La scène est digne d’un thriller politique. Ce vendredi 1er août 2025, Donald Trump a une nouvelle fois fait trembler l’appareil étatique américain en réclamant et obtenant le renvoi d’Erika McEntarfer, cheffe de la principale agence de statistiques économiques des États-Unis. En cause : la publication de chiffres décevants sur l’emploi, que le président juge non seulement "erronés", mais surtout « volontairement truqués » pour nuire à son image et à celle du Parti républicain.
Entre accusations de manipulation, pression sur la Réserve fédérale, et démission surprise au sein de la Fed, ce nouvel épisode révèle les tensions croissantes entre Donald Trump et les institutions économiques américaines, à quelques mois d’une présidentielle ultra-scrutée.
Une décision brutale qui fait polémique
C’est sur sa plateforme Truth Social que Donald Trump a annoncé la nouvelle avec son ton caractéristique. « Je viens d’apprendre que les chiffres de l’emploi de notre pays sont réalisés par une personne nommée par Joe Biden, Dr. Erika McEntarfer (...) qui a truqué les chiffres avant l’élection pour favoriser Kamala Harris », a-t-il affirmé. Il accuse la responsable d’avoir sciemment amplifié les mauvais résultats pour donner l’image d’une économie en crise et affaiblir la position des Républicains.
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Le rapport mensuel publié vendredi matin révélait en effet un net recul du marché de l’emploi aux États-Unis, avec des révisions à la baisse des chiffres de mai et juin, ramenant la création d’emplois à son plus bas niveau depuis la pandémie. Une annonce qui fragilise directement le discours économique du président, lequel martèle depuis des mois que les États-Unis connaissent une reprise spectaculaire sous sa présidence.
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Un climat économique plus fragile que prévu
La réalité semble pourtant plus nuancée. Selon plusieurs économistes, le marché du travail américain montre des signes de ralentissement inquiétants. Certains n’hésitent pas à parler de changement de cycle, avec des créations d’emploi inférieures aux attentes, un taux de participation qui stagne et des licenciements en hausse dans certains secteurs, notamment la tech et la distribution.
Dans ce contexte, le rapport du Bureau of Labor Statistics (BLS), dirigé par Erika McEntarfer, tombe comme un couperet. D’autant que les révisions à la baisse des mois précédents sont inhabituelles par leur ampleur. Pour l’administration Trump, c’en est trop : les chiffres sont remis en cause, et avec eux, ceux qui les publient.
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« Une dérive autoritaire », dénoncent les économistes
La décision de Donald Trump de renvoyer brutalement Erika McEntarfer a immédiatement suscité une vague d’indignation dans les milieux économiques et politiques. Larry Summers, économiste influent et ancien secrétaire au Trésor, a dénoncé « une dérive autoritaire ». Selon lui, « renvoyer une responsable d’agence indépendante pour des raisons politiques, parce que les chiffres ne vous plaisent pas, ce n’est pas ce qu’on attend d’une démocratie ».
Même ton du côté de Bernie Sanders, sénateur de gauche, qui a réagi en déclarant : « Il nous faut des économistes sérieux à la tête de ces agences, pas des laquais qui disent ce que le président veut entendre. » Pour lui, cette éviction traduit un mépris des faits et des institutions, qui affaiblit la crédibilité de l’administration Trump à l’international.
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Trump resserre son emprise sur la Réserve fédérale
Au-delà des statistiques, c’est la politique monétaire que Donald Trump cherche désormais à maîtriser. Depuis plusieurs mois, le président multiplie les attaques contre la Réserve fédérale (Fed), lui reprochant de ne pas baisser les taux d’intérêt malgré le ralentissement économique.
Or, la Fed vient de maintenir ses taux stables pour la cinquième fois consécutive, soulignant des risques persistants sur l’inflation. Une décision qui contrarie Trump, qui veut relancer le crédit et la consommation à l’approche des élections.
