Famille

La relation mère-enfant dans trois films vus récemment

14 décembre 2015 - 09 : 57
par Aggie Agit Ces temps-ci, sans le faire exprès, j’ai vu trois films qui mettaient en lumière, même si parfois ce n’était pas le sujet principal, la relation mère-enfant.

A chaque fois la relation était différente, le film était différent, la mise en scène était différente, mais à chaque fois j’en suis sortie remuée, avec le besoin d’en parler.

« Mommy » de Xavier Dolan

Ce film est tout bonnement époustouflant. On est happés et on en ressort essoufflés par le rythme, le débit des paroles, l’enchaînement des scènes. Les acteurs sont magistraux.

C’est l’histoire de Diane, une Canadienne, veuve, qui récupère chez elle son fils de 15 ans, après que celui-ci ait été viré du centre de rééducation dans lequel il avait été placé. Son fils est violent, impulsif, ne supporte pas l’autorité, il souffre d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité.

Leur relation est explosive. Ils s’adorent autant qu’ils peuvent s’insulter, ils évoluent constamment sur un fil où le moindre mot, le moindre geste peut les faire basculer vers la violence ou la tendresse.

Diane essaie d’apprivoiser son fils, tout en se dépêtrant de ses propres galères (professionnelles, financières…). Il lui mène une vie infernale, piétinant constamment sur leur équilibre précaire, elle peut tour à tour l’engueuler, l’insulter, le protéger, le craindre. Mais une chose est inébranlable : l’amour qui les lie. Une voisine, en proie elle aussi à des difficultés, va s’ajouter à ce duo et ensemble les trois vont essayer d’avancer.

C’est un film dur, qui ébranle. Mais qui montre de façon juste les difficultés et la solitude qu’une mère dans cette situation peut rencontrer, ainsi que l’amour inconditionnel envers son enfant malgré les galères qu’il lui fait vivre.

Party girl » de Samuel Theis, Marie Amachoukeli, Claire Burger

Ce film est indéfinissable. Vraiment. Il est surprenant par la façon dont il est tourné, par l’histoire qu’il raconte mais aussi parce que les acteurs, qui en fait n’en sont pas, jouent leur propre rôle.

Ca se passe dans l’est de la Moselle et c’est l’histoire d’Angélique, une dame de 60 ans qui a travaillé toute sa vie dans des cabarets en Allemagne, en tant qu’entraîneuse (comprendre qu’elle est payée pour séduire les clients et les inciter à consommer).

Angélique elle a un look peu commun et du franc-parler. Le monde de la nuit c’est sa vie. Et comme il était incompatible avec une vie de famille, ce n’est pas elle qui a élevé ses 4 enfants. D’ailleurs la petite dernière, de 16 ans maintenant, est placée depuis plusieurs années dans une famille d’accueil. Leur père ? On n’en sait rien. Les 2 aînés portent le nom de leur géniteur mais on ne sait pas où il est passé, les 2 plus jeunes portent chacune le nom de leur mère et ne savent pas qui est leur père.

Et voilà qu’un ancien client d’Angélique revient la voir, lui confie qu’il l’aime et lui demande de l’épouser. Le mariage elle n’y a jamais pensé. Mais cet homme, Michel, est quelqu’un de bien, d’attentionné, qui lui apportera sûrement de la stabilité émotionnelle et financière (avec son âge, les clients se font rares), alors elle accepte. Michel, avec toute sa tendresse, va se faire accepter des enfants d’Angélique et va même l’aider à renouer avec sa benjamine.

J’ai adoré ce film parce qu’il montre qu’on a beau avoir une vie décousue, une famille atypique qui ne ressemble à aucune autre, les liens entre mère et enfants, et entre demi-frères et sœurs se font quand même. Que malgré tout ce bagage lourd à gérer, on s’aime. La scène où Angélique va revoir sa plus jeune fille et lui dit tout ce qu’elle a sur le cœur est absolument poignante. Ce n’est pas parce qu’on a un franc-parler qu’on arrive pour autant à tout dire en matière de sentiment. Ce n’est pas parce qu’on ne donne pas de nouvelles qu’on ne pense pas à l’autre, mais c’est parce qu’on ne sait pas comment s’y prendre.

Je disais donc que c’est une histoire vraie. L’Angélique du film est la vraie Angélique, elle rejoue son histoire. Ses enfants dans le film sont ses vrais enfants. La famille d’accueil est la vraie famille d’accueil dans laquelle sa plus jeune fille a grandi.

Et le film est réalisé par Samuel Theis qui joue son propre rôle dans le film : il est l’un des fils d’Angélique. Oui, il raconte l’histoire de sa propre mère.

C’est étonnant, émouvant. Au départ on se demande « mais qu’est-ce que c’est que ce film » et puis au final on s’attache à cette drôle de famille.

« Papa was not a rolling stone » de Sylvie Ohayon

Stéphanie, 17 ans, grandit dans les HLM de la Courneuve des années 80. Elevée par une mère immature qui l’a eue très jeune et qui lui reproche régulièrement de lui avoir gâché la vie, ainsi que par un beau-père beauf et brutal, son quotidien est étouffant.

Elle a heureusement plusieurs échappatoires : ses grands-parents, la danse où elle excelle, ses copains de HLM, mais aussi la littérature. Stéphanie est une excellente élève et a la certitude qu’en faisant de grandes études elle aura la chance de fuir ce milieu. Elle n’est pas une enfant de chœur, mais elle se débat comme elle peut contre tout ce qui vient entacher sa vie, pour pouvoir accéder à son objectif : obtenir son bac avec la mention très bien pour suivre les études qu’elle souhaite, afin de travailler dans la publicité et quitter cette vie.

Là encore c’est assez violent, notamment dans les propos que les personnages ont les uns envers les autres. La mère de Stéphanie peut être odieuse envers elle et se comporter en vraie gamine capricieuse, comme si le rôle mère/fille était inversé. Mais parfois, trop rarement, elle adopte son rôle de maman, fait ce qu’elle a à faire pour sa fille et est même capable de tendresse.

Stéphanie avance malgré les horreurs qu’on lui dit, malgré les boulets qu’elle traîne aux pieds. Parfois en tanguant, parfois en trébuchant, mais en ne quittant jamais des yeux son objectif. Elle ne peut jamais se reposer, baisser les armes, son avenir repose uniquement sur elle.

J’ai été prise par ce film surtout parce qu’il retrace la vie de Sylvie Ohayon, la réalisatrice, mais aussi parce qu’à plusieurs reprises je me suis retrouvée dans cette histoire.

Je me suis revue dans le quotidien étouffant de mon adolescence, avec ce besoin irrépressible de partir, pas forcément loin, mais de m’échapper de là pour respirer. Que ce soit auprès des amis, dans les études, mais aussi avec la foi chevillée au corps que mon avenir sera meilleur.

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Aggie Agit
Blogueuse du soir, bricoleuse du dimanche, décoratrice du jeudi, prieuse de Sainte-Rita à chaque situation désespérée, je suis aussi auteur amateur et maman…