Une promesse de blocage immédiat… toujours non effective
Annoncé comme effectif dès le 4 juin 2025, le blocage des sites Pornhub, YouPorn et RedTube en France ne s’est toujours pas matérialisé. Ce matin-là, les internautes français pouvaient encore accéder sans difficulté à ces plateformes, pourtant tenues par la société canadienne Aylo.
Cette dernière s’était engagée à suspendre l’accès à ses services depuis la France, en réponse à une législation plus stricte sur la protection des mineurs. Mais l’inertie constatée depuis soulève de vives critiques, notamment du côté du gouvernement français.
Une loi en vigueur depuis mars et une tolérance zéro
Depuis mars 2025, les sites à caractère pornographique sont soumis à l’obligation de vérifier de manière fiable l’âge des utilisateurs. Le texte ne laisse plus place à l’ambiguïté : tout site ne respectant pas cette règle est passible d’un déréférencement ou d’un blocage par les fournisseurs d’accès à Internet. Cette mesure s’inscrit dans une volonté claire de protéger les mineurs de l’accès aux contenus pour adultes, particulièrement faciles à contourner jusqu’à présent.
La méthode la plus répandue, à savoir l’auto-déclaration d’âge, est jugée insuffisante, voire ridicule, par les autorités. Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Égalité entre les femmes et les hommes, l’a exprimé sans détour :
« Les enfants ne sont pas complètement idiots. Quand on leur demande juste : “Quel âge vous avez ?”, ils répondent qu’ils en ont dix-huit. »
Une déclaration choc, mais qui illustre une réalité inquiétante : la banalisation de la pornographie dès le plus jeune âge, facilitée par des dispositifs de contrôle inefficaces.
L’exigence d’une double authentification
Le gouvernement ne souhaite plus laisser de marge de manœuvre aux plateformes. La seule méthode acceptable désormais est la double authentification. Selon les propos d’Aurore Bergé, trois options principales sont sur la table pour garantir l'identité des utilisateurs :
-
La présentation d’une empreinte de carte bancaire
-
Le téléchargement d’une pièce d’identité officielle
-
L’envoi d’un selfie validé par reconnaissance faciale, sur le modèle de certaines boutiques en ligne
Chaque site est libre de choisir le moyen le plus adapté, mais le système mis en place devra répondre à des exigences techniques strictes. Faute de quoi, le gouvernement pourrait ordonner leur blocage effectif, en passant par la justice.
Pornhub, YouPorn et RedTube visés directement
Les plateformes citées par la ministre dépendent toutes du même propriétaire : la société Aylo, anciennement MindGeek. Ce géant canadien du X possède également d’autres sites à fort trafic comme Brazzers ou XVideos, qui pourraient également être concernés à moyen terme si les contrôles s’élargissent.
Dans le collimateur des autorités depuis plusieurs années pour des raisons éthiques, judiciaires et fiscales, Aylo se retrouve sous pression accrue. En choisissant de ne pas respecter la nouvelle réglementation française, le groupe prend le risque d’être déconnecté du marché hexagonal, l’un des plus importants d’Europe.
Un bras de fer stratégique
La situation actuelle s’apparente à un bras de fer entre l'État et l'industrie pornographique. Pour Aurore Bergé, il n’est plus question de laisser des multinationales imposer leurs propres règles en matière de protection des mineurs :
« Il va falloir que les plateformes aillent vérifier l’âge. Déclarer son âge ne suffit plus. »
Le ton est ferme. Cette offensive législative, soutenue par une large partie de la majorité présidentielle et plusieurs associations de protection de l’enfance, marque un tournant dans la régulation d’Internet en France.
Les réactions dans le secteur numérique
Du côté des défenseurs de la vie privée, cette exigence de double authentification suscite des inquiétudes. Plusieurs associations soulignent les risques d’atteinte à l’anonymat des internautes adultes, notamment si les plateformes stockent les données sensibles utilisées lors de la vérification.
L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), en charge du suivi des obligations légales, précise que les systèmes devront respecter les règles européennes de protection des données (RGPD). Aucun stockage ne pourra être effectué sans cryptage fort et autorisation explicite de l’utilisateur.
Des start-ups françaises comme Yoti, VerifMe ou 1Account, qui développent déjà des solutions de contrôle d’identité pour les sites sensibles, se disent prêtes à répondre à la demande. Certaines d’entre elles testent des outils déjà utilisés dans le secteur bancaire ou les jeux d’argent en ligne.
Le calendrier à venir
Pour l’instant, le blocage annoncé pour le 4 juin n’a pas été mis en œuvre, mais il ne s’agit que d’un répit temporaire. Les acteurs du secteur ont été avertis : ils doivent mettre en place des solutions concrètes sous peine de poursuites.
L'Arcom a précisé que des ultimatums techniques avaient été transmis aux plateformes en mai dernier. Si aucune mise en conformité n’est observée dans les prochaines semaines, la justice pourra ordonner la désindexation de ces sites sur les moteurs de recherche (comme Google) et leur blocage par les FAI.
Un enjeu de santé publique
Ce combat ne se limite pas à la simple régulation numérique. Pour Aurore Bergé, le libre accès à la pornographie constitue un problème de société majeur. Les conséquences sur les jeunes sont multiples : troubles de la perception du consentement, banalisation de la violence sexuelle, addiction précoce…
Le gouvernement souhaite intégrer ces préoccupations dans une politique de santé publique, en parallèle d’une éducation à la sexualité renforcée dès le collège.
La ministre rappelle que « lutter contre l’hypersexualisation des enfants passe aussi par un encadrement rigoureux du numérique. »
Les sites pornographiques vont-ils réellement bloquer l’accès ?
Si les plateformes ne prennent pas les devants, elles risquent de se retrouver purement et simplement inaccessibles en France dans les mois qui viennent. Ce scénario, autrefois impensable, devient plausible. La ministre insiste :
« S’il n’y a pas d’engagement rapide, nous irons jusqu’au bout. »
Le message est clair : le blocage n’est plus une menace lointaine, mais une mesure déjà enclenchée administrativement.
Découvrez maintenant YouPorn, Pornhub et RedTube bloquent leur accès en France : voici ce que les internautes découvriront à la place.