Je tente de trouver la meilleure façon de vous parler du film que je viens d’aller voir, pour vous donner l’envie d’y aller à votre tour, mais je me rends bien compte que je n’arriverai jamais à être à la hauteur de cette perle.
Après avoir lu le pitch, j’étais un peu perdue. Mais c’était quoi ce film ? Un reportage ? Une comédie ? Une farce ? Une histoire vraie ? Et bien c’est tout ça en même temps.
« Merci patron ! » nous fait suivre Serge et Jocelyne KLUR, un couple de chômeurs, qui va faire chanter (dans la bonne humeur) l’employeur qui les a mis à la porte : Bernard ARNAULT, président de LVMH.
Au début nous avons François RUFFIN, rédacteur en chef du journal FAKIR, qui s’est mis une mission en tête : rétablir le dialogue entre B.ARNAULT et les employés qu’il a licenciés.
Parce qu’après tout ce grand patron n’est peut-être pas si mauvais ? Peut-être qu’il ne se rend pas compte, tout simplement, de la misère dans laquelle il les a mis ? (c’est ironique bien sûr).
Donc François RUFFIN part à la rencontre d’anciens salariés de la Samaritaine et d’anciens ouvriers d’un atelier du nord de la France, qui a été délocalisé en Pologne, puis en Bulgarie, et qui risque à présent d’être délocalisé en Grèce.
C’est ainsi que, par l’intermédiaire d’une ex-salariée (géniale !) et déléguée CGT, il rencontre les KLUR, qui travaillaient tous deux dans cet atelier de couture (qui fabriquait des costumes Kenzo) et qui malgré toute leur bonne volonté (comme l’atteste le paquet de lettres de refus qu’ils ont soigneusement gardées), n’ont jamais retrouvé de travail. Pourtant ils sont prêts à accepter n’importe quel boulot. Ils ne sont même plus en fin de droit et touchent seulement les minima sociaux : 400 euros par mois.
Quand François RUFFIN leur demande comment on fait avec aussi peu de revenus, ils lui répondent le plus naturellement du monde, et sans aucune haine, qu’il y a des jours où ils ne mangent pas.
Ce passage nous donne une grande claque. Entendre quelqu’un dire que parfois il met 5€ d’essence dans sa voiture, parce qu’il n’a que ça, qu’ils ne chauffent pas la maison, parce qu’ils ne peuvent pas, ou encore qu’à Noël le couple a dîné d’une tartine de fromage blanc, ça remet les pendules à l’heure.
François RUFFIN décide donc d’aller porter la parole de tous ces gens méprisés et veut profiter de l’assemblée générale de LVMH pour se faire entendre. Mais il se fait dégager manu militari par un chef de la sécurité. Il faut donc trouver une autre solution.
Peu de temps après les KLUR reçoivent une lettre d’huissier : ils ont 8 jours pour régler une dette de 26 000€, sans quoi leur maison sera saisie. Evidemment ils ne peuvent pas se résoudre à perdre leur maison, dans laquelle ils ont fait tous les travaux eux-mêmes. François RUFFIN, aidé de l’ex-salariée déléguée CGT (toujours géniale), leur propose d’écrire une lettre à B.ARNAULT lui demandant poliment, mais expressément, de les aider à régler leur dette (après tout c’est de sa faute s’ils en sont là) et de les aider à retrouver un CDI, sans quoi ils préviendront Médiapart, Mélenchon, Hollande, FAKIR,….
Coup de théâtre, dès le lendemain un chef de la sécurité, celui-là même qui a jeté dehors François RUFFIN lors de l’AG, les contacte pour convenir d’un rendez-vous pour leur verser l’argent.
L’histoire n’en reste pas là, on va suivre le rendez-vous en caméra cachée et c’est absolument cocasse. On se marre, mais on se marre. Les KLUR qui ont été coachés par l’équipe de FAKIR, mais qui parfois ont l’air de se demander ce qu’ils font là, sont absolument tordants de naturel. Ils ont face à eux un gars, dont le chef chez LVMH, est l’ancien directeur de la DRCI (et donc de l’espionnage) et ils arrivent avec des bouts de ficelle à l’espionner lui-même.
Comble du ridicule, lors d’un autre rendez-vous, ce même type raconte à François RUFFIN qui se fait passer pour le fils des KLUR, comment il a foutu dehors lors de l’AG de LVMH… François RUFFIN !
A force de mépriser les « petits » on finit par croire qu’ils sont capables de rien, inoffensifs et c’est ainsi qu’on se fait avoir à son propre piège !
Tout ce qui se passe dans ce film est incroyable ! On dit souvent que la réalité dépasse la fiction, « Merci Patron ! » en est la preuve.
Et comble du luxe : B.ARNAULT va se faire avoir 2 fois, rien qu’à cause de la grosse tête de ces « adjoints ».
Dans ce film au sujet triste et consternant, on ne fait que rire (et réfléchir). Tout est sur le ton de la plaisanterie. Les gens du film sont tous absolument attachants. Les KLUR, la déléguée CGT qui représente l’essence même de ce que doit être un syndicat, les anciens employés, l’équipe de FAKIR absolument formidable et prête à tout pour ses convictions.
CHAPEAU !