Chaque automne, c’est la même rengaine : faut-il garder l’heure d’été ou l’heure d’hiver ? Si les Français plébiscitent majoritairement la première, les scientifiques, eux, sont presque unanimes : du point de vue de notre santé, c’est l’heure d’hiver qu’il faudrait conserver.
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À quelques jours du passage à l’heure d’hiver, les arguments des chercheurs sont clairs : notre corps, notre sommeil et notre moral s’en porteraient bien mieux.
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L’heure d’été perturbe notre horloge interne
Derrière la question apparemment anodine du changement d’heure se cache en réalité un enjeu biologique majeur. Notre organisme suit un rythme circadien, une horloge interne de 24 heures environ, calée sur l’alternance naturelle du jour et de la nuit. Ce rythme influence tout : sommeil, température corporelle, appétit, concentration, humeur, production d’hormones…
Le problème ? L’heure d’été nous décale artificiellement par rapport à ce rythme. Comme l’explique Armelle Rancillac, chercheuse à l’Inserm, « physiologiquement, les Français ont tendance à avoir une horloge longue : ils se couchent tard, se lèvent tard. L’heure d’été accentue ce décalage naturel et aggrave la dette de sommeil déjà très importante dans la population ».
Concrètement, lorsque les horloges avancent d’une heure, notre corps reste encore réglé sur l’ancien cycle solaire. Nous nous couchons plus tard, mais devons continuer à nous lever à la même heure pour aller travailler ou emmener les enfants à l’école. Résultat : nous perdons du sommeil, sans même nous en rendre compte.
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Le manque de lumière du matin, un vrai poison pour le cerveau
Les experts rappellent que la lumière naturelle est essentielle à notre bien-être. C’est elle qui, chaque matin, « réveille » notre cerveau et synchronise notre horloge biologique. Le problème, c’est qu’en restant à l’heure d’été toute l’année, le soleil se lèverait très tard en hiver : jusqu’à 9 h 40 à Paris en décembre !
Un tel décalage priverait notre organisme de lumière au moment le plus crucial de la journée : le matin. Sans cette exposition matinale, notre cerveau peine à stopper la production de mélatonine, l’hormone du sommeil, et à relancer celle du cortisol, responsable de notre vigilance.
Cela entraîne une cascade de dérèglements :
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difficultés à se lever ;
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somnolence persistante dans la matinée ;
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irritabilité et perte de concentration ;
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baisse de la motivation ;
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dérégulation du métabolisme ;
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troubles de l’humeur et épisodes dépressifs.
C’est pour cette raison que de nombreux chercheurs insistent sur l’importance de l’exposition à la lumière naturelle dès les premières heures du jour. Or, seule l’heure d’hiver respecte ce besoin fondamental.
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L’heure d’hiver, plus alignée avec notre biologie naturelle
Si l’heure d’hiver est considérée comme plus saine, c’est parce qu’elle correspond mieux à la position réelle du soleil par rapport à notre rythme biologique. En d’autres termes, il fait jour à des heures plus cohérentes avec notre activité quotidienne.
À l’inverse, l’heure d’été nous maintient dans une illusion lumineuse : il fait jour plus tard, certes, mais cela repousse artificiellement notre coucher, surtout chez les adolescents et les jeunes adultes, déjà sujets à des rythmes de sommeil décalés.
Résultat : une dette de sommeil qui s’accumule, un réveil plus difficile, une fatigue chronique et une vulnérabilité accrue au stress. L’Inserm alerte d’ailleurs sur une augmentation des troubles du sommeil, des baisses de vigilance, mais aussi des accidents de la route et des erreurs professionnelles dans les jours qui suivent le passage à l’heure d’été.
Les enfants, les personnes âgées, les travailleurs de nuit et ceux qui souffrent déjà de troubles du sommeil sont les plus touchés par ces dérèglements.
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Le lien entre heure d’été et stress chronique
Les chercheurs ont également mis en évidence un lien entre l’heure d’été permanente et une élévation des niveaux de stress. En effet, un sommeil perturbé entraîne un déséquilibre dans la production de cortisol, l’hormone du stress.
Un excès de cortisol dans le sang, surtout le matin, peut provoquer :
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une irritabilité accrue,
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une baisse de la concentration,
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une tension artérielle plus élevée,
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et une fragilisation du système immunitaire.
Autrement dit, le simple fait de vivre « en décalage » avec le soleil finit par peser sur la santé physique et mentale. Ce phénomène est d’ailleurs observé dans les pays situés à l’extrême est d’un fuseau horaire, où les habitants sont naturellement « en avance » sur le soleil : ils dorment moins, travaillent plus tôt et présentent davantage de troubles métaboliques et de dépressions saisonnières.
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L’heure d’été, un plaisir psychologique… mais un coût biologique
Il faut cependant reconnaître que si les Français préfèrent majoritairement l’heure d’été, c’est pour des raisons très humaines : plus de lumière en soirée, plus de temps dehors, des terrasses animées, une impression de vacances prolongées.
Ce bien-être ressenti n’est pas une illusion : l’exposition à la lumière du soir stimule la production de dopamine, l’hormone du plaisir. Cependant, cette satisfaction à court terme se paie d’une fatigue durable et d’un sommeil moins réparateur.
Le décalage d’une heure avec le soleil pousse à se coucher plus tard, alors même que les obligations du lendemain restent inchangées. Sur le long terme, cela favorise la somnolence diurne, le grignotage sucré pour compenser la fatigue, et même une prise de poids liée à la désynchronisation hormonale.
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Le changement d’heure, un sujet de santé publique
Si la suppression du changement d’heure revient régulièrement dans le débat européen, peu de citoyens réalisent à quel point la question dépasse la simple logistique. Il s’agit en réalité d’un enjeu de santé publique.
Les effets du passage à l’heure d’été sur la mortalité routière, la productivité, la qualité du sommeil et la santé mentale sont désormais bien documentés. Chaque année, dans les jours suivant le changement, on observe une hausse des accidents et des troubles de la vigilance, en particulier chez les conducteurs matinaux.
De plus en plus de médecins appellent donc à stabiliser le fuseau horaire sur l’heure d’hiver. Ce choix permettrait d’aligner nos journées sur le rythme solaire naturel, d’améliorer la qualité du sommeil et de réduire les déséquilibres hormonaux.
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En résumé
Même si l’heure d’été semble plus agréable sur le moment, elle agit en réalité comme un leurre biologique. Elle repousse nos horaires de sommeil, retarde notre exposition à la lumière naturelle du matin et fragilise notre santé à long terme.
L’heure d’hiver, en revanche, respecte davantage nos cycles internes : elle favorise un réveil plus naturel, un sommeil plus réparateur et une vigilance optimale dans la journée.
Ainsi, quand viendra le moment de reculer les aiguilles d’une heure, souvenez-vous : cette transition saisonnière n’est pas seulement une question de montre, mais un vrai cadeau pour notre organisme. Votre horloge interne, elle, vous dira merci.
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