Culture

Roland-Garros 2025 : Ons Jabeur dénonce l'invisibilisation du tennis féminin en sessions de nuit

02 juin 2025 - 23 : 04
par Mylène Ons Jabeur critique vivement Roland-Garros pour l'absence du tennis féminin en night session. Un appel fort en faveur d'une meilleure visibilité des joueuses.

Une élimination précoce, une réaction puissante

Ons Jabeur, éliminée dès le premier tour de Roland-Garros 2025 par la Polonaise Magdalena Frech (7-6, 6-0), n’a pas mâché ses mots après sa défaite. Si la déception sportive était bien présente, c’est un autre sujet qui l’a fait sortir de ses gonds : la programmation des matchs en night session, qui selon elle invisibilise le tennis féminin.

Ons Jabeur dénonce le traitement réservé au tennis féminin à Roland-Garros

La joueuse tunisienne, connue pour son franc-parler autant que pour son talent, a poussé un véritable coup de gueule contre la Fédération française de tennis (FFT) et le diffuseur officiel du tournoi. Un cri du cœur, porté au nom de l’équité et de la reconnaissance du sport féminin.

Un déséquilibre criant dans la programmation

Depuis le début de la quinzaine, les sessions de nuit ont exclusivement été réservées aux matchs masculins. Parmi les affiches diffusées en prime-time : Ben Shelton contre Lorenzo Sonego, Jannik Sinner face à Arthur Rinderknech, Gaël Monfils contre Hugo Dellien et plus récemment Emilio Nava opposé à Holger Rune. Aucun match féminin n’a été choisi pour illuminer les soirées sur le court Philippe-Chatrier.

Une tendance qui exaspère Ons Jabeur, pour qui ce déséquilibre n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’un système qui continue de favoriser le tennis masculin.

« C’est dommage pour le sport féminin en général, pas seulement pour le tennis », a-t-elle déclaré dans des propos rapportés par L’Équipe.
« Je ne pense pas que ceux qui prennent ces décisions ont des filles, je ne crois pas qu’ils les traiteraient comme ça. »

Une accusation lourde de sens, qui remet en cause la sensibilité et la responsabilité des dirigeants dans leur rôle de prescripteurs d’images et de représentations.

Le cercle vicieux de la sous-exposition

La déclaration la plus marquante de la Tunisienne touche au cercle vicieux du manque de visibilité du sport féminin.

« Ils ne montrent pas le sport féminin, ils ne montrent pas le tennis féminin et puis ils disent : "Oui, mais les fans regardent surtout les hommes." Bien sûr qu’ils regardent plus les hommes parce qu’on montre plus les hommes, tout est lié. »

Une logique qui semble indiscutable : comment susciter l'intérêt du public si on prive les joueuses des meilleures plages horaires et de l'exposition médiatique que seule une night session peut offrir ?

Des affiches féminines pourtant spectaculaires

Et le reproche est d’autant plus fondé que cette édition 2025 de Roland-Garros a déjà offert de superbes affiches dans le tableau féminin. Ons Jabeur cite notamment le match très attendu entre Naomi Osaka et Paula Badosa, qui a tenu toutes ses promesses, mais a été relégué à une session de journée.

Elle évoque également le duel Swiatek-Osaka de l’an dernier, tout aussi digne d’une night session. Pour elle, ce choix est une occasion manquée de mettre en valeur des matchs de haut niveau, au suspense haletant et portés par des têtes d'affiche internationales.

« C’est une honte de la part de la Fédération, une honte de la part du diffuseur d’avoir signé un tel contrat », a-t-elle lancé, furieuse.

Une réaction attendue des organisateurs

La sortie médiatique d’Ons Jabeur soulève une véritable question de fond : Roland-Garros peut-il continuer à marginaliser le tennis féminin dans ses choix de diffusion ? La FFT et Amazon Prime Video, qui détient les droits des night sessions en exclusivité, n’ont pas encore officiellement répondu.

Mais cette déclaration pourrait bien bousculer l’organisation. Dès ce jeudi soir, certains espèrent que, pour la première fois de la quinzaine, une affiche féminine soit enfin programmée dans cette plage horaire très prisée.

Cela marquerait un changement de cap symbolique, voire historique, qui montrerait que la critique constructive peut porter ses fruits.

Une prise de parole saluée dans le monde du tennis

Plusieurs joueuses ont rapidement soutenu Ons Jabeur sur les réseaux sociaux, saluant son courage et la pertinence de son analyse. Dans le monde du sport, où la diplomatie est souvent de rigueur, la Tunisoise n’a pas hésité à briser un tabou persistant.

Les internautes aussi se sont emparés du sujet, nombreux à pointer du doigt cette injustice et à réclamer plus de parité dans la mise en lumière des matchs.

Un combat plus large que le tennis

Ce coup de gueule s’inscrit dans une problématique plus large que le tennis ou que Roland-Garros : celle de la place du sport féminin dans les médias. Malgré des progrès notables ces dernières années, les femmes sont toujours moins médiatisées, moins diffusées, moins sponsorisées.

Le tournoi parisien, considéré comme l’un des plus prestigieux du monde, a donc une responsabilité majeure. Donner au sport féminin l’éclairage qu’il mérite, c’est aussi envoyer un signal fort aux générations futures, aux jeunes filles qui rêvent un jour de fouler la terre battue sous les projecteurs.

En bref

Le cri d’alerte de Ons Jabeur ne s’adresse pas qu’aux organisateurs de Roland-Garros, mais à tout un système qui doit évoluer. En interpellant la Fédération et le diffuseur, elle rappelle que le tennis féminin n’a pas à se contenter des miettes, et que les femmes aussi savent faire vibrer les foules en night session.

Reste à savoir si son appel sera entendu… ou ignoré, au risque d’alimenter encore un peu plus la fracture entre deux visions du sport professionnel.

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Mylène
Je suis Mylène, blogueuse, beauty addict, Rédactrice en Chef du webzine So Busy Girls et maman de 2 petits bouts. Et fana de chocolat. Et de bons polars. On avait dit "courte description" ?! Ah oui, j'ai oublié de dire que j'étais très (très très) bavarde...!