Elle fait partie de ces actrices dont la parole a du poids, parce qu’elle a traversé les décennies sans jamais tricher. À 59 ans, Karin Viard a choisi de revenir sur ses débuts dans le métier dans une interview accordée à Marie-Claire, et ses propos ont profondément marqué les esprits.

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Entre harcèlement, sexisme et culpabilité intériorisée, la comédienne met des mots justes — et courageux — sur des comportements longtemps tus dans le monde du cinéma.
Avec sa franchise habituelle, l’actrice évoque sans détour ce qu’elle a subi, mais aussi les mécanismes de soumission et de silence qui régnaient dans le milieu artistique à l’époque. Une parole rare, sincère et précieuse, à l’heure où les témoignages de femmes sur leurs expériences passées continuent de bouleverser la société.
Une époque où la violence était banalisée
Quand elle évoque ses débuts, Karin Viard ne cherche pas à édulcorer la réalité. Elle parle d’un monde où certains comportements masculins étaient si profondément ancrés qu’ils semblaient « normaux ». L’actrice confie avoir accepté des situations qui, aujourd’hui, lui paraissent impensables. « J’étais biberonnée à des comportements que je trouvais normaux », raconte-t-elle.
Mais la phrase la plus marquante de son entretien, celle qui glace, c’est celle-ci :
« Je n’ai pas trouvé anormal de coucher avec un mec qui me harcelait, en me disant : ‘Je vais lui donner ce qu’il veut, il arrêtera de m’emmerder.’ »
Ces mots crus, empreints de lucidité et de tristesse, disent toute la pression et la culpabilité que de nombreuses femmes ont pu ressentir à cette époque, dans un environnement où refuser pouvait signifier compromettre sa carrière.
En s’exprimant sans détour, Karin Viard ne cherche pas à se faire plaindre, mais à dénoncer un système dans lequel la peur et la soumission étaient souvent les seules armes disponibles.
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Le poids du sexisme ordinaire dans le cinéma
Ce que décrit Karin Viard, c’est une époque où le sexisme n’était pas seulement toléré, mais intégré. Elle raconte avoir trouvé « normal » que les hommes soient mieux payés, ou que les femmes soient priées de se montrer « rassurantes » face à leurs collègues masculins.
« Je ne trouvais pas anormal qu’on rassure les hommes en les payant plus », explique-t-elle, amère.
Cette confession, d’une honnêteté désarmante, illustre à quel point les inégalités structurelles ont longtemps été intériorisées. Dans son discours, il y a à la fois une culpabilité rétrospective — celle d’avoir participé malgré elle à ce système — et une immense lucidité sur la manière dont le patriarcat infiltrait les moindres recoins de la vie professionnelle, notamment dans le cinéma.
Aujourd’hui, elle reconnaît qu’il a fallu du temps pour prendre conscience de cette normalisation de la domination masculine, et elle salue celles et ceux qui osent désormais refuser de s’y plier.
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Une parole courageuse dans un climat encore sensible
Ce n’est pas la première fois que Karin Viard prend la parole sur des sujets sensibles. Déjà, lors de l’affaire Depardieu, elle avait évoqué la complexité du débat, appelant à la nuance et au respect de la parole des femmes.
Mais cette fois, c’est de sa propre histoire qu’il s’agit. Et cela donne une tout autre portée à son témoignage. En révélant qu’elle a accepté « d’aller trop loin » pour retrouver la paix, la comédienne met en lumière une réalité glaçante : celle d’une génération de femmes pour qui l’autoprotection passait parfois par la soumission.
Ses propos résonnent comme un rappel de ce que le cinéma, malgré son aura de glamour et de liberté artistique, a longtemps dissimulé : une culture d’abus, de rapports de force et de silences contraints.
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L’évolution des mentalités grâce à la nouvelle génération
Malgré la gravité de ses confidences, Karin Viard ne s’enferme pas dans le passé. Elle se dit profondément admirative des jeunes acteurs et actrices avec qui elle travaille aujourd’hui.
« Ces jeunes acteurs m’amènent à penser différemment. Je dois dire que je suis épatée par cette génération », confie-t-elle.
Elle souligne leur assurance, leur manière de refuser les compromis, de poser leurs limites et d’assumer des valeurs féministes sans peur d’être jugés. Une évolution qu’elle trouve salutaire, et qui la pousse elle-même à reconsidérer sa place dans ce milieu qu’elle connaît si bien.
« Moi, ma génération, la vieille actrice de 50 ans, elle ne jouait pas dans ma cour », ajoute-t-elle avec humour. « Ces jeunes femmes ne me parlent pas comme si j’avais leur âge, mais s’il y a de l’amitié possible, je trouve ça génial. »
Une phrase qui en dit long sur la transmission et la solidarité entre générations, essentielle pour que les progrès réalisés ne s’effacent pas.
« Woke n’est pas un gros mot » : un engagement assumé
Connue pour son franc-parler, Karin Viard n’a jamais eu peur de défendre ses convictions, même si cela lui vaut parfois des critiques. Interrogée sur les mouvements féministes et la culture woke, souvent décriée, elle assume pleinement son soutien.
« Non seulement woke n’est pas un gros mot, mais c’est une vision du monde que je trouve extrêmement valable », affirme-t-elle.
Des mots qui tranchent avec la frilosité de certains artistes face à ce terme devenu polémique. Pour elle, ce mouvement a permis une prise de conscience collective sur les rapports de pouvoir, le consentement et les inégalités, pas seulement entre les sexes, mais aussi dans la société au sens large.
L’actrice salue ce qu’elle appelle « un changement profond de société, de rapport entre les sexes, de regard sur le vivant et la planète ».
Un rôle féministe dans “La Maison des femmes”
Son prochain projet, La Maison des femmes, réalisé par Mélisa Godet et prévu pour mars 2026, s’inscrit dans cette continuité. Karin Viard y donne la réplique à Laetitia Dosch et Eye Haïdara, dans une œuvre qu’elle décrit comme « radicalement féministe ».
« J’ai tourné avec des femmes féministes et j’ai adoré ça », confie-t-elle.
Ce film promet d’être une ode à la sororité et à la reconstruction, des thèmes chers à l’actrice, qui a toujours su allier engagement et sincérité dans ses choix de rôles.
Après des années à dénoncer les clichés et à incarner des femmes fortes, complexes et imparfaites, Karin Viard continue d’évoluer dans un cinéma qui, lui aussi, cherche à se réinventer.
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En résumé : une voix libre et essentielle
À travers cette interview, Karin Viard signe un témoignage d’une rare puissance. Sans chercher à choquer, elle raconte simplement — avec courage et lucidité — ce que beaucoup ont vécu sans oser le dire.
Ses mots résonnent comme une mise en garde, mais aussi comme un espoir. Car si le monde du cinéma a longtemps été un miroir déformant de la société, il est aujourd’hui en train de devenir un lieu d’expression plus libre, plus juste et plus égalitaire.
Et dans cette transformation, la parole d’une actrice comme Karin Viard, sincère, directe et profondément humaine, compte plus que jamais.
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