Le rêve artistique d’un Suédois va enfin se réaliser
Ce jeudi 6 juin 2025 à 21h21 précises, une maison rouge miniature d’environ 12 centimètres de hauteur sera déposée sur la Lune. Cette opération inédite dans l’histoire de l’exploration spatiale n’est ni scientifique ni commerciale : il s’agit d’une œuvre d’art, baptisée Moonhouse, imaginée il y a plus de vingt-cinq ans par l’artiste suédois Mikael Genberg. Son rêve ? Déposer un symbole de chez-soi sur le sol lunaire, pour évoquer de façon poétique notre rapport à l’humanité, à l’espace et à notre planète bleue.
Un projet fou né dans les années 90
L’idée d’installer une petite maison sur la Lune ne date pas d’hier. C’est en 1999 que Mikael Genberg commence à en parler sérieusement. L’artiste, déjà connu pour avoir installé une maison rouge sous l’eau ou suspendue dans les arbres, imagine alors une version lunaire de son œuvre. Mais à l’époque, l’outil technologique ne suit pas, et le financement reste hors de portée. Pendant deux décennies, Genberg va donc patienter, avancer par étapes, chercher des partenaires.
Ce n’est qu’en 2024 que le projet trouve enfin un écho favorable. Grâce à une collaboration avec l’entreprise spatiale privée japonaise Ispace, et à un budget estimé à environ 900 000 euros, le rêve devient réalité. Un chalet rouge imprimé en 3D, à la fois fragile et ultra-résistant, est intégré à la mission Hakuto-R 2.
Une œuvre construite pour résister aux conditions extrêmes lunaires
Installer un objet, même minuscule, sur la Lune n’a rien d’anodin. Le petit chalet rouge, emblème du foyer suédois, a été imprimé en 3D dans un métal spécial ultra-léger. Ses parois, épaisses d’à peine un millimètre, ont été renforcées aux endroits sensibles. Avant d’être intégré à l’atterrisseur Resilience, le Moonhouse a subi des tests poussés pour s’assurer qu’il résiste à l’impact de l’alunissage et aux conditions extrêmes du sol lunaire.
Les écarts de température sur la Lune sont en effet vertigineux : jusqu’à 120°C le jour et -170°C la nuit, sans parler de l’absence totale d’atmosphère et de la poussière abrasive. Mais selon Emil Vinterhav, responsable de l’équipe technique, l’objet a passé tous les tests avec succès.
Un symbole artistique et universel
Pour Mikael Genberg, ce projet est tout sauf un caprice technologique. Il s’agit d’un message, d’un geste artistique universel. Il l’explique avec émotion : « Il ne s'agit pas de science ou de politique, mais de nous rappeler ce que nous partageons tous : notre humanité, notre imagination et notre désir d'un chez-soi. »
La maison rouge, face au vide lunaire, symbolise à ses yeux la fragilité de l’homme, et renvoie au concept du "Point Bleu Pâle" imaginé par Carl Sagan : notre Terre, minuscule et précieuse dans l’immensité du cosmos. C’est aussi une manière de dire que, partout où l’homme va, il tente de recréer un foyer. Même sur la Lune.
Une mission privée ambitieuse pilotée par Ispace
Le projet Moonhouse n’aurait jamais été possible sans la participation de la société japonaise Ispace, déjà connue pour ses ambitions lunaires. La mission Hakuto-R 2, qui transporte Moonhouse, a été lancée le 15 janvier 2025 par une fusée Falcon 9 de SpaceX, depuis le centre spatial Kennedy, en Floride. À son bord : un atterrisseur baptisé Resilience, un rover nommé Tenacious, et bien sûr, la célèbre maison rouge.
L’objectif est d’alunir en douceur sur la Mare Frigoris, une vaste plaine lunaire située au nord du satellite. C’est à cet endroit que Tenacious déposera délicatement Moonhouse sur le sol, dans un geste hautement symbolique mais aussi technique. L’ensemble de la manœuvre sera retransmise en direct sur YouTube ce jeudi soir.
Une prouesse technique et un défi de précision
L’alunissage d’un objet, aussi petit soit-il, nécessite une coordination millimétrée. Lors de sa mission précédente, en avril 2023, Ispace avait connu un échec cuisant : l’atterrisseur s’était crashé à quelques secondes de l’arrivée, suite à une perte de contact radio. Cette fois-ci, l’entreprise japonaise a tout mis en œuvre pour éviter un nouveau revers.
La descente de Resilience sera automatisée, pilotée par des algorithmes de navigation en temps réel. Une fois au sol, le rover Tenacious, conçu en Europe, déploiera un bras robotisé pour faire glisser Moonhouse hors de l’atterrisseur. Aucun humain n’interviendra dans la manœuvre. Un exploit en soi, à 384 000 kilomètres de distance.
Un coût assumé pour une œuvre inestimable
Combien coûte une maison sur la Lune ? Mikael Genberg reste flou, mais évoque le prix d’une “jolie maison avec piscine”. Selon les estimations, le coût total du projet avoisinerait les 900 000 euros. Un montant important, mais à relativiser si l’on considère l’exploit logistique, artistique et technique qu’il représente.
Pour l’artiste, cet investissement n’est pas financier mais émotionnel. Depuis plus de vingt-cinq ans, il consacre son énergie à ce projet, qu’il décrit comme le plus important de sa carrière. Et il assume : « Cela m’a pris un quart de siècle, mais ça valait chaque seconde. »
Une première mondiale pour une œuvre d’art spatiale
Moonhouse pourrait bien devenir la première œuvre d’art installée délibérément sur la Lune. Si certains objets culturels ont déjà été envoyés dans l’espace — des disques, des plaques symboliques, ou encore les gravures des sondes Voyager —, aucun artiste n’avait jusqu’ici réussi à faire de la surface lunaire le socle d’une œuvre plastique.
Il ne s’agit pas d’une capsule scientifique ni d’un manifeste politique, mais d’une installation poétique. Et ce changement de paradigme pourrait inspirer d’autres artistes à explorer les possibilités offertes par l’espace, non pas pour coloniser, mais pour questionner notre rapport au monde.
Un pas de plus vers la démocratisation de l’espace
Au-delà de l’aspect artistique, ce projet montre à quel point l’accès à l’espace est en train de changer. Il y a vingt ans, seuls les États pouvaient envisager de poser quoi que ce soit sur la Lune. Désormais, des entreprises privées comme Ispace permettent à des artistes, à des chercheurs ou à des entrepreneurs de rêver grand.
La sonde Resilience et le rover Tenacious n’embarquent pas que Moonhouse. D’autres charges utiles sont en route : des expériences scientifiques, des instruments de mesure et même des micro-rovers. L’espace devient un terrain d’expression, d’expérimentation, et peut-être bientôt, de création.
En résumé
Ce jeudi 6 juin 2025 à 21h21, l’artiste Mikael Genberg verra son rêve le plus fou se réaliser. Sa Moonhouse, une maison rouge miniature construite avec passion depuis plus de 25 ans, sera délicatement posée sur la Lune par une mission japonaise privée. Ce geste artistique, hautement symbolique, marque une première mondiale et rappelle avec poésie la fragilité de notre humanité dans l’immensité du cosmos.
Loin des démonstrations de puissance, des conquêtes géopolitiques ou des expériences scientifiques, ce projet célèbre l’imaginaire, la création, et le besoin universel d’un chez-soi. Moonhouse ne changera pas la face du monde. Mais elle changera peut-être la manière dont nous le regardons.
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