Lucile, 28 ans (et des poussières), en couple depuis 4 ans (enfin presque), situation financière stable (enfin presque). Pas fiancée, pas mariée, mais par moments “on” nous fait comprendre qu’il serait temps. Idem pour les enfants.
Alors là, les enfants… Bon, a priori, j’en veux. Un seul, pourquoi pas. Deux, ok. Trois… niet. Les coalitions et alliances entre frère et sœurs, les trahisons, les pactes, c’est bon j’ai donné. Deux pas plus, donc.
Elever un mini-moi, lui apprendre la vie, le voir s’émerveiller, le déguiser de manière absolument ridicule sans qu’il en ait la moindre idée, lui raconter d’énormes mythos… ça a l’air d’être juste génial, une expérience hors du commun, un nouveau sens à ma vie.
Oui mais. Il y a QUELQUES éléments qui me font douter.
1. La Maternité
Je ne suis pas sûre d’être psychologiquement, physiquement et physiologiquement prête pour endurer un ventre qui se détend jusque 100 fois sa taille originale – grosso modo. Pas prête non plus d’avoir les cuisses, le ventre, les hanches qui ressemblent à un sol en marbre de par leur nombre incroyable de vergetures développées en l’espace de quelques mois. Pas non plus pressée d’avoir la nausée tous les matins. Ou de l’acné partout (allo, j’en ai déjà suffisamment comme ça à 28 ans).
2. L’Accouchement
Après des heures de souffrances, pendant lesquelles il est fort probable que je fasse caca sur une table d’opération devant une dizaine de personnes, je dépote enfin mon gluant (comprendre : j’accouche). Dans un état alors semi-conscient, on me dépose dans les bras le résultat de 9 mois de gêne et de souffrance, qui, à ce moment-là, est, objectivement, juste un truc tout gras, tout rouge, tout gluant, tout hurlant. Et là, je me dis que je suis en train de vivre le plus bel instant de ma vie, pendant qu’on est en train de me recoudre la schneck – enfin, ce qu’il en reste. Bref, un heureux évènement.
3. L’investissement
Avoir un enfant, c’est un sacré investissement. J’ai l’impression que la liste des choses qu’on doit acheter avant est sans fin. Poussettes, lit, biberons, bavoirs, siège auto, porte-bébé, tétines, couches, chauffe-biberon, ok, depuis le début je savais. Mais là… je découvre qu’il y avait aussi des trucs aussi bizarres voire “barbares” dont je ne soupçonnais pas l’existence, naïve que je suis : TIRE- LAIT, POMPE A MORVE, CRÈME ANTI CREVASSE… Bref, j’ai hâte de dépenser des milliers d’euros là-dedans, de me trimballer avec tout un attirail ou que j’aille, de faire des calculs scientifiques pour atteindre la température parfaite pour l’eau du bain.
4. Les nouveaux parents
J’espère juste ne pas devenir une de ces nouvelles mères qui change sur Facebook son travail de “marketing manager” à “maman à temps plein”. Qui change également sa photo de profil et sa photo de couverture par une photo de son gamin. Ou mieux, qui lui crée un compte Facebook, tiens. Et Instagram tant qu’on y est, et pourquoi pas Linkedin, il est tellement mignon, bâtissons lui sa carrière de mannequin pour couches. Ou qui poste des photos de toutes les premières fois de son môme. Premier dodo. Premier petit pot. Premier caca sur le pot. Qui, pendant une soirée, parle pendant des heures des habitudes de sommeil de son mioche, ou de la dernière fois où il a vomi sur le nouveau pull de son papa.
…Enfin, je dis ça, mais je poste très souvent des photos de ma grosse Cookie. Cookie et sa petite robe. Cookie et son nouveau canapé. Cookie, c’est mon chat. Elle est aussi grosse qu’un bébé d’un mois. La nuit, quand elle miaule on va la chercher et on la réconforte. Mes parents lui parlent sur Skype, prévoient de lui envoyer un cadeau pour Noël. Vous voyez, je n’ai pas besoin d’enfants : j’ai un chat.
