L’ouverture du premier corner permanent de Shein au BHV du Marais, ce mercredi 5 novembre, devait marquer un tournant pour la marque chinoise de fast-fashion.

Shein au BHV : "C’est plus cher qu’H&M !", voici le prix d’un jean (et pourquoi ça a rendu les clients furieux)
Mais à peine inauguré, l’événement a tourné au fiasco médiatique.
Si plus de 200 personnes se sont pressées dès l’aube rue de Rivoli, beaucoup sont reparties déçues, voire en colère, face à des prix jugés bien supérieurs à ceux du site en ligne. Pour une enseigne bâtie sur la promesse de vêtements à petits prix, la pilule a du mal à passer.
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Une inauguration attendue… mais amère
Depuis plusieurs semaines, l’annonce de l’ouverture du premier corner Shein au BHV du Marais suscitait une grande curiosité. Le concept : permettre aux fans de la marque de découvrir physiquement les articles qu’ils commandent d’ordinaire sur Internet. Le lieu, d’une superficie de 1 200 m², a été aménagé au cœur du prestigieux grand magasin parisien.
Mais très vite, la fête a pris une tournure inattendue. Les clients, enthousiastes à l’idée de faire de bonnes affaires, ont été nombreux à exprimer leur déception face aux prix affichés.
Esther, une habituée de la marque, n’a pas mâché ses mots : « Je trouve que c’est une arnaque. C’est beaucoup plus cher que sur le site. Les jeans, je les achète 7-8 euros. Ici, ils sont à 25-30 euros », a-t-elle confié au micro de BFM Business. D’autres témoignages similaires se sont rapidement multipliés sur les réseaux sociaux, où la déception s’est transformée en véritable bad buzz.
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Des prix jusqu’à trois fois plus élevés qu’en ligne
Alors qu’un jean Shein coûte en moyenne 8 euros sur la plateforme officielle, les étiquettes du BHV affichaient des tarifs compris entre 25 et 30 euros. De quoi susciter un sentiment d’injustice parmi les fidèles de la marque, habitués à faire des emplettes à bas prix depuis leur smartphone.
« Je suis outrée. Les prix sont aberrants. Ce n’est pas Shein », a réagi une autre cliente. Beaucoup ont quitté les rayons sans le moindre achat, considérant que le concept de “fast fashion” à la française avait perdu tout son sens.
Mais du côté du BHV, on dément toute pratique abusive. Frédéric Merlin, le président de la Société des Grands Magasins, propriétaire du BHV, a tenu à rectifier le tir : « Les prix sont les mêmes. Chaque étiquette comporte un QR code qui renvoie vers Shein.com, et le prix est strictement identique ».
Selon lui, la différence perçue provient de la sélection spécifique d’articles proposée dans le corner parisien. Les produits vendus sur place seraient issus d’une gamme “plus haut de gamme”, adaptée à la clientèle du Marais. Autrement dit, les jeans à 30 euros seraient un choix volontaire de positionnement, et non une inflation cachée.
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Un fossé entre l’image digitale et la réalité en magasin
Le problème semble venir du choc entre deux univers : celui d’une marque numérique fondée sur les promotions flash, les ventes à la minute et les coupons de réduction, et celui d’un grand magasin parisien où l’expérience client prime sur le prix.
Dans ses boutiques éphémères précédentes, Shein misait surtout sur la curiosité. Mais cette fois, la marque ambitionne de s’implanter durablement en France avec un espace permanent. Le pari est risqué : comment séduire une clientèle habituée au tout-en-ligne sans reproduire la même expérience de prix ?
Les promotions instantanées, fréquentes sur le site, ne peuvent pas être appliquées en boutique. Un jean affiché 29,99 € au BHV peut donc, au même moment, apparaître en promotion à 12,99 € sur l’application. De quoi nourrir un sentiment de tromperie, même si la différence est juridiquement justifiée.
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Une fréquentation record malgré la polémique
Si la polémique enfle sur les réseaux sociaux, le BHV n’enregistre pas pour autant un flop commercial. Selon les premières estimations de la Société des Grands Magasins, la fréquentation a bondi de 50 % en fin d’après-midi. Le corner Shein a attiré une clientèle jeune, majoritairement féminine, curieuse de découvrir la marque en vrai.
Dans les rayons, on croise des étudiantes, des influenceuses et des touristes, smartphone à la main, scannant les QR codes pour comparer les prix. Certaines finissent par acheter malgré tout : « C’est plus cher, mais au moins, je peux essayer avant d’acheter », confie une cliente venue de Lille.
Mais à l’extérieur, l’ambiance était bien plus tendue. Des militants écologistes et féministes ont organisé un rassemblement devant les portes du grand magasin, brandissant des pancartes dénonçant la “mode jetable”, la pollution textile et les conditions de travail précaires des ouvrières dans les usines Shein.
Une image ternie par les scandales et les enquêtes
Ce coup de projecteur arrive à un moment particulièrement sensible pour la marque chinoise. Ces derniers jours, Shein est visée par une procédure de suspension en France, annoncée par le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu.
En cause : la découverte, sur la plateforme, de produits illégaux – notamment des poupées sexuelles à caractère pédopornographique et des armes prohibées. Une situation jugée inacceptable par le gouvernement, qui exige désormais que le groupe apporte la preuve de sa conformité avec la loi française.
Cette procédure inédite pourrait conduire à un blocage partiel ou total de Shein.com sur le territoire national, en cas de manquement avéré.
Dans ce contexte explosif, l’inauguration du corner parisien fait figure de provocation pour certains consommateurs et militants. Les critiques se multiplient sur les réseaux, où les hashtags #BoycottShein et #SheinGate ont été largement partagés depuis mercredi.
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Entre curiosité et colère : une ouverture sous haute tension
Pour beaucoup, l’arrivée de Shein dans un grand magasin historique comme le BHV du Marais symbolise la confrontation entre deux mondes : celui du commerce traditionnel et celui du e-commerce ultra-rapide.
Le BHV, temple du shopping parisien depuis 1856, a toujours misé sur des marques incarnant la qualité et le savoir-faire. Voir débarquer un géant de la mode jetable dans ses murs choque une partie de la clientèle historique. « Le BHV, c’était chic, c’était durable. Là, on vend du jetable à prix d’or », résume une cliente régulière, visiblement désabusée.
Et pourtant, le pari pourrait s’avérer rentable : en quelques heures, les rayons ont été pris d’assaut, les essayages se sont enchaînés, et Shein a réussi à capter un nouveau public, celui qui n’achète pas encore en ligne.
Mais la marque devra gérer une double bataille : regagner la confiance des consommateurs français, tout en prouvant sa légitimité aux yeux du gouvernement.
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En bref
L’ouverture du corner Shein au BHV du Marais devait être un coup marketing, elle s’est transformée en tempête médiatique. Entre clients déçus, prix jugés trop élevés, manifestations écologistes et procédure de suspension gouvernementale, la marque chinoise est au cœur de la tourmente.
Un paradoxe pour une enseigne bâtie sur l’accessibilité et la légèreté, désormais confrontée à un défi majeur : prouver qu’elle peut exister hors du web sans trahir son ADN.
Et si le jean à 8 euros devenait finalement le symbole d’une époque révolue, où la mode se consommait sans se poser de questions ?
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