Coup de théâtre supplémentaire : Adriana Kugler, l’une des gouverneures de la Fed, a annoncé sa démission ce vendredi, sans en préciser la raison officielle. Ce départ ouvre la voie à une nouvelle nomination présidentielle, renforçant potentiellement l’influence de Trump au sein de l’institution. Et ce dernier ne compte pas s’arrêter là : il exige désormais la démission de Jerome Powell, patron de la Fed, en poste depuis 2018.
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Une campagne électorale sous haute tension
Ces développements s’inscrivent dans une campagne présidentielle de plus en plus tendue, où chaque donnée économique devient un enjeu politique. Les chiffres de l’emploi, du PIB, de l’inflation ou encore de la consommation sont scrutés à la loupe, et toute mauvaise nouvelle est perçue comme une menace directe pour la réélection de Trump.
Mais la méthode employée interroge : peut-on limoger les messagers pour dissimuler une réalité économique complexe ? Beaucoup craignent que ce précédent crée une culture de la peur au sein des agences fédérales, avec des fonctionnaires tentés de « lisser » les chiffres pour éviter les représailles.
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Erika McEntarfer : une économiste réputée
La mise en cause d’Erika McEntarfer a d’autant plus choqué qu’elle est respectée dans le milieu universitaire et économique. Docteure en économie, spécialisée dans l’analyse du marché du travail, elle a travaillé pendant des années au sein de différentes institutions avant d’être nommée à la tête du Bureau of Labor Statistics (BLS) sous l’administration Biden.
Aucune preuve n’a été avancée pour étayer les accusations de Trump. Les révisions de chiffres publiées vendredi sont le résultat, selon plusieurs experts, d’un manque de moyens humains et technologiques, problème régulièrement souligné par la fédération américaine d’économistes NABE. Cette dernière a d’ailleurs rappelé que les erreurs statistiques ne sont pas rares, mais qu’elles sont corrigées en toute transparence, conformément aux bonnes pratiques internationales.
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Les agences statistiques en danger ?
Avec ce limogeage spectaculaire, c’est toute la neutralité scientifique des données économiques américaines qui est remise en question. Une politisation des chiffres, dénoncée par de nombreux chercheurs, qui y voient une menace à la transparence et à la fiabilité des informations économiques.
Le risque, selon les observateurs, serait de voir se multiplier les pressions politiques sur les institutions de mesure, qu’il s’agisse du chômage, de la croissance, du climat ou encore de la santé publique. Autrement dit, une altération des faits pour servir le récit politique, à l’image de certains régimes autoritaires.
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Et maintenant ?
La Maison-Blanche n’a pas encore annoncé qui remplacera Erika McEntarfer, mais plusieurs noms proches de Donald Trump circulent déjà. Parmi eux, des profils moins académiques, mais davantage en phase avec la ligne présidentielle.
Reste à savoir si ce virage assumé aura des conséquences dans les urnes. Donald Trump joue gros : son discours économique est l’un de ses piliers de campagne, et les chiffres du chômage sont un baromètre symbolique de la réussite ou non de sa politique. Si le marché de l’emploi continue de faiblir, le président ne pourra pas éternellement accuser les statisticiens.
En résumé, le renvoi d’Erika McEntarfer par Donald Trump après la publication de mauvais chiffres sur le chômage révèle une stratégie de contrôle renforcé sur les données économiques. Tandis que la Fed résiste aux pressions présidentielles et que l’économie montre des signes d’essoufflement, les institutions américaines sont mises à rude épreuve. Reste à savoir si l’opinion publique acceptera cette nouvelle ère de gouvernance musclée, ou si ce tournant autoritaire précipitera une nouvelle crise de confiance.
Découvrez maintenant la photo de Jordan Bardella en vacances avec un chroniqueur de TMTP fait le tour du web et Charles III consterné par Donald Trump : pourquoi sa prochaine visite s’annonce explosive.
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