Les adeptes de shopping en ligne risquent de voir leurs bonnes affaires fondre comme neige au soleil. Selon le nouveau projet de loi de finances porté par le gouvernement de Sébastien Lecornu, une taxe sur les petits colis venus de l’étranger pourrait entrer en vigueur dès 2026.
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Cette mesure vise particulièrement les plateformes de fast-fashion à bas prix, comme Shein, Temu ou encore AliExpress, qui inondent le marché français de vêtements et d’objets vendus à prix cassés.
L’objectif affiché par l’exécutif : soutenir les commerçants français, limiter la pollution liée à la surconsommation et réduire le déficit budgétaire du pays.
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Une taxe de 2 euros par article importé
Concrètement, cette taxe s’appliquerait à tous les colis de moins de 150 euros expédiés directement depuis un pays hors de l’Union européenne. Chaque article contenu dans un colis serait taxé 2 euros, un montant à première vue symbolique mais qui pourrait vite s’accumuler selon le nombre d’articles commandés.
Par exemple, un colis de cinq vêtements coûterait 10 euros de plus. Ce prélèvement serait versé par le déclarant en douane, autrement dit le vendeur, la plateforme ou le service logistique chargé de la livraison.
En pratique, ces derniers pourraient répercuter cette hausse sur le prix final payé par le consommateur, rendant les commandes sur ces sites bien moins avantageuses.
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Un gain potentiel de 1,6 milliard d’euros pour l’État
Selon les estimations du ministère de l’Économie, cette mesure pourrait rapporter jusqu’à 1,6 milliard d’euros par an. Un montant non négligeable à l’heure où le gouvernement cherche à rééquilibrer ses comptes publics sans alourdir la fiscalité des ménages.
Pour Marc Ferracci, ancien ministre de l’Industrie et de l’Énergie, cette décision était devenue indispensable : “Le nombre de colis arrivant sur le territoire français a doublé entre 2023 et 2024. On est passé de 400 à 800 millions. C’est une véritable submersion et l’inquiétude est légitime.”
En 2024, 4,6 milliards de colis ont été livrés en Europe, contre 1,4 milliard seulement en 2022, dont 91 % en provenance de Chine. Un rythme effréné qui pèse sur les infrastructures logistiques, la balance commerciale et les emplois locaux.
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Une mesure pour rétablir une forme d’équité commerciale
Cette taxe vise à corriger une distorsion de concurrence dont bénéficient depuis des années les géants asiatiques du e-commerce. En effet, les colis d’une valeur inférieure à 150 euros sont exemptés de droits de douane, ce qui permet à des plateformes comme Shein ou Temu de proposer des prix imbattables.
Les commerçants français, eux, doivent s’acquitter de taxes et charges sociales, rendant la compétition inégale. En taxant ces petits colis, le gouvernement espère rétablir un équilibre et protéger les détaillants locaux, fragilisés par la déferlante du commerce en ligne ultra low cost.
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Un pari risqué au niveau européen
Cependant, cette initiative française ne fait pas l’unanimité à Bruxelles. Si la Commission européenne débat depuis plusieurs mois d’une harmonisation de la fiscalité sur les importations, la France a choisi d’aller plus vite.
Une décision qui pourrait poser problème : si Paris est le seul à appliquer cette taxe, les plateformes pourraient dédouaner leurs colis dans un pays voisin, avant de les expédier en France sans frais supplémentaires.
Dans ce cas, l’État français ne toucherait aucune recette, et l’impact de la mesure serait nul. Les discussions avec les partenaires européens sont donc cruciales pour garantir l’efficacité de ce dispositif.
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Lutter contre la fast-fashion et ses dérives environnementales
Au-delà de la dimension économique, cette taxe s’inscrit aussi dans une volonté écologique et sociale. Les marques de fast-fashion comme Shein ou Temu sont régulièrement pointées du doigt pour leurs pratiques de production massives, leurs conditions de travail contestées et leur impact environnemental catastrophique.
En taxant les importations à bas prix, le gouvernement souhaite inciter les consommateurs à acheter moins, mais mieux. Cette mesure pourrait également réduire le volume de produits non conformes qui échappent aux contrôles européens et saturent les entrepôts logistiques.
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Vers la fin des achats “à 2 euros” ?
Si cette taxe entre en vigueur en 2026, elle pourrait changer durablement les habitudes de consommation. Fini les commandes impulsives de vêtements à 3 ou 5 euros livrés depuis l’autre bout du monde. Le coût total des paniers augmenterait, décourageant les achats massifs de produits à usage unique.
Certains experts estiment toutefois que les plateformes d’ultra fast-fashion s’adapteront rapidement, en absorbant une partie de la taxe pour conserver leur clientèle fidèle. D’autres redoutent que cette mesure frustre les consommateurs les plus modestes, séduits par les petits prix de ces sites.
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Une révolution commerciale en préparation
Si elle est adoptée par le Parlement, cette taxe marquera un tournant pour le commerce en ligne international. Elle symbolise la volonté de la France de reprendre le contrôle sur un marché devenu tentaculaire et souvent opaque.
Reste à savoir si les autres pays européens suivront le mouvement, condition essentielle pour rendre cette régulation réellement efficace. En attendant, une chose est sûre : à partir de 2026, faire de bonnes affaires sur Shein ou Temu ne sera plus aussi facile qu’avant, et l’ère des vêtements à prix dérisoires touche peut-être à sa fin.
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