À peine trois jours après la rentrée scolaire, la mesure imposant la fermeture des plateformes Pronote et École Directe (ENT) le soir et le week-end provoque déjà une vague de critiques. Présentée comme une avancée pour le « droit à la déconnexion », cette initiative d’Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, est jugée inadaptée par de nombreux parents et enseignants.
Une « pause numérique » imposée à tous
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Depuis le 1er septembre 2025, il est impossible d’accéder à Pronote et École Directe entre 19 h et 7 h, ainsi que durant les week-ends. Concrètement, plus aucune mise à jour des notes, des devoirs ou des messages entre enseignants, élèves et familles n’est possible sur ces créneaux. Cette décision fait suite à une recommandation de la commission écrans, et vise à instaurer une « pause numérique » au sein du système éducatif. Objectif affiché : protéger enseignants, élèves et familles d’une surcharge numérique et d’une disponibilité permanente.
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Des parents d’élèves vent debout
C’est une blague @Elisabeth_Borne ?
— Bérengère Dubus (@BerengereDubus) September 3, 2025
Avez-vous déjà élevé des enfants tout en travaillant ? Parce qu’en vrai, nous les parents actifs, on ouvre Pronote après le boulot et après s’être occupés d’eux donc souvent bien après 20h
Et oui on n’a pas des postes qui permettent de… pic.twitter.com/CKHejhki4W
Mais sur le terrain, la mesure est loin de convaincre. Nombreux sont les parents actifs qui disent ne consulter Pronote qu’après leur journée de travail, souvent bien après 20 h. « C’est une blague, Élisabeth Borne ? », s’est insurgée Bérengère Dubus, mère de famille et responsable syndicale, sur les réseaux sociaux. « En vrai, nous les parents actifs, on ouvre Pronote après le boulot et après s’être occupés d’eux, donc souvent bien après 20 h ». Pour ces familles, la mesure complique l’organisation quotidienne, en les privant du principal créneau dont elles disposent pour suivre la scolarité de leurs enfants.
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Les enseignants également pénalisés
Les critiques ne viennent pas seulement des familles. Côté enseignants, la grogne monte aussi. Un professeur sous le pseudonyme « Géographe refoulé » a dénoncé la rigidité de la mesure : « Je pensais que seule la mise à jour des messages était bloquée, pas l’envoi, même entre collègues ! Quand on finit sur site à 17 h, le temps de rentrer et de gérer ses tâches, l’envoi de messages peut se faire plus tard ». Il s’inquiète aussi des conséquences pour les parents qui terminent leur travail après 19 h, privés de tout contact avec l’établissement scolaire.
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Des appels au rétropédalage
Face à cette contestation, plusieurs voix réclament un ajustement. Certains proposent la mise en place d’un système d’envoi différé : les messages pourraient être rédigés à tout moment par les parents, mais ne seraient visibles par les enseignants qu’à partir de 7 h du matin. Une solution qui préserverait le droit à la déconnexion des personnels, sans pénaliser les familles.
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Un débat qui illustre la fracture numérique
Cette polémique révèle une tension croissante autour de la gestion du numérique dans le milieu scolaire. D’un côté, la volonté de protéger les enseignants d’une surcharge de travail permanent ; de l’autre, le besoin des familles de rester connectées aux informations scolaires à des horaires souvent décalés. Pour l’heure, le ministère n’a pas annoncé de modifications. Mais si la contestation continue de s’amplifier, un réajustement pourrait être envisagé.
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En résumé
La fermeture de Pronote et École Directe le soir et le week-end, censée instaurer un droit à la déconnexion, se heurte déjà à la colère des parents et enseignants. Jugée déconnectée des réalités du quotidien, la mesure pourrait bien faire l’objet d’un compromis pour éviter une rentrée marquée par un conflit numérique inattendu.
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