Dans la nuit du 19 novembre, les députés ont adopté une mesure qui pourrait modifier les habitudes d’achat en ligne des Français : une taxe de 2 euros sur les “petits colis” d’une valeur inférieure à 150 euros et provenant de pays hors Union européenne.

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Derrière cette décision, le gouvernement affirme vouloir renforcer les contrôles douaniers et lutter contre l’afflux de marchandises non conformes. Mais cette nouvelle fiscalité, intégrée au budget 2026, déclenche déjà un débat politique intense.
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Une taxe adoptée après des débats électriques à l’Assemblée
La mesure a été largement approuvée : 208 députés ont voté pour, contre 87 votes contre. Sans surprise, les lignes se sont dessinées selon les clivages habituels. La majorité présidentielle, la gauche et l’UDR, groupe allié de Marine Le Pen, ont soutenu la taxe. En revanche, le Rassemblement national s’y est farouchement opposé, dénonçant ce qu’il considère comme un impôt déguisé visant les ménages modestes.
Selon Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, il ne s’agit pas d’un nouvel impôt mais d’une “redevance” destinée à renforcer la sécurité des consommateurs. Pour elle, beaucoup de colis provenant d’Asie, notamment de plates-formes comme Shein, renferment des produits non conformes, dangereux, voire illicites. Elle cite par exemple la présence sur le marché européen de poupées sexuelles pédopornographiques, un scandale qui a récemment secoué l’opinion.
Cette ligne d’argument vise à mettre en avant l’urgence d’un contrôle plus rigoureux des importations. À l’opposé, le RN estime que la mesure revient surtout à punir les consommateurs, qui se tournent vers ces plates-formes en raison de leurs prix abordables.
Une taxe présentée comme un outil de protection des consommateurs
Pour le gouvernement, cette taxe de 2 euros par colis vise à financer le renforcement des contrôles douaniers. Les fonds récoltés — environ 500 millions d’euros par an — seront consacrés à l’achat de scanners supplémentaires et au recrutement de douaniers, afin de mieux contrôler les flux de colis entrants.
Selon Amélie de Montchalin, cette politique est indispensable pour éviter que des produits dangereux inondent le marché français sans vérification préalable. Elle a d’ailleurs affirmé que la France allait appliquer cette taxe dès le 1er janvier 2026, soit neuf mois avant la plupart des autres pays européens.
Cette anticipation permet au gouvernement de se positionner comme pionnier dans la lutte contre la concurrence déloyale des géants du e-commerce extra-européen. Une concurrence accusée de fausser le marché en important des biens à prix cassés, souvent non conformes aux normes européennes.
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Marine Le Pen dénonce « une taxe sur la consommation populaire »
Les critiques de l’opposition, particulièrement virulentes, estiment que la mesure frappera d’abord les foyers modestes, grands utilisateurs de plateformes comme Shein, Temu ou AliExpress. Marine Le Pen a dénoncé un dispositif injuste : selon elle, cette taxe ne permettra pas d’augmenter significativement le nombre de contrôles.
Elle rappelle un chiffre qui a fait réagir : l’année précédente, seuls 0,125 % des colis importés ont été vérifiés. De quoi, selon elle, relativiser la promesse du gouvernement de renforcer réellement les inspections douanières.
Jean-Philippe Tanguy, député RN, va encore plus loin en affirmant que cette taxe ne cible pas la concurrence déloyale mais le pouvoir d’achat des Français. Pour lui, il s’agit d’un choix politique mal orienté, qui “pénalise les classes populaires et moyennes”.
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La gauche obtient un amendement important
Du côté de La France insoumise, la position a évolué durant les débats. D’abord réticite à soutenir un texte jugé inadapté, le groupe a finalement accepté la mesure à condition que la taxe ne soit pas directement payée par le consommateur sur chaque colis.
L’intervention de LFI a conduit à un amendement clé : la taxe pourra être prélevée via le mécanisme de la TVA, ce qui signifie qu’elle pourra être supportée par les plates-formes elles-mêmes plutôt que par l’acheteur. Le gouvernement affirme vouloir “rééquilibrer les responsabilités” en ciblant davantage les géants du e-commerce extra-européen.
Cette concession peut atténuer la colère des consommateurs tout en renforçant la pression sur les entreprises étrangères.
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Un contexte explosif : Shein au cœur de la polémique
Derrière cette nouvelle loi, un acteur revient constamment dans les discussions : Shein. La plate-forme chinoise est au cœur de nombreuses polémiques depuis plusieurs mois : produits non conformes, qualité douteuse, pratiques commerciales agressives, soupçons de contournement des réglementations, et même importation d’articles illicites.
Pour les défenseurs de la taxe, il est urgent de renforcer la surveillance douanière pour limiter l'entrée massive de produits non réglementés sur le marché européen. Selon eux, les vendeurs traditionnels — notamment les petits commerçants — subissent une concurrence immense, impossible à affronter sur le terrain des prix.
Amélie de Montchalin l’a rappelé avec force : “Ceux qui ne voteront pas cette taxe n’ont pas choisi la France. Ils auront choisi la Chine et sa submersion.”
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Une mesure alignée sur les décisions européennes
La France n’est pas seule à vouloir réguler plus strictement l’entrée des petits colis extra-européens. Les ministres des Finances de l’Union européenne ont récemment décidé de supprimer l’exonération des droits de douane pour les colis de moins de 150 euros.
Cette harmonisation européenne renforce la position française, qui entend appliquer les nouvelles règles avant les autres États membres, en montrant l’exemple.
Cette stratégie, ambitieuse, vise à accélérer la lutte contre l’importation de produits dangereux et à rééquilibrer la concurrence entre les acteurs européens et les géants asiatiques.
Un autre article controversé supprimé avant minuit
Juste avant minuit, les députés ont également supprimé un autre article du projet de loi, qui visait à fiscaliser l’ensemble des produits à fumer, qu’ils contiennent ou non du tabac ou de la nicotine. Cette suppression témoigne de l’intensité des négociations autour du budget 2026, dans lequel plusieurs mesures fiscales sont encore examinées au cas par cas.
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Une taxe qui pourrait changer les habitudes d’achat des Français
La mise en place d’une taxe de 2 euros sur chaque petit colis extra-européen pourrait avoir plusieurs conséquences concrètes :
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une hausse du coût final des petits achats à bas prix ;
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une possible réduction des commandes depuis l’Asie ;
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un renforcement des contrôles douaniers ;
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une pression accrue sur les plates-formes étrangères pour se mettre en conformité.
Reste à savoir si la mesure tiendra ses promesses en termes de sécurité, de protection des consommateurs et de lutte contre la concurrence déloyale.
Mais une chose est certaine : cette taxe de 500 millions d’euros annuels pourrait profondément transformer le paysage du e-commerce et relancer le débat sur le pouvoir d’achat.
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