Humeurs

Ne me dites pas comment m'habiller ! Dites-leur de ne pas violer...

27 février 2014 - 07 : 55

La première fois que j'ai vu cette image, j'ai tout de suite eu envie d'écrire un article sur le sujet. J'y ai énormément pensé, surtout lorsqu'un garçon de ma connaissance au détour d'une conversation m'a dit : "Non mais quand une fille habillée comme une pute trémousse son cul devant un gars toute la soirée et qu'après elle lui dit non, je peux comprendre qu'il pète un câble. On est guidés par nos instincts, tu sais !"


Si vous n'êtes pas sûrs d'avoir bien lu ce ramassis d'aberrations, n'hésitez pas à relire cette phrase pour en prendre pleinement conscience. Si je fais de la paraphrase, les hommes, pauvres créatures sous l'emprise de leurs besoins animaux, ne peuvent s'empêcher de se débraguetter quand ils voient un string d'un peu trop près. Et la jeune femelle, une fois qu'elle a enclenché le processus de séduction, ne peut plus revenir en arrière sous peine de se prendre un petit coup de rein bien mérité. C'est ça ? J'ai tout saisi ?


"Oui mais tu es choquée parce qu'aujourd'hui, le sexe est réglé par des codes sociaux. Mais à la préhistoire..." Oui, et à la préhistoire, les mecs pissaient partout pour marquer leur territoire et montrer leur amour en attrapant les filles par les cheveux pour copuler avec elles dans une grotte ou une hutte.


Et si le sexe est réglé, comme tout le reste, par des codes sociaux, c'est peut-être parce que, depuis l'âge des cavernes, la société a connu deux-trois évolutions en matière de vie en communauté.


Je dois dire que je suis doublement sciée par cette réflexion. Premièrement par rapport à tous ces garçons si bien élevés que je connais et qu'on amalgame ainsi à des abrutis rendus incapables par un manque d'afflux sanguin de faire fonctionner simultanément leur cerveau et leur appareil génital. Et deuxièmement car cela pose un réel problème : si une fille se fait violer, c'est toujours plus ou moins de sa faute, c'est ça ?


J'en entends certains d'ici : "Non mais bon, c'est vrai qu’on peut dire qu'entre les tenues et leur façon d'agir, certaines l'ont bien cherché."


Messieurs-dames si bien pensants, si propres sur vous, si loin de tout ça, laissez-moi vous apprendre une chose sur nous autre le sexe faible : nous ne rotons pas des papillons, nous ne pétons pas des paillettes, nous ne chions pas des arc-en-ciel et nous aussi NOUS AVONS DES ENVIES SEXUELLES ! Les garçons ne sont pas les seuls à reluquer des derrières, à avoir envie de faire l'amour à quelqu'un qui nous chauffe. Mais il est bien plus rare d'entendre parle de viol collectif d'un garçon par des filles (même si je ne nie pas que cela puisse exister) ou d'un mec qui se serait fait tripoter par vingt nanas dans un bus (cf parenthèse précédente). Alors quoi ? Quelle différence y-a-t-il entre nos envies, nos pulsions et celles des hommes ?


On apprend aux filles à ne pas s'habiller de manière provocante, à se méfier de tout, on les reprend sur ce qu'elles disent, ce qu'elles font, leur façon de parler, de bouger, de s'asseoir... Mais quand éduquerons-nous les garçons ? Quand apprendrons-nous à certains demeurés ou frustrés sexuels qu'on assouvit ses pulsions d'un rapide mouvement de poignet devant un porno et non pas en violentant une jeune femme dans un endroit sordide ? Quand arrêterons-nous d'accuser les victimes ?


Vous pouvez empêcher vos filles, soeurs, cousines, amies, de s'habiller comme des "salopes", de se tortiler "comme des putes", mais tant que vous n'apprendrez pas à vos fils, frères, cousins, amis que "non" ça veut dire "non" et pas "non mais peut-être si tu insistes un peu..." et que même le comportement le plus indécent n'autorise pas à sortir son pénis, il y aura toujours des filles abusées, des filles dont la vie sera détruite par un acte qui est normalement un acte d'amour consenti.


Avant d'apprendre aux filles à se tenir, apprenez aux garçons à se retenir.

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