L’échange a été bref, mais il a immédiatement enflammé l’Assemblée nationale. Ce mercredi, Marine Le Pen a accusé le Premier ministre Sébastien Lecornu « d’instrumentaliser » la défense pour tenter de faire adopter le budget de l’État pour 2026, une accusation lourde de sens alors que les discussions budgétaires s’annoncent déjà extrêmement tendues.

Selon la cheffe de file du RN, le gouvernement profiterait du consensus national autour du renforcement des moyens militaires pour pousser une loi de finances qu’elle qualifie de « punition sociale et fiscale ». Une formule choc, calibrée pour marquer les esprits à quelques mois d’échéances politiques cruciales.
Au cœur de la polémique : un débat parallèle organisé à l’Assemblée sur les besoins de la défense, juste avant un vote symbolique destiné à montrer l’adhésion des députés à une hausse des crédits militaires. Pour Marine Le Pen, ce calendrier n’a rien d’innocent. Elle accuse Lecornu de se servir de la menace géopolitique internationale et du besoin d’investissement dans les armées comme d’un levier pour rallier une majorité au budget général, pourtant contesté par plusieurs blocs politiques.
Dans l’hémicycle, le Premier ministre défend pourtant une position qu’il juge indispensable : dans un contexte mondial instable, la France ne peut pas se permettre de ralentir ses efforts de réarmement. Il rappelle que les militaires réclament depuis longtemps une modernisation de leurs capacités, et que 2026 doit s’inscrire dans la continuité de cette stratégie.
Mais derrière les mots, l’enjeu est clair : la bataille du budget ne se jouera pas uniquement sur les chiffres. Elle sera aussi une bataille de récits. Le gouvernement veut afficher un cap de fermeté et de protection, quand l’opposition dénonce un package budgétaire global qui, selon elle, pénalise les ménages et certaines catégories sociales.
En mettant en cause l’usage politique du thème de la défense, Marine Le Pen cherche à se positionner en figure d’autorité « rigoureuse mais juste », capable d’approuver la hausse des moyens militaires tout en rejetant une loi de finances jugée déséquilibrée. Une manière de redessiner son image en vue des prochaines échéances électorales.
Reste à voir si cette stratégie trouvera un écho au-delà des cercles politiques. Mais une chose est sûre : avec cette accusation d’« instrumentalisation », la campagne autour du budget 2026 vient de s'ouvrir de manière particulièrement électrique.
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