Déjà, je tiens à préciser que ce n'est pas une opération de chirurgie esthétique mais une intervention qui a pour but de virer des lésions causées par le papillomavirus (qui touche plus de 10 % des femmes).
Et quand ta gynéco t'annonce, après avoir reçu tes résultats de frottis, que tu vas avoir besoin d'une intervention au laser, t'as un peu envie d'appeler ta mère en chialant.
Et après, plus tu y réfléchis...
Hôpital...
Anesthésie/pas anesthésie...
Toi à poil, les jambes en l'air dans un hall de gare...
En fait, plus tu y réfléchis et plus tu as envie de pleurer.
Donc, ce n'est pas parce que je suis une exhibitionniste que je vais TOUT vous raconter. Mais parce que, quand ça m'est arrivée, j'ai été bien contente d'avoir une copine sous le coude qui était déjà passée par là (oui, je suis comme ça, je me réjouis des maladies de mes amis). Et je me suis dit que ça pouvait intéresser quelques personnes.
Sinon, vous pouvez toujours vous foutre de ma gueule, je vous en voudrais pas.
Déjà, il faut savoir que c'est une intervention qui a lieu soit sous anesthésie générale (tu t'endors hop, tu te réveilles, tu ne sais pas combien de personne t'ont vu à walpé... le pied !), soit avec une anesthésie du bas du corps (jambes en coton paralysées), soit comme moi, pas d'anesthésie du tout. J'avais lu des commentaires de survivantes qui disaient que le col de l'utérus était innervé et que donc on ne sentait absolument rien.
J'en ris encore.
Cette magnifique aventure commence aux aurores, il faut être à jeun, se pointer à l'hosto hyper tôt en sachant qu'on va être pris en charge des heures plus tard. J'ai toujours pas compris pourquoi. Ils se disent peut-être que le plus tôt tu viens, le moins de temps tu as pour réfléchir et te défiler... Une heure après mon arrivée, on m'installe dans ma chambre qui n'en est pas vraiment une, il y a quatre fauteuils roulants séparés par quatre casiers et une salle de bain où j'ai pu me changer et enfiler ma tenue de combat : une blouse (transparente et ouverte dans le dos), une culotte en papier (mais bien sûr), des chaussons, toujours en papier, et une charlotte, au cas où je n'ai pas encore l'air assez ridicule.
J'ai aussi eu droit à un gros peignoir dans lequel j'ai essayé de me cacher, le brancardier étant pas mal. Mais bon, j'ai quand même attendu une heure avant qu'il vienne me chercher. Enfoiré.
Il m'a donc poussée sur ma chaise roulante (j'adore avoir des aperçus de ce que sera ma vie quand je serais vieille. Dans 5 ans). On m'installe sur un lit et me pousse dans l’antichambre de la mort la salle d'attente du bloc opératoire où d'autres lits sont stationnés avec d'autres patients. On échange des regards gênés comme si on faisait la queue pour aller aux toilettes. Avec des charlottes sur la tête.
Une heure plus tard, je manque de m'endormir. Puis une infirmière se présente à moi. Elle sera au bloc pendant mon intervention, avec une autre infirmière et me prévient qu'elle repasse bientôt me chercher. Dès qu'elle a le dos tourné, je fais une danse de la joie dans mon lit (parce que je ne suis plus à ça près) : au bloc, il y aura donc deux infirmières (deux femmes !) et ma gynéco, qui est aussi une femme. Ma copine a eu droit à deux gynécos – hommes – ainsi qu'une jolie brochette d'internes – hommes – penchés entre ses cuisses. Et c'est le seul truc qui me faisait vraiment flipper, je crois.
Ensuite, le bloc : c'est la fête, j'enlève ma culotte (youhou), je m'allonge sur le lit, je pose mes pieds dans de jolis étriers bien rembourrés. Et on me recouvre avec une couverture chauffante. Je suis pépère. A deux doigts de commander un russe blanc. Le cocktail. Pas un soviétique pâle. Quoi que, je suis tellement bien installée...
Ma gynéco arrive, on m'enlève la couverture, c'est tout de suite moins drôle. On remonte ma blouse sur mon ventre. OK. Donc, là, tout est à l'air, je me concentre sur le plafond. C'est sans compter sur la porte automatique du bloc qui coulisse dès que quelqu'un passe dans le couloir. Ça va que je suis pas exposée plein sud mais bordel, j'ai connu mieux.
