Culture

Ses cris, ses colères, ses exclusions : ce qu’on ne savait pas sur Loïs Boisson

17 juin 2025 - 14 : 54
par Mylène Loïs Boisson, révélée à Roland‑Garros, a souffert d’un comportement impulsif dans sa jeunesse. Son ex‑entraîneur et un préparateur mental reviennent sur ses craquages et sa transformation.

Quand Loïs Boisson a surgi sur les courts de Roland‑Garros, prête à renverser les géantes du tennis mondial, le monde a découvert une joueuse d’une assurance surprenante. Elle a battu Jessica Pegula puis Mirra Andreeva pour atteindre les demi‑finales dès sa première participation au Grand Chelem, laissant translucider une force intérieure rare dans ce sport exigeant.

Loïs Boisson calmée, l’analyse d’un coach mental sur sa métamorphose

Ce portrait émerge après un parcours pourtant loin d’être lisse. Comme le raconte Patrick Larose, son premier entraîneur dès l’âge de huit ans, Loïs était une bombe au potentiel qualifié d’exceptionnel, mais terriblement impétueuse. À chaque échec, la frustration l’emportait, et elle ne supportait pas de ne pas réussir du premier coup. Un tempérament explosif qui la conduisait parfois à casser ses raquettes et à être évincée des entraînements.

Cette anecdote contraste fortement avec la joueuse calme et concentrée qu’on a vu évoluer sur la terre battue parisienne. Car si ses frappes puissantes ont marqué les esprits, c’est surtout sa sérénité intérieure qui a émergé comme une arme redoutable, écho d’un long cheminement intérieur.

Quand le talent brut bute contre la colère

Dès septembre 2011, Patrick Larose repère chez cette petite fille originaire de Dijon un don hors norme. Après avoir pris une raquette pour la première fois, elle renvoie une balle en retour, immédiat, précis. Moins de deux minutes suffisent pour que le futur s’annonce. Mais derrière ce talent naissant se cache une colère impétueuse, née de l’exigence de la perfection.

Dans ses souvenirs, Larose évoque la difficulté qu’il avait à gérer cette rage de bien faire. Quand Loïs ne réussissait pas un geste technique, la frustration explosait et entraînait des réactions vives. « Il fallait la sortir du court », raconte-t‑il, non pas par punition, mais pour éviter l’escalade destructive.

Ces scènes, loin d’être anecdotiques, montrent l’une des facettes de son jeu : une exigence intransigeante, un besoin viscéral de maîtriser son environnement, qui l’amène parfois à se perdre dans les éclats de colère.

Un coach mental pointe des erreurs d’approche

Sur ces débuts tumultueux, c’est Ronan Lafaix, préparateur mental de joueurs comme Gilles Simon ou Corentin Moutet, qui tire la sonnette d’alarme. Selon lui, exclure une enfant prometteuse pour son caractère est une erreur grave. Il décrit ce choix comme symptomatique d’une culture technique trop rigide, incapable d’embrasser la particularité émotionnelle d’une championne en devenir.

Lafaix va plus loin : en érigeant la discipline et l’obéissance comme remèdes, on risque de briser des talents qui s’expriment autrement. Ce n’est pas la faute de Larose, mais plutôt celle d’un système qui préfère la conformité au potentiel explosif. À ses yeux, Loïs faisait partie de ces "gens-là" dont le rêve mérite d’être protégé, non réprimé.

L’action louée aujourd’hui, notamment par Sébastien Durand – qui travaille avec elle – montre qu’entourée par un petit collectif bienveillant, la Dirigeante de Talent s’est transformée, faisant émerger ses qualités sans étouffer sa nature.

De l’agressivité frustrée à un calme intérieur d’acier

Car la métamorphose est tangible. Larose lui-même l’a remarqué : aujourd’hui, Boisson affiche un calme intérieur étonnant, une sérénité nouvelle, même si, selon lui, "ça doit bouillir dans sa tête". Cette maîtrise tranquille, si visible sur les courts, est le fruit d’un travail mental profond, d’un ajustement qui a permis de canaliser l’énergie brute en force adaptée.

La joueuse qui jadis jetait ses raquettes est devenue une jeune femme capable de puiser dans ses émotions comme d’un carburant, non comme d’un poison. Une transformation qui illustre une vérité essentielle : le talent doit être accompagné, pas réprimé.

Une réussite à Roland‑Garros façonnée en coulisses

Avec sa demi‑finale à Roland‑Garros, Boisson a confirmé que ce travail porte ses fruits. À seulement 361e mondiale, elle devient la première Française dans le dernier carré depuis 2011. Une performance d’autant plus impressionnante que le public n’a vu qu’une joueuse sereine, concentrée et puissante.

Mais en réalité, chaque coup, chaque victoire invisible est le résultat d’un parcours intérieur long et complexe. Ce calme affiché est le reflet d’un accompagnement adapté : un coach mental dans l’ombre, un entourage restreint mais soudé, et la prise de conscience que la gestion de la rage est une force, pas une faiblesse.

Au‑delà du tennis, un modèle de résilience

Au‑delà de son talent sportif, Loïs Boisson incarne une leçon de vie : transformer ses failles en forces, apprendre à se connaître, et grandir avec son tempérament… au lieu de l’étouffer. Elle devient un exemple pour tous les jeunes sportifs confrontés à leur propre tension entre exigence et émotion.

Son parcours évoque aussi une évolution du tennis français, qui semble enfin comprendre que la technique seule ne suffit plus : les émotions font partie du jeu, et leur prise en compte est souvent ce qui distingue l’excellence de la performance.

Un avenir prometteur à mixer puissance et sagesse

Si son exploit à Roland‑Garros place définitivement Boisson parmi les futures figures du tennis mondial, c’est aussi la persévérance et la maturité derrière ce visage paisible qui font sa force. Elle n’est pas seulement « une bombe » sur le plan physique : elle a acquis cette stabilité mentale qui est la marque des champions complets.

Son équipe réduite et soudée porte aujourd’hui l’équilibre entre liberté émotionnelle et discipline sportive, un modèle de coaching qui valorise la singularité plutôt que la conformité. C’est sans doute cette approche qui lui permettra de franchir d’autres étapes encore supérieures dans les tournois majeurs.

Le calme visible n’est jamais un hasard

Quand on voit Boisson sur le court, on ne devine pas le chemin parcouru. Les regards sont captés par sa puissance, son calme, peut‑être même son aura. Mais ce que cette performance révèle, c’est un long travail sur soi.

D’une enfant frustrée à une demi‑finaliste sereine, son évolution illustre un point essentiel : le talent sans la maîtrise n’est qu’un feu de paille. À l’inverse, maîtriser sa vitalité sans la brider permet de déployer son plein potentiel.

Aujourd’hui, Loïs Boisson est prête à conquérir le monde, car elle a appris à se conquérir elle‑même. Et c’est à la fois son plus beau coup et son coup le plus long, celui qui pourrait façonner sa carrière pour longtemps.

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Mylène
Je suis Mylène, blogueuse, beauty addict, Rédactrice en Chef du webzine So Busy Girls et maman de 2 petits bouts. Et fana de chocolat. Et de bons polars. On avait dit "courte description" ?! Ah oui, j'ai oublié de dire que j'étais très (très très) bavarde...!