Une découverte vécue comme une trahison
C’est une affaire qui secoue le monde du doublage et qui met en lumière les dérives de l’intelligence artificielle générative. La comédienne Françoise Cadol, voix française attitrée d’Angelina Jolie, mais aussi de Sandra Bullock, Patricia Arquette ou encore Tilda Swinton, a annoncé qu’elle poursuivait en justice l’éditeur américain Aspyr Media.
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La raison ? L’entreprise aurait utilisé une IA pour générer sa voix sans son accord dans une mise à jour de la compilation Tomb Raider IV-VI Remastered, sortie le 14 août dernier. On y entend en effet de nouvelles répliques du personnage culte de Lara Croft, que Cadol incarne depuis près de 30 ans dans la version française. Sur Instagram, la comédienne s’est dite bouleversée : « Lara Croft !! Que j’ai aimé prêter ma voix à cette aventurière ! Mais le 14 août dernier, l’éditeur a mis en ligne une mise à jour… dans laquelle on peut entendre de nouvelles répliques générées par IA. »
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Une action en justice contre Aspyr Media
???????? ALERTE INFO — Le patch des remasters de Tomb Raider IV, V et VI par @AspyrMedia vient de sortir…
— Bastien D. Fry (@BastienDruker) August 15, 2025
Mauvaise surprise pour les fans français de Lara Croft, certaines répliques de Françoise Cadol dans le tutoriel ont été refaites avec l’IA et ça s’entend ! pic.twitter.com/YRbZsY669H
Invitée cette semaine dans l’émission C à vous, Françoise Cadol a exprimé son incompréhension : « Je n’ai pas compris pourquoi ils ne m’avaient pas appelée. Il n’y a pas que moi, il y a l’ingénieur du son, le studio, c’est toute une vie. » Son avocat, interrogé par Le Parisien, a confirmé qu’une mise en demeure avait été adressée à Aspyr Media. Les demandes portent sur le retrait de la compilation et sur la communication du nombre d’exemplaires vendus. Cette affaire pourrait faire jurisprudence, tant les questions juridiques liées à l’utilisation des voix par l’IA restent floues, notamment sur la notion de propriété intellectuelle et de droit moral des comédiens.
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Le monde du doublage vent debout contre l’IA
Françoise Cadol n’est pas seule dans ce combat. Elle est l’une des signataires de la pétition « TouchePasMaVF : Pour un doublage créé par des humains pour des humains », qui alerte sur les dangers de l’automatisation du doublage par des machines.
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Le texte met en garde : « L’émotion, la complexité, la beauté de l’expérience humaine véhiculées par la voix et le langage ne peuvent être générées par des modèles d’intelligence artificielle. » Les professionnels réclament une régulation claire de l’usage de l’IA dans le secteur, estimant que les artistes, la culture et des milliers d’emplois pourraient être menacés si les producteurs privilégient des voix synthétiques à moindre coût.
Un débat culturel et politique majeur
La plainte de Françoise Cadol intervient dans un contexte de débat mondial sur l’usage de l’intelligence artificielle dans les industries culturelles. Après les scénaristes et acteurs américains en grève à Hollywood en 2023 pour protester contre l’utilisation non encadrée de l’IA, c’est désormais le secteur du doublage français qui se mobilise. Les artistes appellent les pouvoirs publics à agir. « Il est du devoir des pouvoirs publics d’agir, non pour empêcher l’innovation, mais pour réguler le développement de l’IA générative de manière à protéger les artistes, les œuvres, la culture et l’emploi », insistent-ils.
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Une affaire emblématique pour l’avenir du doublage
L’affaire Cadol pourrait devenir un cas emblématique des dérives de l’IA appliquée au doublage. Elle met en lumière les risques liés à la reproduction des voix sans autorisation, mais aussi le besoin urgent de lois adaptées pour protéger les artistes. Au-delà de Lara Croft et de Tomb Raider, c’est tout un écosystème qui se sent menacé : comédiens, ingénieurs du son, studios, traducteurs… autant de métiers qui pourraient être fragilisés si l’IA venait à remplacer la dimension humaine du doublage. Pour Françoise Cadol, cette bataille dépasse son cas personnel : il s’agit d’un combat pour préserver l’âme des voix qui font vibrer les spectateurs depuis des décennies.
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