Rien ne m'agace plus que les personnes, persuadées de détenir La réponse, et qui tentent par tous les moyens de te convaincre que leur point de vue est l'unique valable. Pour réveiller un débat un peu mou, réunir des citadins et des ruraux, lance une anodine phrase du type "non mais la vie à la ville, c'est de la folie", sers toi un verre de vin, et attends. Ça risque d'être houleux.
Dans le débat ville / campagne, je fais partie de ceux qui ont eu la chance de connaître les deux : une enfance à jouer au ballon dans la rue à la campagne et une adolescence dans le tumulte de la ville. Le "je monte à la capitale" a été dicté par un non-choix. Si je voulais entrer dans l'école désirée, je devais passer par la case parisienne.
Bon gré mal gré, j'ai quitté ma garrigue et les balades qui sentent la lavande et le thym, pour affronter le métro et la pollution. Aujourd'hui, à regarder en arrière, je ne regrette absolument pas ce déménagement, et il serait bien difficile de me faire quitter le béton pour les vertes prairies.
J'entends mes amis provinciaux qui hurlent au scandale quand il faut 45 minutes pour faire 5 kilomètres, tourner 15 minutes pour trouver une place, payer 30 euros pour quelques heures de parking ou quand ils réalisent le prix des loyers comme celui du picon-bière. J'entends.
Mais cela ne suffit pas à me convaincre des inconvénients de Ma ville. Comme ça pêle-mêle, la grande ville possède des avantages non négligeables pour moi :
- des magasins : boulangerie, supérette, caviste, primeur, librairie... ouverts.
- des musées et des expositions. Plein. Partout. Pour toutes les envies. Tout le temps.
- des cinémas. A quelques minutes à pieds ou quelques stations de métro. Qui passent autre chose que les nouveautés blockbusters.
- des restaurants et des bars. Pour tout type d'envie, à n'importe quel moment.
- des magasins (encore). De vêtements, de chaussures, d'accessoires, de tout, de rien.
La ville m'offre le choix, tout simplement. Celui de faire comme de ne rien faire. Et je trouve ça précieux. Plus précieux que voir un bout d'océan quand j'ouvre ma fenêtre (l'océan c'est surfait).
Bien entendu, je ne sors pas tous les soirs, je profite de mon appartement hors de prix en me calant dans mon canapé devant un plateau-télé acheté chez le traiteur italien en bas de chez moi. Ou je passe à la bibliothèque emprunter un livre sur le chemin de la maison pour lire au coin de ma cheminée. Ou je fais un saut chez mon caviste à 20h30 avant de me rendre à un dîner chez des amis.
Certes, je n'ai pas de potager. Ça tombe bien, je n'aime pas jardiner.
Certes, j'ai une vie un peu plus chronométrée. Ça tombe bien, je ne suis pas patiente.
Certes, je vis dans 80m2 quand je pourrais avoir une maison de 140m2. Ça tombe bien, habiter dans une maison m'angoisse.
Alors oui, il me faut affronter les autres : les touristes, les Parisiens (se décline aussi avec les Marseillais, les Lillois, les Lyonnais, etc.) et ce n'est pas une mince affaire. Certains diront que je paie cher (au propre comme au figuré) le prix de cette apparente liberté.
Peut-être. Toutefois, tout cela me convient. Je connais les avantages comme les inconvénients de cette vie citadine, et, je persiste et signe. J'aime aller à la campagne, de temps en temps, et jamais trop longtemps.
Eh bien heureusement que chacun a des besoins différents, sinon nos villes seraient surpeuplées ou nos campagnes devenues des villes. Chacun trouve son bonheur, qu'il soit dans un lopin de terre, une place de village, un immeuble haussmannien ou une tour ultra moderne.
Alors, arrêtez d'essayer de vouloir me persuader que la campagne est meilleure que la ville, je suis très bien là où je suis !