Elle fait partie de ces légendes qu’on imagine éternelles, presque irréelles. Ce week-end, au Festival de Deauville 2025, la mythique Kim Novak, aujourd’hui âgée de 92 ans, a reçu un Prix d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
L’actrice, inoubliable héroïne de Sueurs froides d’Alfred Hitchcock, est apparue rayonnante et émue, assumant enfin sa place dans le panthéon du cinéma mondial.
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Un hommage tardif mais mérité
C’est des mains du danseur et chorégraphe Benjamin Millepied que Kim Novak a reçu cette récompense. L’actrice confie elle-même s’être interrogée sur ces honneurs répétés – à Berlin, à Venise, et désormais à Deauville. « Je me suis demandé pourquoi on m’accueillait avec ces honneurs… J’ai fini par arriver à la conclusion que je dois les mériter », a-t-elle lancé, dans un mélange de sincérité et d’humour. Venue présenter également le documentaire Kim Novak’s Vertigo d’Alexandre O. Philippe, la star s’est réjouie de pouvoir livrer sa vérité, loin des carcans hollywoodiens qui ont longtemps dicté son image.
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Hollywood, entre éclat et enfermement
Dans ses confidences à Deauville, Kim Novak est revenue sur les contraintes qu’elle subissait à l’époque dorée des grands studios. « Chaque détail de notre existence était contrôlé », se souvient-elle. Même son prénom lui a été imposé : elle s’appelait Marilyn, un nom jugé trop proche de celui de Marilyn Monroe. Sa beauté légendaire, qui a fait d’elle l’une des icônes d’Hollywood, fut aussi un fardeau. « Il vient un moment où vous vous lassez de n’être qu’un corps à qui personne ne donne la parole… On a juste envie d’être écoutée, pas seulement regardée. » Ces mots, teintés de mélancolie, rappellent combien son potentiel artistique a pu être bridé.
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Un amour brisé par le racisme
Kim Novak a aussi évoqué un épisode marquant de sa vie privée : sa relation avec le chanteur Sammy Davis Jr., dans les années 1950. « C’était une véritable histoire d’amour », confie-t-elle avec émotion. Mais leur romance a été brisée par le racisme de l’époque : Davis Jr. a reçu des menaces de mort parce qu’il sortait avec une femme blanche. Contraints de rompre, il a rapidement été poussé à épouser une femme noire. « Le racisme était plus fort que nous », souffle-t-elle. Un témoignage poignant, qui illustre la violence des mentalités d’alors, même au cœur de l’univers du spectacle.
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La peinture, une seconde vie
Après avoir quitté Hollywood, Kim Novak a trouvé refuge dans l’art pictural, une passion devenue une véritable seconde carrière. « Mes toiles me permettent d’obtenir un contrôle que le cinéma ne m’a jamais donné », explique-t-elle. Pour elle, peindre est une manière de s’exprimer librement, sans contraintes extérieures. Si l’idée d’un retour devant la caméra l’effleure encore – « Cela pourrait me tenter intellectuellement » –, elle avoue que la mémoire des textes serait aujourd’hui un obstacle. Mais l’envie de création, elle, reste intacte.
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Une femme enfin écoutée
Ce week-end, à Deauville, Kim Novak n’a pas seulement été honorée pour ses rôles, mais aussi pour sa voix retrouvée. « Vous me faites un beau cadeau en m’écoutant », a-t-elle confié aux journalistes, heureuse de pouvoir enfin se raconter autrement que par son image. Elle a salué la présence de femmes journalistes, y voyant le signe d’un monde plus ouvert : « Vous êtes le capitaine de votre bateau et j’ai l’impression que vous savez où vous allez », a-t-elle lancé, sourire aux lèvres.
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Un héritage contrasté
Si sa carrière a été marquée par de grands succès, l’impression qui demeure est celle d’un potentiel gâché par les diktats d’Hollywood. Pourtant, son empreinte est indélébile : son rôle dans Sueurs froides reste l’un des plus marquants de l’histoire du cinéma, et sa silhouette demeure une icône intemporelle. À Deauville, Kim Novak a offert une leçon d’humilité et de lucidité, assumant son héritage tout en regrettant les occasions manquées. À 92 ans, elle s’impose toujours comme une figure de courage et de dignité, dont le témoignage résonne bien au-delà du cinéma.
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