Humeurs

Je ne suis pas une « girl »

29 janvier 2015 - 10 : 00
are-you-a-boy-or-a-girl

Tout est dans le titre : je ne suis pas une "girl" .

A vrai dire, je ne comprends pas bien comment j'ai pu un jour vouloir rentrer dans ce moule. Je crois que je fais une overdose de trucs de prétendus féminins.

Je vois fleurir les articles, les vidéos, les infographies, etc., "tout ce que les filles font mieux que les garçons", "pourquoi les garçons ne comprennent pas les filles", "7 trucs que j'envie aux garçons"... Bref, tout ce qui se rapporte à la supposée différence garçon/fille.

Au début, je trouvais ça drôle. J'aimais me présenter comme une fille, comme une femme et appartenir à ce groupe de filles bien dans leur peau, rigolotes et souriantes, sexy mais pas trop sinon ça fait pute. J'avais l'impression de devenir une vraie adulte, c'était cool.

Sauf qu'en fait, ce n'est pas cool du tout. Plus le temps passe et plus je me sens littéralement agressée par cette différence garçon/fille qui m'est balancée à la figure 7j/7. On m'a intégrée de force dans ce Nous, les filles en opposition à Eux, les garçons, sans me demander  mon avis. Et ne parlons pas de l'hétéronormativité qui me déchire le cœur de jour en jour...

Sur Internet, j'avais l'illusion de me sentir protégée. Bien à l'abri des publicités de mannequins dans le métro, des magazines féminins pour apprendre à assumer ses formes et à maigrir en même temps.

Sauf qu'en fait, quand je regarde bien, c'est pareil sur le net. Voire pire. Mode, beauté, lifestyle, maman... On fait difficilement plus genré, non ? Les filles n'écrivent pas des articles de réflexions, elles font des billets d'humeurs. Elles prennent en photo leur manucure, citent leurs marques préférées et de temps en temps, ça gueule pour l'égalité des droits. Mais pas trop, il ne faudrait pas passer pour une féministe.

Au secours.

Je me mets à remarquer toutes les petites choses fondamentalement sexistes qui fleurissent sans qu'on s'en rende compte. Je deviens parano, je me retrouve sur la défensive, à vouloir me battre contre quelque chose de trop fort pour moi.

Je ne veux plus appartenir à ce groupe. Non, je ne veux plus qu'on m'y intègre de force sous prétexte que j'ai un vagin. Je refuse que la première chose qui me définisse, ce soit mon supposé genre féminin. Je pense être assez active pour pouvoir être définie autrement. Zut, je suis une militante, une blogueuse, un écrivain, une étudiante. Si j'avais pu, j'aurais accordé tout ça au neutre.

J'ai juste envie de pousser un énorme coup de gueule. De hurler que je ne suis pas une "girl" . Parce que selon moi, les filles et les garçons ne sont pas aussi différents qu'on veut nous le faire croire.

Parce qu'il y a des filles qui aiment le bleu et des garçons qui aiment le rose. Des filles qui font de la boxe et des garçons de la danse. Des filles qui portent des pantalons et des garçons avec des jupes. Si j'avais du cran, je vous dirais même que certaines filles ont un pénis et certains garçons ont un vagin. Mais la plupart d'entre vous risquent de ne pas comprendre.

Allez, je retourne dans ma petite case féminine et je laisse le monde tranquille. Sans rancune ?
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Mademoiselle Cordélia
Cordélia tient un blog littéraire et essaye d’écrire des livres. Tu trouveras donc sur son blog des articles de lecture et d’écriture, mais tu verras que ça parle aussi de militantisme, de féminisme et de la cause LGBT+ parce qu’elle est sienne, la cause LGBT+