’une ministre en fonction, d’autant plus dans un contexte où elle-même est mise en cause. Si le président du tribunal judiciaire de Paris Peimane Ghaleh-Marzban et le procureur financier Jean-François Bohnert ont dans un premier temps choisi de ne pas envenimer la situation, la suite des événements a pris une tournure beaucoup plus grave.
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Un signalement pour outrage et discrédit envers la justice
Le 1er août 2025, Le Monde révèle qu’un signalement a bien été déposé le 28 juillet auprès du Parquet de Paris. Le motif ? “Outrage à magistrat en tentant de porter atteinte à la dignité et au respect dû à la fonction” ainsi que “discrédit visant la justice, de nature à porter atteinte à son autorité et son indépendance”.
À l’origine de cette alerte : Raymond Avrillier, ancien élu écologiste à Grenoble et lanceur d’alerte notoire. L’homme est déjà connu pour avoir contribué à révéler plusieurs affaires de corruption, notamment celle des sondages de l’Élysée sous Nicolas Sarkozy. Et cette fois, il vise personnellement Rachida Dati, qu’il accuse de franchir une ligne rouge en attaquant ouvertement la magistrature.
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Des bijoux de luxe offerts par un ex-patron… et non déclarés ?
Mais cette affaire ne s’arrête pas là. Toujours selon les révélations de Libération, Raymond Avrillier avait déjà effectué un premier signalement en juin 2025, cette fois à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Il y dénonçait la non-déclaration de 19 bijoux de luxe estimés à 420 000 euros, offerts entre 2017 et 2023 par Henri Proglio, ancien PDG de Veolia et EDF, présenté comme un ex-compagnon de Rachida Dati.
Ces cadeaux somptueux n’apparaîtraient pas dans les déclarations officielles de patrimoine que la ministre devait remettre en 2024 et 2025. Du côté de l’entourage de Rachida Dati, on explique qu’elle aurait offert ces bijoux à des proches avant sa nomination au ministère, et donc avant l’obligation légale de déclaration. Une ligne de défense qui risque d’être scrutée de très près par les instances compétentes.
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La ministre peut-elle encore faire front ?
Entre les accusations de trafic d’influence dans le dossier Carlos Ghosn, les attaques contre la magistrature, un signalement pour outrage, et désormais la question sensible des bijoux non déclarés, la position de Rachida Dati devient de plus en plus délicate. Bien qu’elle continue de clamer son innocence et dénonce un “harcèlement judiciaire et médiatique”, la pression judiciaire comme politique pourrait devenir insoutenable.
Depuis son retour en grâce en janvier 2024 avec sa nomination au ministère de la Culture, Rachida Dati semblait avoir retrouvé une place stratégique dans le gouvernement, après plusieurs années d’éloignement relatif. Mais cette séquence pourrait bien remettre en cause cet équilibre.
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Une crise politique en devenir ?
Dans un climat politique déjà tendu, la multiplication des affaires, signalements et remises en question de figures publiques ne cesse de fragiliser la parole publique. Le cas Dati, déjà très médiatisé, devient symbolique d’une époque où l’exemplarité des responsables politiques est scrutée au millimètre.
La ministre va-t-elle tenir bon ? Va-t-elle devoir s’expliquer devant la justice ? Et surtout, l’exécutif va-t-il la soutenir ou la lâcher ? Pour l’heure, le gouvernement reste silencieux, mais les prochains mois s’annoncent décisifs.
Rachida Dati a longtemps été une femme politique redoutée, charismatique et offensive. Mais aujourd’hui, les lignes ont bougé. Et si la ministre a toujours su se battre, cette fois, c’est tout un système judiciaire qui pourrait bien s’opposer à elle.
Découvrez maintenant Rachida Dati répond aux soupçons : « Tout ce que j’ai, je l’ai gagné » et "Vous m’emmerdez, vous êtes des voyous" : Rachida Dati explose face aux journalistes de Complément d’enquête.
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