Humeurs

Vis ma vie de prof de fitness

16 août 2014 - 12 : 00
par Kali
Dans ma précédente vie, j’ai été prof de fitness durant cinq ans, à temps plein. Le sport prenait une grande place dans mon quotidien, je passais des heures chaque jour à la salle. J’ai donc tout naturellement voulu faire de ma passion mon métier.

J’ai travaillé dans plusieurs salles selon mon planning. Beaucoup, beaucoup de bonheur. Mais aussi de sacrés points noirs !

Revêts la casquette de la prof, celle qui te fait souffrir en cours à la salle, pour quelques instants.

Mon quotidien vu par les adhérents


En survet’ et baskets, j’ai toujours la pêche et un sourire rayonnant, je suis rigolote, toujours prête à plaisanter avec l’un et l’autre. Ma vie est super, tout le monde m’apprécie, je fais du sport toute la journée : quelle chance ! Ils me voient même le weekend c’est quand même trop bien.

ambiance

Ma réalité


Quand tu es prof de fitness, ton physique est passé au crible. Tu grossis ? Les gens sont outrés, tu pourrais quand même faire attention… Tu maigris ? Ouh là, tu as sûrement attrapé une maladie… tu n’as pas l’air bien ? Cela devient une affaire d’Etat.

Néanmoins, j’adore ce métier. Vraiment. Le contact avec les gens, l’émulation quand la musique démarre et que je suis sur mon podium, face à 10, 20 ou 50 personnes qui crient et transpirent avec moi. Mon dieu quel pied je peux prendre à chaque fois ! Enfin presque chaque fois…

Parfois, je dois assurer un cours de RPM avec les stroboscopes, la chaleur étouffante et la musique assourdissante… avec la migraine. Et je sais que deux heures après ce premier cours, j’en aurais trois autres à assurer.

Parfois, je suis crevée et je maudis les gens qui sont déjà devant la porte dès le matin avant même l’ouverture. Ils m’attendent telle le Messie avec une tape dans le dos… et j’ai juste envie de retourner me coucher ! Mais je leur réponds d’un grand sourire.

Parfois, je m’enchaîne des horaires pas top genre 9h-14h puis 16h-21h et des weekends 9h-19h ; et un seul dimanche de repos par mois. Je dois aussi travailler mes chorégraphies, les créer ou les apprendre, plusieurs heures par mois en dehors du travail. Bref, les journées font bien plus de 12 heures.

D’autres fois, je n’ai pas le temps de prendre une douche après un cours éreintant car certains dirigeants de salle regardent la montre : je passe donc trois heures en plateau musculation avec une odeur de salami périmé.

Parfois, les adhérents sont désobligeants mais heureusement, mon répondant les calme instantanément.

Parlons des adhérents !


Petit portrait robot des gens que je côtoie. La majorité des adhérents sont des personnes lambdas mais certains méritent une description.

Le mec sympa : il ne se prend pas la tête, a envie de bouger, il aime le sport, il ne fait que de la muscu et quelques cours cardio genre RPM ou body combat. On papote vite fait pendant que je prépare sa prot’. Ca marche aussi avec la fille, qui enchaîne les cours et qui aime ça !

L’affamé : lui, s’il vient à la salle, c’est avant tout pour essayer de serrer de la nana. Et sortir avec la prof, c’est un peu comme sortir avec le DJ, ou la serveuse. C’est la classe tu vois ! Bon, juste la choper vite fait ça reste la classe aussi, encore mieux même. Ce type d’adhérent se divise en deux catégories : le lourd, et le Don Juan. Le lourd n’a rien à perdre. Il se dit qu’en brassant très, très large, il en chopera bien une ou deux dans ses filets. Le lourd fait des blagues pourries du type « Ta mère était une voleuse ? » je te fais grâce de la suite de sa tirade. Le lourd est en général, il faut bien l’avouer, pas très beau ni intelligent ni musclé… ni rien du tout en fait (comment ça je ne suis pas sympa ? Allez, ose dire que tu n’en connais pas au moins un !). Quant au Don Juan, il connaît les ficelles de la séduction et ça marche ! Mais après être sorti avec 5 filles de la salle, sa technique commence à s’essouffler. Le Don Juan a malgré tout de bons atouts et sait rester classe alors on le pardonne… (je me suis même laissée tenter !).

lourd

Le musclé. Alors lui, je l’adore. Déjà parce que je partage sa passion et j’apprécie nos discussions sur le training et la diététique. J’adore l’ambiance Body, le bruit de la fonte, les gars qui font du posing devant les glaces. Oui, la plupart des filles détestent ça. Moi, je me sens au contraire dans mon élément. Sauf qu’il faut bien le reconnaître, certains sont de vrais machos et faire sa place en tant que nana peut être difficile. Et puis souvent, il a tout vu, tout fait. Et surtout, « avant » il pouvait soulever 200kg et était énooorme. Mais, c’était avant !

bodybuilder

Bon, certes on ne va pas se mentir, avec mon mètre presque 80 et mon bonnet F, on ne peut pas dire que j’ai rencontré beaucoup de soucis avec les adhérents masculins ! Avec les filles par contre…

La jalouse : soit son homme fréquente la salle et il n’a pas intérêt à vouloir suivre un de mes cours ou vouloir une prot’ si c’est moi qui tiens le comptoir. Soit elle a juste besoin de se comparer à moi à cause de cette aura que les gens donnent à la prof (et qui n’a aucune raison d’être). Ses regards assassins sont assez peu discrets en général.

La narcissique : toujours vêtue de tenues de marques, de préférence moulantes et colorées, elle est brushée et très maquillée. Elle ne doit surtout pas transpirer pour préserver son fond de teint et son mascara et se regarde dans la glace à chaque mouvement, pour surveiller sa mèche… ou être sûre d’attirer quelques regards. Certaines sont vraiment des pimbêches, d’autres sont adorables. Elle peut être croisée avec la jalouse : cocktail détonnant.

narcissique

La discrète : elle porte des tee-shirts larges et se place toujours au fond pendant le cours. On ne l’entend pas, on la voit peu. Elle est mignonne comme tout mais ne le sait pas, en général. En plateau muscu, elle garde son iPod vissé sur les oreilles.

Plus de positif que de négatif et pourtant…


Durant cinq ans, j’ai bossé une cinquantaine d’heures par semaine sur plusieurs salles. J’ai donné entre 20 et 30 cours hebdomadaires. J’ai eu la chance d’être un peu plébiscitée et appréciée pour mes cours. A double tranchant : je me suis tant donnée qu’à 24 ans, j’ai commencé à faire de l’arthrose. Mon erreur : j’y suis trop allée à fond jour après jour, j’ai trop forcé comme les adhérents. Sauf que, contrairement à eux, je ne me suis accordé aucun moment de répit. Je me suis donc reconvertie mais le sport, la musculation et le fitness, tiendront toujours une place majeure dans ma vie !
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Kali
Je vous propose un joyeux fourre-tout : vie de mère, de femme, de copine, de gamine aussi. Sujets sérieux ou superficiels : toutes les facettes d’une femme réunies en une tribune. Allaitement, maternage, éducation non-violente, sport, végétarisme, lecture, musique, maquillage, ongles… Nous avons plein de choses à nous dire !