Invitée sur le plateau de C à vous ce samedi 1er novembre, Sheila est revenue sur les rumeurs transgenres qui ont marqué sa carrière et profondément affecté sa vie personnelle.
L’icône de la chanson française, aujourd’hui âgée de 80 ans, a tenu à apporter son soutien à Brigitte Macron, elle aussi victime de théories délirantes et de cyberharcèlement depuis plusieurs années.
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Quand Sheila vivait le même enfer que Brigitte Macron
« Il n’y avait pas les réseaux sociaux à l’époque, mais la violence était la même », a rappelé Sheila, visiblement émue, face à Anne-Élisabeth Lemoine. Dans les années 1960, alors qu’elle est l’une des chanteuses les plus populaires de France, une rumeur absurde et transphobe se met à circuler : Sheila serait un homme.
L’origine de cette théorie remonte à un article publié en 1964 par Gérard de Villiers, qui affirmait que la chanteuse suivait un traitement hormonal suspect après un malaise sur scène. Le bruit court alors qu’elle aurait été opérée pour changer de sexe.
Très vite, la rumeur enfle et envahit les journaux, les cafés, les écoles et les foyers français.
On la dit « transformée en femme », certains vont même jusqu’à contester sa grossesse en 1975, prétendant qu’elle portait un faux ventre pour cacher une adoption.
Épuisée et humiliée, Sheila avait fini par filmer son accouchement pour prouver qu’elle portait bel et bien son enfant. Mais la blessure, elle, ne s’est jamais refermée.
“Si t’es pas solide, tu t’en remets pas”
Soixante ans plus tard, la chanteuse confie que ces rumeurs ont laissé des séquelles psychologiques durables. « On devient fou, on se cache. Quand j’étais enceinte, j’entendais dire que j’avais un coussin d’eau de mer sous la peau du ventre. Si t’es pas solide, tu t’en remets pas, vraiment », a-t-elle expliqué, très émue.
Sheila reconnaît avoir longtemps porté cette étiquette, malgré les démentis et les preuves. « Je les ai vécues pendant quarante ans de ma vie. La rumeur, elle vous suit. Bien sûr, ça s’estompe, ça part… Mais elle ne disparaît jamais. Le jour où je partirai, il y en aura toujours un qui dira : “Moi, j’ai bien connu le père qui était ami avec le toubib qui l’a opérée.” »
Une phrase glaçante, qui illustre la violence de la rumeur et son caractère indélébile, même après des décennies de carrière et de succès.
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Sheila apporte son soutien à Brigitte Macron
Sur le plateau de France 5, la chanteuse a fait un parallèle direct avec la situation de Brigitte Macron, elle aussi ciblée par des rumeurs transphobes depuis près de huit ans.
« Elle a raison de se défendre, parce que c’est son intégrité de femme. Ça détruit un être humain », a-t-elle insisté, saluant la dignité et la résilience de la Première dame.
Brigitte Macron mène actuellement une bataille judiciaire contre dix cyberharceleurs, accusés d’avoir relayé une théorie délirante selon laquelle elle aurait usurpé l’identité de son frère, Jean-Michel Trogneux. L’affaire, instruite à Paris, a conduit à des peines de prison avec sursis requises contre plusieurs accusés, dont Aurélien Poirson-Atlan, alias Zoé Sagan, figure d’extrême droite sur les réseaux sociaux.
La Première dame a également attaqué en justice l’influenceuse américaine Candace Owens, qui a diffusé ces fausses informations à l’international.
“Apprendre à s’armer” face à la haine
Forte de son expérience, Sheila a tenu à adresser un message de soutien et un conseil personnel à Brigitte Macron : « Il faut apprendre à s’armer. Ces blessures-là ne cicatrisent pas, mais il faut continuer à vivre avec. »
La chanteuse a rappelé que les rumeurs n’étaient pas seulement destructrices pour les victimes, mais aussi pour leurs familles : « À l’époque, mon fils a grandi avec ça. Il a entendu des choses terribles à l’école. On n’en sort jamais vraiment. »
Aujourd’hui, à 80 ans, Sheila regarde cette période avec distance, mais non sans émotion. « C’était une époque sans Internet, sans réseaux sociaux, et pourtant la violence était déjà là. Aujourd’hui, tout va plus vite, tout devient viral, et c’est encore plus difficile d’y survivre. »
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Une parole rare et précieuse
En évoquant son propre traumatisme, Sheila a brisé un tabou longtemps ignoré : celui de la transphobie médiatique et du cyberharcèlement avant l’heure. Son témoignage vient rappeler que les rumeurs peuvent détruire des vies, qu’elles visent une chanteuse populaire ou la Première dame de France.
Dans un climat où les attaques personnelles et les fausses informations prolifèrent en ligne, sa prise de parole sonne comme un appel à la décence et à l’empathie.
« Qu’on lui fiche la paix, » a conclu Sheila au sujet de Brigitte Macron. Une phrase simple, mais lourde de sens, venant d’une femme qui sait, mieux que quiconque, ce que cela coûte d’être la cible d’une haine injustifiée.
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