Culture

Le gouvernement fantôme : Bruno Le Maire évincé des Armées, Sébastien Lecornu reprend son ancien poste en pleine crise

07 octobre 2025 - 14 : 47
par Clémence Après la démission de Sébastien Lecornu, un décret a “déchargé” Bruno Le Maire des affaires courantes aux Armées. Un scénario juridiquement inédit qui voit l’ex-Premier ministre redevenir, par intérim, ministre des Armées.

La crise politique qui secoue actuellement la France tourne à l’absurde. Après la démission surprise de Sébastien Lecornu de Matignon, c’est désormais Bruno Le Maire qui se retrouve au cœur d’une situation juridiquement inédite, presque surréaliste.

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Un décret publié au Journal officiel ce lundi a officialisé sa “décharge de l’expédition des affaires courantes” au ministère des Armées — un poste qu’il n’aura finalement jamais vraiment exercé.

Et ironie du sort : c’est Sébastien Lecornu lui-même, Premier ministre démissionnaire, qui récupère… ses propres anciennes fonctions de ministre des Armées.

Une séquence politique inédite, qui illustre à quel point le pouvoir exécutif est désorganisé depuis la chute express du gouvernement Lecornu.

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Un décret qui sème la confusion

Tout est parti d’un décret présidentiel signé par Emmanuel Macron et publié au Journal officiel ce lundi. On y lit noir sur blanc :

“M. Bruno Le Maire, ministre d’État, ministre des Armées et des Anciens Combattants, est, à sa demande, déchargé de l’expédition des affaires courantes.”

Une formulation qui a fait bondir de nombreux juristes et commentateurs politiques. Parmi eux, Nicolas Hervieu, avocat et spécialiste du droit constitutionnel, qui a résumé la situation d’un mot sur X : “Ubu règne.

Car juridiquement, la démarche est tout sauf banale. Comme l’explique Nicolas Hervieu :

“Un ministre ne peut pas démissionner… quand il est déjà ministre démissionnaire. C’est un cas de figure rarissime, mais parfaitement légal.”

En d’autres termes, Bruno Le Maire ne pouvait pas formellement quitter un poste qu’il n’avait pas encore pleinement investi, puisque le gouvernement tout entier était déjà en affaires courantes après la démission du Premier ministre.

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Bruno Le Maire, ministre sans ministère

Pour comprendre cette situation kafkaïenne, il faut remonter à la semaine dernière. Après la démission d’Élisabeth Borne, Emmanuel Macron avait chargé Sébastien Lecornu de former un gouvernement de “stabilité et de responsabilité”. Dans ce remaniement express, Bruno Le Maire devait devenir ministre d’État, ministre des Armées et des Anciens Combattants, quittant ainsi Bercy pour rejoindre la Défense.

Mais le gouvernement Lecornu n’aura duré… que vingt-sept jours. Pris entre les tensions politiques, l’échec des négociations parlementaires et la pression de l’opposition, le Premier ministre a présenté sa démission lundi matin. Bruno Le Maire, lui, s’est retrouvé piégé dans un vide institutionnel : officiellement nommé aux Armées, mais dans un gouvernement déjà dissous.

C’est donc à sa demande qu’il a été “déchargé” de ses fonctions symboliques, le temps que la situation politique se stabilise.

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Le retour inattendu de Sébastien Lecornu… ministre des Armées

Et c’est là que la situation devient vraiment ubuesque : en étant déchargé, Bruno Le Maire a laissé la gestion des affaires courantes du ministère des Armées à… Sébastien Lecornu, le Premier ministre démissionnaire.

Oui, vous avez bien lu : le chef du gouvernement démissionnaire devient en pratique ministre des Armées, un poste qu’il occupait déjà avant son passage à Matignon.

Comme l’explique Nicolas Hervieu sur X :

“Le Premier ministre est démissionnaire, mais devient en substance ministre des Armées, sans en avoir le titre. Le tout après avoir cumulé les fonctions de Premier ministre en exercice et de ministre démissionnaire des Armées.”

Une configuration si complexe qu’elle fait dire à certains observateurs que la Ve République n’a jamais paru aussi désarticulée.

