Le Crédit municipal de Bordeaux, établissement public dont la mission historique est d’aider les plus modestes via le prêt sur gage, se retrouve au cœur d’une polémique.
Entre 2017 et 2020, l’institution a accordé des prêts à haut risque et de fortes sommes à des personnalités, dont la chanteuse Chantal Goya et son mari Jean-Jacques Debout, condamnés cet été à rembourser 2,18 millions d’euros. Comment un organisme local, surnommé autrefois « Mont-de-piété », en est-il arrivé à se transformer en quasi-banque d’affaires ?
Une mission d’origine dévoyée
Traditionnellement, le Crédit municipal prête de petites sommes contre des biens mis en gage, afin de soutenir des ménages en difficulté. Mais à Bordeaux, la structure a progressivement changé de dimension. Entre 2017 et 2020, des crédits de plusieurs centaines de milliers, voire de millions d’euros ont été accordés à des personnalités, avec des garanties jugées insuffisantes.
Outre Chantal Goya et Jean-Jacques Debout, condamnés à verser 2,18 millions d’euros, on retrouve dans la liste des bénéficiaires des ayants droit de Michel Delpech ou encore une princesse persane ayant obtenu un prêt de 750.000 euros alors que ses gages ne représentaient que la moitié de la somme. Un autre exemple cité : un couple franco-italien qui a décroché 8 millions d’euros pour investir dans un Ehpad et acheter des œuvres d’art. « On avait changé de métier », reconnaît aujourd’hui Noël Eyrignoux, ancien membre du conseil d’orientation du Crédit municipal de Bordeaux.
Une expansion territoriale incontrôlée
À l’époque, l’établissement ne se contente pas de Bordeaux et de la région Nouvelle-Aquitaine. Il s’étend rapidement à une dizaine de villes à travers la France : Auxerre, Belfort, Besançon, Dijon, Nevers, Orléans… Cette extension territoriale est perçue comme une ambition mal maîtrisée. « Le directeur voulait faire grandir la structure, mais sans se donner les moyens nécessaires. Ni la gouvernance ni les effectifs n’étaient adaptés à cette nouvelle dimension », analyse Noël Eyrignoux. La Chambre régionale des comptes, dans un rapport de 2021, a d’ailleurs pointé la « stratégie volontariste » du directeur général et la défaillance du conseil de surveillance, incapable de remettre en cause ses choix.
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Une perte de repères
Le modèle de base du Crédit municipal est simple : soutenir les plus fragiles et reverser les bénéfices à des actions sociales de la mairie. Mais à Bordeaux, cette vocation a été progressivement éclipsée par des ambitions financières. « Qu’on diversifie un peu les activités, pourquoi pas. Mais là, on était passés d’une structure locale, très maîtrisée, à une structure nationale qui se lançait dans des activités éloignées de son métier d’origine », déplore l’ancien membre du conseil. Selon lui, les élus bordelais de l’époque n’ont pas pleinement mesuré l’ampleur du changement, préoccupés par d’autres priorités comme le développement immobilier ou la mise en service de la LGV.
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Le retour à l’ordre depuis 2020
En 2020, la nouvelle majorité municipale menée par Pierre Hurmic (EELV) hérite d’une situation fragile. L’établissement est menacé de perdre son agrément bancaire. La mairie engage alors un travail d’assainissement. Résultat : le Crédit municipal ne compte aujourd’hui plus que six agences, dont celle de Bordeaux, et a recentré son activité sur sa mission originelle.
En résumé
Entre 2017 et 2020, le Crédit municipal de Bordeaux a accordé des prêts risqués et démesurés à des personnalités, parmi lesquelles Chantal Goya et Jean-Jacques Debout, aujourd’hui condamnés à rembourser plus de deux millions d’euros. Cette dérive illustre comment un établissement public local, censé venir en aide aux plus modestes, a pu s’éloigner de sa vocation initiale en voulant jouer dans la cour des grands. Depuis 2020, la nouvelle municipalité a remis de l’ordre, mais l’affaire laisse des traces : la chanteuse et son mari ont fait appel, et l’image du Crédit municipal reste ternie par ces excès.
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