Quand on pense « révolution sexuelle », on se rapporte invariablement aux années 60, aux mouvements qui ont marqué la libération de la femme du carcan auquel elle devait se soumettre. Quelques décennies plus tard, la littérature fait partie des nouveaux promoteurs de la révolution sexuelle.
A l’heure du développement personnel, le véritable épanouissement de l’individu semble passer par des rapports ludiques et décomplexés. On libère le corps et l’esprit. Dans la nouvelle littérature érotique, les femmes passent à l’offensive dans leur vie sexuelle et, au nom de l’amour et de la passion, abordent le désir et le plaisir comme un mode de vie.
Alors que l’évocation de la sexualité féminine provoquait encore le scandale il y a peu, nous sommes maintenant dans une ère où le « mommy porn » (littéralement « porno pour mamans ») fait fureur et se vend en tête de gondole de nos grandes surfaces alimentaires.
C’est avec « Cinquante nuances de Grey » que le courant est lancé. L’histoire est celle d’une jeune étudiante amoureuse d’un riche et beau trentenaire qui se soumet à toutes ses fantaisies sadomasochistes.
Propulsé par le net alors que l’auteur E.L. James est autoéditée, la trilogie va connaître des chiffres de vente exceptionnels en librairie (plus de 1,4 million d'exemplaires vendus en 2013), mais aussi et surtout en numérique. Lire sans complexe et en toute discrétion, c’est un critère de choix ! Le consommateur reste à l'abri de sa liseuse ou de sa tablette. A n’importe quel moment et dans n’importe quel lieu, l’audacieuse lecture peut se poursuivre sans subir le regard curieux, interrogateur, lubrique ou inquisiteur de son voisinage.
La littérature érotique permet aux femmes de sortir de la passivité sexuelle pour affirmer pleinement les transgressions des règles et des conventions sociales.
Avec sa série « La société », Angela Behelle et son éditeur numérique La Bourdonnaye rencontrent en France le même engouement et rapidement le format poche est signé avec J’ai lu.
Vont suivre les séries « Beautiful bastard », du duo Christina Lauren, et « Crossfire », de Sylvia Day. Des scénarios qui délaissent les relations humaines et perpétuent un lot incessant de frustrations et de contrariétés. Le tout nouveau succès annoncé, « After », d’Anna Todd, suit ce schéma et propose les mêmes ingrédients : une jeune vierge effarouchée qui succombe au charme d’un bad boy tatoué et piercé.
Chacun y va donc de son titre, de sa série, avec des critères différents. Ainsi, on distingue parfois difficilement l’érotisme de la pornographie, lorsque la maîtrise de la sexualité n’a d’autres buts que la plus grande jouissance.
D’autres s’attachent à la dimension poétique et artistique, à relier le plaisir et les sentiments amoureux, le sens de l’humour au pouvoir aphrodisiaque. Une littérature qui insiste sur l’imagination pour créer un climat sensuel et charnel.
L’année dernière, au Salon du Livre de Paris, l’éditeur spécialisé La Musardine était présent. BD, essais, romans, la librairie érotique de Paris diffuse en papier et en numérique. Après le succès de « Sex and the kitchen » (14 000 exemplaires vendus), Octavie Delvaux revient enfin avec sa suite très attendue : « Sex and the TV ». Un texte drôle, romantique et torride. À découvrir !
Si vous lisez en numérique, vous ne passerez pas à côté de la collection « SeXtasy » de Numeriklivre qui décline la volupté en version classique, roman ou polar.
En conclusion, on ne peut que constater que ce courant littéraire aura réussi à remettre de nombreuses personnes à la lecture avec des textes qui permettent l’évasion, le rêve et donnent des clés pour changer ou améliorer sa propre vie. Le livre numérique aura contribué à ces succès en offrant aux lecteurs toute l’intimité nécessaire à la découverte du texte.