C’est une panne électrique qui a fait grand bruit et plongé des millions d’habitants dans l’incompréhension. Le 28 avril dernier, une coupure d’électricité massive a touché une grande partie de l’Espagne et du Portugal, semant la panique, paralysant les transports, et alimentant toutes les spéculations. Pendant plus de sept semaines, le silence des autorités n’a fait que renforcer les interrogations. Ce mardi, le gouvernement espagnol a enfin levé le voile sur les causes de cet incident sans précédent.
Et les conclusions sont à la hauteur de l’événement : une « réaction en chaîne » provoquée par des « surtensions », elle-même liée à une série d’erreurs humaines et techniques.
Un scénario catastrophe en quelques secondes
C’est la ministre de la Transition écologique, Sara Aagesen, qui a détaillé les résultats de la commission d’enquête mise en place dès le lendemain de la panne. Selon elle, « la coupure du 28 avril a eu une origine multifactorielle », combinant des dysfonctionnements techniques, des décisions précipitées et un manque de contrôle du réseau.
En l’espace de vingt secondes, trois défaillances majeures sont survenues dans des sous-stations situées à Grenade, Badajoz et Séville. Des oscillations électriques anormales avaient été détectées dans la demi-heure précédente, et c’est leur amplification brutale qui a mis le feu aux poudres. Le réseau, bien qu’en théorie capable de supporter ce type d’événement, a cette fois cédé sous la pression, aboutissant à ce que la ministre a qualifié de « point de non-retour ».
Des responsabilités partagées… mais pas de coupables désignés
Le rapport met en cause le gestionnaire du réseau électrique REE, accusé d’avoir activé un dispositif de sécurité insuffisant, le plus faible depuis le début de l’année. Il pointe aussi du doigt plusieurs fournisseurs d’énergie, qui ont déconnecté leurs centrales « de manière inappropriée » pour protéger leurs infrastructures, contribuant involontairement à aggraver la crise.
Toutefois, aucun nom n’a été cité, aucune sanction immédiate n’est prévue, et aucune démission n’est envisagée pour le moment. La ministre a insisté sur le fait que ce rapport « n’est pas un jugement », mais une analyse technique destinée à tirer des leçons et à éviter qu’un tel scénario ne se reproduise.
Cyberattaque, énergie solaire : des pistes écartées
Dès les premières heures qui ont suivi la coupure, plusieurs hypothèses ont circulé dans les médias comme sur les réseaux sociaux : cyberattaque étrangère, surcharge liée à la surproduction d’énergie solaire, voire sabotage. Ces scénarios ont été formellement rejetés par la commission d’enquête. Aucune intrusion numérique n’a été détectée, et la production d’énergie solaire, pourtant en forte hausse en Espagne, n’a pas été jugée responsable de l’effondrement du réseau ce jour-là.
Une enquête accélérée sous la pression
Alors qu’elle devait initialement s’étendre sur plusieurs mois, l’enquête a été accélérée ces derniers jours sous la pression de l’opinion publique et des autorités européennes. Trois réunions se sont tenues en moins d’une semaine, permettant de finaliser un rapport détaillé sur les failles du système. Celui-ci servira désormais de base aux travaux de renforcement du réseau électrique espagnol.
Par ailleurs, d’autres investigations sont en cours, notamment par l’organisation Entso-E, qui coordonne les gestionnaires de réseaux de transport d’électricité à l’échelle européenne, et par la CNMC, autorité espagnole de régulation de la concurrence. Leurs conclusions sont encore attendues.
Un avertissement pour l’Europe ?
Cet incident n’est pas anodin dans le contexte énergétique actuel. Alors que l’Europe cherche à accélérer sa transition vers les énergies renouvelables, la fiabilité des réseaux devient un enjeu crucial. La panne du 28 avril pourrait bien servir de signal d’alarme, montrant que la modernisation de l’infrastructure électrique ne doit pas uniquement reposer sur la production, mais aussi sur la résilience, la coordination et la réactivité des opérateurs.
« Ce qui s’est passé en Espagne peut se produire ailleurs si nous n’apprenons pas de cette erreur », a d’ailleurs commenté un expert européen de l’énergie sous couvert d’anonymat.
Un réseau à moderniser d’urgence
Sara Aagesen l’a reconnu elle-même : les dispositifs de contrôle de tension sont obsolètes et les réflexes de coordination entre fournisseurs insuffisants. Elle appelle donc à renforcer le pilotage du système électrique et à investir dans des dispositifs d’alerte plus efficaces. Le ministère prévoit ainsi un plan d’action national qui sera présenté dans les prochaines semaines, avec un calendrier de mise en œuvre rapide.
En résumé
La méga-panne électrique du 28 avril n’est pas le fruit d’un acte malveillant ou d’une cause unique, mais d’un enchaînement de décisions mal calibrées, d’un défaut d’anticipation et de sous-évaluation des risques. L’Espagne, durement frappée, pourrait paradoxalement devenir un exemple utile pour toute l’Europe, si elle parvient à transformer cette crise en opportunité de modernisation.
Et si les responsables ne sont pas encore désignés, les responsabilités, elles, sont bien identifiées. Reste désormais à agir pour que la lumière ne s’éteigne plus aussi brutalement.
Découvrez maintenant SFR en panne ce lundi 16 juin : une coupure massive paralyse les réseaux fixe et mobile dans toute la France et G7 : Giorgia Meloni lève les yeux au ciel après un murmure d’Emmanuel Macron, le web s'enflamme.
Lire aussi : Orange : cette nouvelle arnaque par e-mail fait de nombreuses victimes, voici comment l’éviter