« Elles doivent être toute maquillées et bien habillées a l'arrivée DES JEANS C BON MAIS IL FAUT DES TALONS assure toi de leur dire car pour la presse il faut donner bonne image au cas où »
Vendredi matin, dernier mail du client (apparemment « fâchait » avec la langue française) avant le départ qui aura lieu le jour même, direction Marrakech.
Job en freelance dégoté par une amie pour un défilé qui a lieu à l’occasion du Festival International du cinéma de Marrakech. J’accepte le boulot sans me poser de question ! Un week-end au soleil et en décembre, on ne va pas cracher dessus !
(Ndlr : freelance : on ne passe pas par l’agence, le client prend contact directement avec nous)
A l’aéroport, je suis heureuse de retrouver une amie avec qui j’ai travaillé sur Casablanca. Des visages connus quand on part à l’étranger, c’est toujours plus rassurant. Trois heures plus tard, nous voilà au Maroc ! Le client, sosie de M Pokora, made in Morroco : petit collier barbe, brillants aux oreilles, casquette US, baggy, nous accueille très sèchement.
Sur le chemin de l’hôtel, il nous donne des recommandations : « Surtout ne parlez à personne, ne dites pas pourquoi vous êtes là et vous ne répondez à personne ! Allez dans vos chambres et préparez-vous. On sort ce soir alors maquillez-vous, au moins ! » Au Maroc, maquillée signifie = regard charbonneux et rouge à lèvres rouge.
Nous sommes installées dans des suites à 500 euros la nuit, waoooouh !!!! Pas mal ce job, en fait ! Une fois habillées et SURmaquillées, nous nous rendons au brief. Près de 40 filles, typées latines sont déjà là à jacter dans tous les sens. Un vrai poulailler ! C’est qui, ces nanas ???
Le chef de notre client nous annonce en anglais que nous sommes là pour fêter un anniversaire, celui du fils du Président. Du Président ? Hein ? Chaque fille se voit remettre un bracelet. C’est officiel, nous sommes dans un traquenard.
On nous conduit ensuite dans le hall de l’hôtel. Trois par trois, nous montons dans des voitures plus énormes les unes que les autres.
10 mètres plus tard, nous arrivons à destination. Nous pénétrons dans une salle très belle avec un DJ aux platines. Des hommes âgés entre 40 et 50 ans sont installés à chaque table !
Il est minuit nous en sommes à la quatrième assiette. Je remarque que mon voisin porte une alliance, il m’indique qu’il travaille dans la finance. La table derrière, où sont entassées les espagnoles, me donne un mal de crâne ! Les pouffes crient et dansent (ou plutôt remuent leur fessier avec entrain). Dois-je vous stipuler que les serveurs ont pour mot d’ordre de ne pas laisser les verres vides ?
Le client nous remet à chacune un bracelet « VIP Pacha ». THE boîte de nuit du Maroc. Je ne comprends plus rien ! On ne va pas sortir aussi tard la veille d’un défilé, quand même ? Une des Françaises qui se trouvait à une autre table que nous s'approche et nous glisse discrètement quelques mots. Elle aurait du lourd à nous annoncer…
« A ma table, le jeune, c’est le fils… de Khadafi.
- Quoi, pardon ???
- Oui, c’est son anniversaire ! Il n’a jamais été question du Festival du cinéma, en fait ! Et à la table, je crois bien qu’il y a le ministre anglais du travail, l’ambassadeur d’Inde des UK… du beau monde quoi. »
On nous aurait donc menti ?
Le lendemain matin, le client nous informe que nous devons nous tenir prêtes pour 13h30 car nous allons déjeuner au Nikki Beah. C’est un endroit très « in » et classe, et surtout très m’as-tu vu.
Notre table est juste en diagonale de celle du fils du Président. Merde, il sourit. A qui ? Je suis myope mais j’ai l’impression qu’il a la tête tournée vers moi. Merde. Tournage de tête à l’opposé, oh tiens un autre grand palmier, dis donc !
La fin du repas est ponctuée de spectacles de danseuses du ventre… sans oublier le défilé, qui, en fait, consistait à slalomer entre les tables, à la tombée de la nuit, autrement dit on ne voyait que dalle. Bien entendu, nous n’avons pas défilé…
De retour à l'hôtel, la copine qui nous a foutu dans ce plan « escort » s’embrouille avec le client. Elle met bien les points sur les I avec lui : nous ne sommes pas escorts !
Il lui rétorque qu’il le sait et que l’on doit arrêter de dire ça ! Étrange, car ce matin même un des invités nous a remis sa carte de visite, manifestement intéressé par notre prestation de « plantes vertes »...
Ce soir, nous devons encore assister à un autre dîner. Je vous l’accorde, on passe notre temps à manger ! Dans le mini bus qui nous conduit à l’endroit surprise, les espagnoles fument du shit à gogo et nous crient de nous décoincer !
Nous arrivons devant un immense palace, passez-moi l’expression, mais une PUTAIN de baraque. Nous nous rendons à l'intérieur. Sympa cette ambiance Eyes Wide Shut !
Durant la soirée, une espagnole nous raconte ses déboires, elle semble très énervée. D’habitude, elle touche 2 000 dollars pour ce genre de soirée. Elle nous propose de lui donner nos emails en nous assurant qu’elle peut nous avoir des plans à ce prix-là sur Agadir. Euh, non merci...
C’est trop pour ce soir. On en a assez vu, on aimerait rentrer, il est 1h du mat, mais le client n’est pas de cet avis. Il nous ordonne de nous rendre dans un des salons privés pour nous reposer.
Nous avons finalement réussi à rentrer… Le lendemain, l’aventure culinaire continua.
A 22h, nous partons pour le restaurant, le meilleur et le plus cher de Marrakech. Dans le bus se joignent à nous 6 garçons français ! Des escorts boys ? NON ! Ce sont des danseurs breakeurs à qui on a dit qu’ils allaient danser sur une immense scène pour le Festival du cinéma. Résultat, ils se sont retrouvés sur une mini piste dans une soirée étrange...
On sympathise avec eux. Au resto, on se retrouve les 12 Français ensembles, isolés à une table, loin des autres. Nous sommes devenus les pestiférés de service. Bah ouais, disons les choses franchement : on ne nique pas ! Les danseurs nous posent alors plein de questions, du genre, pourquoi y’a-t-il autant de filles, que fait-on ici ? On leur explique toute l’histoire depuis le début et ils hallucinent…
Cette soirée fut la dernière. Nous avons regagné le territoire français le lendemain en pensant que l’on avait échappé à de sacrées emmerdes…
Pour conclure cette nouvelle expérience, professionnelle avant tout, je tiens à remercier ces filles qui m'ont appris le métier d'Escort lors de ce séjour, je leur dois tout... NON, MAIS JE DÉCONNE !!!!!!!!!!!!!!
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