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“Ce n’est pas la Constitution qui est à bout de souffle, c’est la classe politique”

Interrogé par plusieurs médias, Nicolas Hervieu préfère pourtant relativiser la gravité du moment :

“D’un point de vue juridique, il n’y a pas de fragilité de la Ve République. Le cadre constitutionnel fonctionne très bien. Ce qui est à bout de souffle, c’est l’environnement politique.”

Autrement dit, si les institutions tiennent encore debout, c’est le personnel politique qui semble incapable de les faire fonctionner. La mécanique constitutionnelle permet de gérer les affaires courantes, même dans des configurations aussi tordues.

Mais la multiplication des démissions, renoncements et intérims rend la situation illisible pour les citoyens.

Et pour cause : il devient de plus en plus difficile de savoir qui fait quoi dans ce gouvernement provisoire. Entre un Premier ministre démissionnaire chargé de “trouver une sortie de crise”, un ministre sans portefeuille et un président privé de majorité, la confusion règne à tous les étages.

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Un climat institutionnel jamais vu sous la Ve République

Ce micmac administratif illustre à quel point la crise actuelle dépasse les simples enjeux partisans. Depuis la chute du gouvernement Lecornu, l’exécutif fonctionne à vide. Emmanuel Macron, privé de son Premier ministre, tente de gagner du temps en missionnant ce dernier pour relancer les discussions politiques.

Mais en parallèle, les décrets et nominations s’empilent, créant un gouvernement fantôme où les fonctions se chevauchent.

Le cas Bruno Le Maire / Sébastien Lecornu en est l’exemple le plus frappant :

  • Bruno Le Maire n’est plus vraiment ministre, mais pas tout à fait démissionnaire.

  • Sébastien Lecornu n’est plus Premier ministre, mais assure de fait les fonctions de ministre des Armées.

  • Emmanuel Macron, lui, reste au sommet, mais sans véritable levier politique.

Cette situation inédite provoque de vives critiques, même au sein de la majorité. “On ne comprend plus rien”, confie un député Renaissance. “C’est comme si tout le monde jouait une pièce de théâtre dont le scénario change chaque heure.”

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Un symbole d’un pouvoir en désordre

Cette confusion institutionnelle n’est pas seulement anecdotique : elle symbolise la désorganisation profonde du pouvoir exécutif. Le pays se retrouve dans une zone grise, où les démissions s’enchaînent, mais où les remplaçants n’existent pas encore.

Bruno Le Maire, qui fut l’un des piliers économiques du macronisme depuis 2017, quitte la scène dans un climat d’incertitude totale. Son départ des Armées, avant même d’avoir eu le temps d’y exercer, devient presque l’emblème d’un État en suspension.

Quant à Sébastien Lecornu, le voilà de retour dans son ancien costume de ministre de la Défense, sans l’avoir vraiment souhaité, tout en continuant d’assurer, paradoxalement, le rôle de Premier ministre par intérim.

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“Un gouvernement fantôme”

Pour les constitutionnalistes, cette période d’interrègne met en lumière les limites de la Ve République face à la fragmentation politique actuelle. “Le cadre institutionnel tient, mais tout le reste se délite”, résume Nicolas Hervieu.

Et pendant ce temps, la mission confiée à Sébastien Lecornu par Emmanuel Macron — relancer les négociations politiques avant mercredi soir — reste entière. Le Premier ministre démissionnaire, devenu ministre de facto des Armées, tente désormais de reconstruire une majorité introuvable.

Un paradoxe de plus dans une séquence qui n’en manque pas : dans une République où le pouvoir exécutif était jadis synonyme de verticalité et de maîtrise, la France donne aujourd’hui le spectacle d’un État déboussolé, où les rôles se brouillent et les symboles s’inversent.

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En bref

En se retrouvant “déchargé” des affaires courantes, Bruno Le Maire n’a pas seulement quitté un ministère qu’il n’avait pas encore dirigé : il a révélé le chaos institutionnel dans lequel la France est plongée.

Entre la démission de Sébastien Lecornu, le flou administratif et la paralysie politique du pouvoir, cette séquence restera comme l’une des plus étranges — et symboliques — de la Ve République.

Et tandis que le pays attend un nouveau gouvernement, la question demeure : qui gouverne encore réellement la France ?

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Clémence
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