Bref, je m’égare. Reprenons par ordre chronologique ce qui semble me/nous attendre une fois que le fruit de nos amours est né.
5. Les Premiers Mois
Dormir 3 heures par nuit et m’estimer heureuse, m’affoler dès qu’il a le hoquet, rééduquer mon périnée, avoir mes hormones en mode anarchique, recevoir des visites non-stop alors que je ressemble plus à une larve qu’une jolie maman pour pub Pampers, me prendre la tête avec le papa car jamais il se propose de nettoyer les couches pleines, galérer pour perdre les 20 kilos pris pendant ces 9 mois. Oui, je compte m’empiffrer pendant ma grossesse. CA NE S’APPELLE PAS GROSSESSE POUR RIEN.
6. La petite enfance
Je redoute les biberons, les cris stridents au milieu de la nuit/dans les transports publics/au restaurant et les regards excédés des gens aux alentours, le « non » à tout, l’utilisation des petits pots petits pois-carottes en tant que crème pour le corps, les cacas ni dans la couche ni sur le pot… Puis les heures passées à l’écouter raconter des trucs super intéressants (aujourd’hui la maitresse m’a donné un feutre vert, mais moi je voulais un bleu, et puis même que Kenzo il l’a appelée Maman au lieu de maîtresse, c’était kro rigolo, hein maman c’est rigolo ? hein maman ?…), la peur des sorcières sous le lit, les pipis au lit, les dessins de sa famille au grand complet (y compris la grosse Cookie) sur le mur fraîchement papier-teinté du salon.
7. Et puis, de 4 à 12 ans, ça continue, pas de répit
Les bêtises en tout genre, les fights avec les frères et sœurs, les caprices au supermarché/au restaurant/dans la voiture, les insultes super violentes (caca boudin, tête de patate), les maladresses (et vladadam le service en porcelaine de mamie). A cette époque, je me rappelle de ma mère qui disait, assez régulièrement, soupirant et les yeux au ciel « faites des gosses qu’ils disaient ! ». Comme quoi.
8. Vers 12 ans, ils entrent dans l’adolescence
Menacer de fuguer (mais jamais oser parce que bon, qui va te faire à manger ?) vu que personne, PERSONNE ne les comprend, vouloir se faire percer le nez, le nombril et les oreilles, mais leur mère dit non, mais ils s’en foutent car ce sont des rebellesdonc ils se perceront les oreilles eux-mêmes puisque c’est comme ça, ils veulent aussi un tatouage, genre un tatouage Hello Kitty en bas du dos, pour être un peu sexy mais pas trop tu vois, ils sèchent les cours, ils ricanent bêtement, ils passent des heures au téléphone avec leur meilleure amie pour toute la life, ils recouvrent les murs de leur chambre de posters, écrivent des mots dans les agendas et signent “big bisous bien baveux berk bye” (enfin, c’est ce qui se faisait en 1998 quoi), volent les fonds de teint Yves Rocher de leur mère et s’en tartinent allègrement, ils se prennent pour des gothiques. Ou pour des skateurs – alors qu’ils ne tiennent pas 30 secondes sur n’importe quel objet roulant – enfin, ça c’était mon cas. Et en tant que parent, devoir supporter tout ça : « c’est les hormones, ça va passer ». LOL.
Bref. Tout ça pour dire qu’il y a quelques années, je me disais que j’aimerais bien avoir des enfants à MAX 30 ans, parce que bon, l’horloge biologique tout ça tu vois. Et puis là j’ai bientôt 29 ans 28 ans et demi, et je me dis qu’on est quand même bien tranquilles, juste nous deux, avec la grosse Cookie, personne pour nous empêcher de dormir jusque 12h si on veut, personne pour nous empêcher de nous cuiter sévère si on veut, personne qui se roule par terre au supermarché parce qu’on ne veut pas lui acheter de Pokémon ou j’sais pas quoi, pas de baby sitter à organiser, de coins de table à protéger, pas de Dora l’Exploratrice a se taper en repeat pendant 4h…
On en profite encore quelques années et on verra après ?