Oups, pardon…
Je voulais taper "Se faire tirer du lit par un routier", mais mon clavier déconne. C'est déjà arrivé cet été lorsque j'écrivais cet article-là. Et du coup, je suis bien contente d'avoir acheté (mais pas encore reçu) un nouveau clavier, celui-là même dont au sujet duquel(1) je t'entretenais dans mon article de la semaine dernière, le bien-nommé "Le clavier bien tempéré".
Mais revenons-en à nos moutons, ou plutôt à mon routier.
Je voulais donc te causer du fait de se faire tirer du lit par un routier. Et non pas de se faire tirer par un routier.
Quoi, "Woâ, l'autre, c'est presque pareil…"
Meuh non, je m'offusque, pas du tout !
Certes, j'ai eu l'honneur de voir son gros engin dès le réveil, et de me prendre un coup de tagazou par la même occasion. Mais n'empêche que c'est pas la même chose… Que je t'explique…
L'autre jour, alors que j'étais encore douillettement lovée dans mon pucier, toute à mes rêves avec Hugh Grant (toujours), une délicate bulle de bave de crapaude gonflant et dégonflant à hauteur de mes lèvres incarnates au rythme de ma profonde respiration, quelque chose a commencé à me titiller dans mon sommeil.
Quelque chose qui se faisait de plus en plus insistant.
Quelque chose qui, au fur et à mesure de mon éveil, prenait de l'ampleur.
Quelque chose dont le volume augmentait régulièrement.
"Ômaillegode, mais c'est quoi, ce truc ???" me demandai-je en mon for intérieur.
Un klaxon.
Un putain de klaxon de merde !!!
Non mais on n'a pas idée de klaxonner comme ça à 7h30 du matin !!! Pour UNE fois que je pouvais dormir !!!
Je me dirige donc vers la fenêtre pour conchier (au sens propre, figuré et t'as trois gros mots pour le prix d'un) allègrement le malotru qui osait m'interrompre dans une partie de jambes en l'air avec Hugh Grant (toujours).
Et là, que vois-je ? Le gros engin d'un routier ! Mais pour de vrai, hein ! Et exceptionnel, l'engin, puisqu'il s'agissait d'un convoi du même nom, qui était bloqué dans la rue à cause de ma voiture pourtant pas grosse (elle) sagement et correctement garée en bas de chez moi.
Là, le monsieur dans le C15 orange ouvrant la route pour le convoi exceptionnel nous remarque, moi et ma gueule enfarinée, et me demande si je ne pourrais pas avancer ma bagnole car elle bloque tout le monde. Et là, effectivement, je remarque une file d'autos roulant au pas s'étirant à perte de vue.
Complètement tourneboulée et en pleine crise de culpabilité civile, je me précipite dans mes pantoufles, puis en bas de la maison, puis dans mon vieux gilet col camionneur (forcément…) qui me sert de robe de chambre, puis dans la rue pour aller bouger ma caisse (je commence à être en rade de synonymes de "voiture", je te prierais de bien vouloir pardonner mes répétitions).
Au passage, tout en pestant après les services municipaux comme quoi "c'est-des-cons-ils-auraient-pu-faire-comme-d'habitude-et-mettre-un-mot-dans-la-boite-aux-lettres-ces-feignants-de-fonctionnaires-territoriaux" (je te rappelle que je travaille pour l'Eduknat', alors rayon feignants, je m'y connais et pas qu'un peu) (et comme je fais partie de la maison, ben j'ai le droit de critiquer) (pouf pouf) (et non, ce n'est pas une double insulte misogyne, mais simplement un rire étouffé à la Desproges), j'oublie que la poignée de ma porte d'entrée est déboitée, et comme j'ouvre celle-ci prestement, la poignée s'envole pour se retrouver 5 mètres plus loin en contrebas dans la cour, en faisant en grand "jblang" au son mat et métallique.
Bref.
Je me dépêche d'aller dans la rue, monte dans ma calèche (ah ! encore un synonyme), fais un petit coucou gêné au conducteur du C15 orange et au routier, et avance ma tire (+1 syn.) plus avant dans la rue pour permettre au gros engin du routier de se frayer un chemin entre mes cuisses comme Hugh Grant (toujours) dans mon rêve (saloperie de clavier avec le bouton pour effacer qui marche plus !!!) (ça m'apprendra à écrire des conneries pour m'amuser toute seule…)
Heureuse comme Padeux (c'était qui, ce mec, au fait ?) d'avoir trouvé une place pas trop loin m'ayant permis de garer la carriole, je remonte alors tranquillement la rue pour retourner chez moi. Je m'apaise enfin. La rue est encombrée, mais ce n'est plus de ma faute, mais de celle des autres voitures garées plus loin.
Et là: "Oh – my – God !"
Je me rends compte que la rue est encombrée.
Et que dans les voitures à l'arrêt, il y a des gens.
Et que ces gens n'ont rien de mieux à faire en attendant de rouler que de regarder ce qui se passe dans la rue.
Rue où je marche, la gueule enfarinée et les cheveux hirsutes, en gilet pourri col camionneur bleu marine, sans soutien-gorge (moi, la bombasse aux pastèques (2) anéantie par les trouvailles sur l'apesanteur de ce con de Newton avec sa pastèque pomme), mes Charentaises marron aux pieds, et en pyjama Emmental.