Quand j'étais au lycée en Bretagne, on tapait la bise à tout va, dès qu'on croisait une personne qu'on connaissait, même très peu. C'était un peu comme une marque de reconnaissance. Une bise, c'est un rite du quotidien léger et agréable, c'est une marque d'affection qui instaure une relation entre deux personnes et qui favorise l'intégration dans un groupe.
Dans mon premier job, taper la bise était devenu une corvée internationale. En 10 minutes tu as bisé 20 à 30 personnes avec la même rengaine bienséante : Salut, ça va ? Oui, ça va et toi ? Et puis on passe au suivant. C'est le festival des bisous sur les joues glabres, piquantes, barbues, calleuses, transpirantes, douces, rougeaudes, boutonneuses, chaudes, froides, ridées, rebondies ou maquillées. Il y a les tactiles qui s'attardent un peu trop à ton goût et dérapent, ceux qui font un gros SMACK sonore qui perce les tympans, d'autres plus timides qui effleurent doucement ta joue de leurs lèvres et ceux qui te donnent un coup de boule, pas forcément à l'aise avec le contact physique. Finalement, une simple bise en révèle long sur la personnalité des autres.
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Chaque département son nombre de bisous
Ben oui, on ne tape pas la bise partout pareil ! Rien qu'en Bretagne, on ne fait pas le même nombre de bises selon les régions. Chez moi, dans le Finistère Nord, c'est juste 1 bisou sur la joue droite et j'avoue que j'aime bien, c'est rapide ! Par contre dès qu'on traverse les frontières pour aller dans les Côtes d'Armor, on passe à 2 bisous. Ça devient plus compliqué en Normandie avec 4 bisous, la corvée ! Ce fait produit des situations cocasses, dans lesquelles on se retrouve à faire un bisou... dans le vide !
Le cas de l'Allemagne : accolade vs bisou !
Quand on change de pays, on se retrouve confronté à d'autres traditions pour dire bonjour. Depuis que je suis en Allemagne par exemple, je suis complètement perturbée : les Allemands serrent la main quand ils ne te connaissent pas, ils te font une accolade oursonne avec leurs grosses papattes quand ils t'ont déjà vu plusieurs fois et te serrent longuement dans leurs bras quand ils sont à l'aise. Je suis la première à aimer les câlins, alors cette marque d'affection n'est pas pour me déplaire.
Voici trois situations assez embarrassantes vécues régulièrement en Allemagne :
- Je veux faire la bise par automatisme, l'Allemand me repousse d'entrée de jeu (beurk c'est dégueulasse, ces échanges de bisous). Au contraire, quand je rentre en France, je veux prendre tout le monde dans les bras comme si on était chez les Bisounours et je me fais également repousser.
- Cette fois, l'Allemand en face de moi veut me faire la bise car il sait que je suis Française et veut montrer qu'il connaît nos traditions. Moi je ne capte pas et je lui offre ma main, il avance sa joue et dans la confusion on finit par se prendre à moitié dans les bras en bafouillant des excuses.
- Je veux faire l'accolade à l'allemande et je m'y prends dans le mauvais sens (si tant est qu'il y'ait un sens), je me retrouve alors nez à nez avec l'Allemand comme si j'allais l'embrasser sur la bouche. C'est arrivé plusieurs fois avec mon futur beau-père, la TE-hon.
S'adapter à la personne en face de soi
Bien sûr, certains codes sociétaux veulent qu'on ne tape pas la bise à tout le monde. Généralement, les filles entre elles se claquent la bise, les gars se serrent la main et quand un garçon dit bonjour à une fille, la bise l'emporte. Avec son patron, son banquier ou son généraliste, la poignée de main ferme et énergique est de mise (ah là là il n'y a rien de pire qu'une poignée de main molle !), pour mettre une certaine distance et instaurer ainsi le respect. Il y a de quoi s'y perdre, non ?
Et par chez vous, ça se passe comment ?