Ma copine infirmière de tout à l'heure me file une paire de lunettes pour me protéger du laser. J'ai une classe intergalactique. Puis elle m'attache les pieds et les genoux aux étriers.
Indice 1 : quand quelqu'un attache tes membres avec du velcros en te disant que « c'est pour ton confort », c'est pas pour ton confort.
Et là, hop, sans que je ne le vois venir, elle actionne les étriers et je me retrouve avec les jambes au-dessus de la tête. Et, là, je ne vous cache pas que j'ai un tout petit peu envie de décéder. Même si, dans cette position, ça n’aurait pas été très classe.
L'autre infirmière reste au niveau de ma tête, ce que j'apprécie, puis commence à me parler. Mais on ne détourne pas mon attention comme ça.
Les choses sérieuses commencent. Bétadine au karcher, c'est froid, ça mouille, ça coule. Spéculum, on a connu plus agréable mais ça va. Puis le laser, ça chauffe un peu, puis ça picote, puis ça fait franchement mal.
Indice 2 : que les choses soient claires, quand, dans la pièce, se trouve une personne dont l'unique rôle est de te tenir la main en répétant que "tout va bien se passer", c'est que tout ne va pas bien se passer.
Donc, clairement, je suis à deux doigts de chialer tellement j'ai mal (et pourtant, je suis une badass), je respire comme si j'étais en train d'accoucher (ne me demandez pas d'où m'est venu ce réflexe, je dois trop regarder de film), à chaque fois que l'infirmière me dit "ça va aller, c'est bientôt fini", je souffle que "ouais mais ça fait quand même très mal", "mais non, c'est bientôt fini !" "bordel, si ça fait pas mal pourquoi tu me dis que c'est bientôt fini" (bon ça, en vrai, je l'ai gardé pour moi mais je l'ai quand même regardé de travers. Non mais oh !).
Heureusement, ça ne dure qu'une dizaine de minutes et la douleur s'arrête dès que le laser est éteint. J'ai droit à un massage du col pour arrêter les saignements. Et puis c'est fini !
Je me redresse, sauf que sans m'en rendre compte, mes jambes se sont tétanisées et décollées des étriers, en gros je suis restée un quart d'heure les jambes en lévitation par la seule force de muscles que je n'ai pas et qui ne me disent pas merci. Je tremble comme une feuille et je n'arrive plus à marcher.
Ensuite, on me donne une serviette hygiénique qui fait, à vue d’œil, la taille d'un set de table. Ainsi qu'une culotte en papier. Sans élastique. Voilà, vous avez deux heures, planchez sur vos copies. Personnellement, la gravité aidant, je me suis retrouvée avec le truc entre les genoux. Je vous souhaite une meilleure chance !
L'infirmière, voyant que je galère un peu, m'a enroulée dans un drap. J'ai une allure folle. Je demande à garder les lunettes histoire de rester incognito.
Vas-y, jeune padawan, tu peux retourner dans ta chambre avec ta dignité sous le bras.
Je me rhabille avec mes habits qui ne sont pas constitués de papier et j'ai même une serviette hygiénique ridiculement petite (les tampons étant déconseillés pendant 2 semaines. Tout comme le sexe. Pas fun.) et j'ai le droit de rentrer chez moi. Je cherche une boutique souvenir où je pourrais acheter un tee-shirt "j'ai survécu au laser" mais ils doivent être en rupture de stock. Et je rentre chez moi. En bus.
Indice 3 : quand on te dit que c'est une petite intervention, que tu pourras sortir de l'hôpital direct après, ils sont quand même un peu légers, bisounours sur les bords. T'as le droit de faire chier le personnel médical et d'exiger qu'on vienne te récupérer. Ne faites pas comme moi, les gens !
J'ai fait une chute de tension dans le bus, j'ai failli m'évanouir. C'est quand même une intervention, c'est stressant, ça peut faire mal, au mieux ce n'est pas agréable du tout. J'ai rampé jusqu'à mon appartement, j'ai mangé deux croque-monsieur (j'étais à jeun, bordel !) et j'ai dormi. Toute la journée.
Aucune douleur par la suite, rien de spécial, et j'étais en forme dès le lendemain. Une visite de contrôle est à prévoir dans les trois semaines.
Et, la prochaine fois que j'irai me faire épiler le maillot, je n'aurai aucune honte à me foutre à poil devant mon esthéticienne. Que demande le peuple !