Culture

"Je me disais : c’est de la merde !" : Didier Bourdon revient sur le tournage des Trois Frères

31 juillet 2025 - 11 : 42
par Mylène Didier Bourdon révèle qu’il n’appréciait pas le tournage des "Trois Frères", en raison d’un trouble cyclothymique qui l’empêchait de voir le succès à venir.

Il est l’un des comédiens les plus emblématiques du cinéma français et pourtant, Didier Bourdon cache une part de doute et de douleur derrière les rires. Dans une interview accordée à Ciné Télé Revue le 24 juillet 2025, l’acteur de 66 ans est revenu sur un moment fondateur de sa carrière : le tournage du film Les Trois Frères, sorti en 1995. Et contre toute attente, celui qui formait avec Pascal Légitimus et Bernard Campan le trio mythique des Inconnus ne garde pas un souvenir heureux de cette aventure. En cause : un trouble cyclothymique, sorte de dépression sourde qui l’empêchait d’apprécier ce qu’il vivait.

Didier Bourdon pensait tourner

À l’époque, alors même qu’ils sont en train de réaliser un des plus grands succès comiques français, Didier Bourdon ne voit que du négatif. Chaque soir, en visionnant les images du jour, il ne pense qu’à une chose : "C’est de la merde". Des propos très crus qu’il assume aujourd’hui, avec le recul d’un homme qui a appris à mieux se comprendre.

Un succès immense… mais une perception déformée

Les Trois Frères, c’est 6,8 millions d’entrées en salles, un César de la meilleure première œuvre et des répliques cultes gravées dans la mémoire collective. Pourtant, Didier Bourdon, au moment du tournage, ne ressent rien de cet engouement en devenir. Il explique dans l’interview qu’il souffrait alors d’un trouble de l’humeur, non diagnostiqué à l’époque, qui faussait son regard sur tout ce qui l’entourait.

"Je regardais les images, le soir, et je me disais : 'C’est de la merde'", confie-t-il avec franchise. Et ce rejet ne concernait pas uniquement le film. "J’écoutais un peu Sting, et je disais la même chose : 'C’est de la merde'". C’est à ce moment-là qu’il comprend que le problème ne vient pas des œuvres elles-mêmes, mais de son état intérieur : "Là, je savais que je n’étais pas objectif, que c’était mon humeur qui avait vrillé".

Cette confession bouleversante donne un éclairage nouveau à la carrière du comédien. Derrière les sketchs hilarants et les comédies populaires, Didier Bourdon cachait une souffrance réelle, une difficulté à trouver le plaisir même dans les projets les plus prometteurs. Un mal insidieux que connaissent de nombreux artistes, parfois en silence.

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Les Inconnus face au temps qui passe

Aujourd’hui, l’acteur va mieux. Il évoque cette période sombre avec une forme de détachement lucide, et semble plus serein. Mais il reste prudent quant à la possibilité de retrouver l’énergie des Inconnus d’antan. S’il ne ferme pas la porte à un nouveau projet avec Pascal Légitimus et Bernard Campan, il se dit conscient que les sketchs de l’époque passeraient difficilement aujourd’hui.

"Ce serait compliqué aujourd’hui. Là, on aurait pas mal de soucis. On nous le dirait poliment : ‘On adore le sketch, mais il vaut mieux pas…’", admet-il avec réalisme. Il reconnaît que certaines vannes, qui faisaient rire à l’époque, ne sont plus tolérables aujourd’hui dans une société plus attentive aux discriminations et à la sensibilité du public.

Et pourtant, l’amour du public pour les Inconnus ne faiblit pas. "Je crois que les Inconnus, on est dans le cœur des Français quand même, ça, c’est sûr", assure Didier Bourdon. Il se souvient même d’une ovation de dix à quinze minutes reçue lors d’une récente apparition scénique avec ses complices. Un moment d’émotion pure qui confirme que leur humour, leur ton, leur complicité restent inoubliables.

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Une parole rare et précieuse

Ce qui frappe dans les propos de Didier Bourdon, c’est l’absence de faux-semblants. Il ne cherche pas à enjoliver les souvenirs. Il ne prétend pas que tout était facile. Au contraire, il déconstruit le mythe, et c’est ce qui rend son témoignage aussi fort.

Il aurait pu se contenter de parler du succès, des millions d’entrées, des sketchs cultes. Mais il choisit de dire la vérité : il allait mal, et cela faussait tout. Cette parole est d’autant plus importante qu’elle montre que même au sommet de la réussite, le mal-être peut être sournois, discret, mais omniprésent.

Son trouble de l’époque, qu’il identifie aujourd’hui comme cyclothymique, l’a privé de la joie de vivre un tournage historique. Et pourtant, avec du recul, il comprend que ce n’était ni un échec, ni une imposture. Simplement un mauvais moment dans sa vie personnelle, rattrapé depuis par la reconnaissance du public et le recul d’un homme apaisé.

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Un regard juste sur la liberté d’expression

Enfin, Didier Bourdon glisse une remarque très éclairante sur la liberté d’expression actuelle. S’il admet que certaines blagues des Inconnus ne passeraient plus aujourd’hui, il reste attaché à la possibilité de "dire des trucs" en France. "Heureusement qu’on peut dire des trucs parce que sinon c’est la Corée du Nord", ironise-t-il.

Il ne nie pas que les temps ont changé. Il ne rejette pas les évolutions de la société. Mais il alerte sur le risque d’une autocensure excessive, et sur la nécessité de préserver un espace pour la satire, même si celui-ci doit évoluer avec son époque.

Didier Bourdon est aujourd’hui un homme de 66 ans, lucide, intelligent, drôle encore, mais profondément humain. Et en osant dire qu’il pensait tourner "de la merde" pendant Les Trois Frères, il nous offre une leçon précieuse sur la perception de soi, les troubles invisibles et la manière dont, parfois, le succès ne suffit pas à faire le bonheur.

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Mylène
Je suis Mylène, blogueuse, beauty addict, Rédactrice en Chef du webzine So Busy Girls et maman de 2 petits bouts. Et fana de chocolat. Et de bons polars. On avait dit "courte description" ?! Ah oui, j'ai oublié de dire que j'étais très (très très) bavarde...!